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Étude du roman Bel-Ami de Guy de Maupassant

Commentaire de texte : Étude du roman Bel-Ami de Guy de Maupassant. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  16 Janvier 2013  •  Commentaire de texte  •  1 711 Mots (7 Pages)  •  945 Vues

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Dans son roman Bel-Ami, paru en feuilleton en 1885, Maupassant montre l’ascension sociale de son héros, Georges Duroy, dans le milieu social du journalisme politique, grâce à l’appui des femmes qu’il séduit. 

La rencontre de son ancien camarade, Forestier, présentée dans le premier chapitre, a été bénéfique à Georges Duroy, qui n’avait alors que trois francs quarante en poche. Présenté à M. Walter, le directeur de la Vie française, il fait ses débuts avec une série d’articles sur l’Algérie, qu’il ne réussit à écrire qu’avec l’aide de Madeleine Forestien. Mais cette position de reporter pour la rubriques des “Echos” ne lui apporte pas la fortune dont il rêve et dont il a besoin pour sa liaison avec Mme. de Marelle, séduite très rapidement et qui désire sortir, s’amuser. Un soir, elle lui glisse un louis d’or dans la poche, ce qui déclenche sa colère. Mais la page qui précède l’extrait nous montre qu’il finit par utiliser cet argent pour manger, sans avoir avec elle la moindre explication, contrairement à sa décision initiale.

 En quoi ce passage met-il en place l’engrenage qui va faire de Duroy un homme habitué à se laisser entretenir par sa maîtresse ? Pour répondre à cette problématique, l’analyse suivra la chronologie du texte, c’est-à-dire la progression du deuxième louis d’or au troisième, jusqu’aux deux derniers paragraphes qui achèvent ce portrait de Duroy. Dans leur brièveté, les paragraphes s’enchaînent, en effet,  comme pour reproduire la rapidité de l’évolution du héros.

LE DEUXIEME LOUIS D’OR

   L’ouverture de l’extrait nous semble un retour en arrière, au moment de l’incipit, alors que Duroy se livrait à des comptes sordides pour vivre trois jours avec 3 francs 40. Il n’est, en effet, guère plus riche à présent (cf. p. 137) avec “les quatre pièces de monnaie qui devaient lui rester”. Maupassant met ainsi en valeur le cadeau du deuxième louis d’”or”, terme sur lequel se ferme le premier paragraphe.

Face à ce nouveau cadeau, nous observons une réaction double.

        Le premier mouvement du héros correspond à celui que nous attendons d’un homme qui se sent blessé dans sa dignité : il ressent “l’humiliation de cette aumône”, se trouvant ainsi transformé en une sorte de mendiant. Sa honte est bien une marque d’orgueil, car il se retrouve dans une situation assez voisine de celle d’une prostituée dont on paie les services, comme en écho au louis d’or donné en paiement à Rachel à la fin du premier chapitre. Le discours indirect libre, accentue, avec la modalité exclamative, cette gêne : “Comme il regretta de n’avoir rien dit ! S’il avait parlé avec énergie, cela ne serait point arrivé.” Mais une ambiguïté subsiste : sa gêne vient-elle de cet argent reçu, ou d’un regret de ne pas avoir su s’affirmer face à une femme plus riche que lui ?

En tout cas, l’action qu’il entreprend, dans le paragraphe suivant, vise à retrouver son honneur, en empruntant “cinq louis” pour rembourser Clotilde et garder de quoi continuer à payer ses sorties. Mais ce court paragraphe est fondé sur une opposition entre le souhait, “des démarches et des efforts aussi nombreux qu’inutiles”, avec un lexique qui les amplifie, et la réalité qu’exprime la seconde proposition de cette phrase : “et il mangea le second de Clotilde”. La conjonction “et” traduit cette contradiction, en marquant à la fois la conséquence et l’échec et le choix du verbe “manger” résume d’ailleurs bien la situation : il a dépensé ce louis d’or pour manger.

=== C’est donc la nécessité de survivre qui l’emporte sur le sens de l’honneur, puisque la part animale de l’homme finit par primer sur sa conscience morale. 

LE TROISIEME LOUIS D’OR

      Un seul paragraphe évoque le troisième cadeau, mais en une phrase complexe qui introduit un contraste entre le discours de Duroy et le geste de Clotilde.

      Maupassant insère un discours rapporté direct, une phrase de colère puisqu’il précise “d’un air furieux”. Mais nous pouvons nous interroger sur l’”énergie” de ce discours… L’amorce, “Tu sais”, paraît bien aimable, et la formule par laquelle il désigne ce qui était précédemment qualifié d’”aumône”, “la plaisanterie des autres soirs”, forme une périphrase qui atténue l’acte en lui-même. De plus, en utilisant le conditionnel pour la menace, “parce que je me fâcherais”, au lieu du futur logiquement attendu, la repousse dans un temps hypothétique. Enfin la place même de cette colère souligne le manque de conviction du héros, puisqu’elle se retrouve placée entre deux tirets, à la façon d’une parenthèse accessoire.

 Ainsi le nouveau cadeau de Clotilde ouvre le paragraphe (“Elle retrouva moyen”) et le ferme. Elle brave donc délibérément cette menace, en étant parfaitement consciente de ce que son geste a de déshonorant, puisqu’elle l’effectue subrepticement (“glisser encore vingt francs dans la poche de son pantalon”), mais comme si elle était tout aussi certaine de ne courir aucun risque. N’a-t-elle pas eu le temps de mesurer ce qu’était réellement “Bel-Ami” ?

De même, les réactions du héros sont contradictoires. Le juron, grossier, correspond certes à de la colère. Mais pour quelle raison ? Est-ce cette forme de pourboire qui le révolte… ou, plutôt, le fait de ne pas être parvenu à se faire obéir d’une femme ? De plus, cette colère n’est que verbale, puisque Maupassant, à nouveau grâce à la conjonction “et”, décrit un geste totalement opposé : “et il les transporta

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