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Étude du poème Au lecteur de Charles Baudelaire

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Par   •  16 Mai 2015  •  Commentaire de texte  •  1 468 Mots (6 Pages)  •  1 440 Vues

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Séquence 5 : la poésie. Premières

Baudelaire – les Fleurs du Mal – texte nº1 – « Au Lecteur »

∗ ∗∗ ∗ Le Spleen baudelairien (définit à partir des quatre poèmes intitulés « Spleen » dans la section « Spleen et Idéal » des Fleurs du mal poèmes LXXV à LXXIX) (NB : il manque ici le premier)

J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans. Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans, De vers, de billets doux, de procès, de romances, Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances, 5 Cache moins de secrets que mon triste cerveau. C'est une pyramide, un immense caveau, Qui contient plus de morts que la fosse commune. - Je suis un cimetière abhorré de la lune, Où comme des remords se traînent de longs vers 10 Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers. Je suis un vieux boudoir1 plein de roses fanées, Où gît tout un fouillis de modes2 surannées, Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher3, Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché.

15 Rien n'égale en longueur les boiteuses journées, Quand sous les lourds flocons des neigeuses années L'ennui, fruit de la morne incuriosité, Prend les proportions de l'immortalité. - Désormais tu n'es plus, ô matière vivante ! 20 Qu'un granit entouré d'une vague épouvante, Assoupi dans le fond d'un Sahara brumeux; Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux, Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couche.

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Je suis comme le roi d'un pays pluvieux, Riche, mais impuissant, jeune et pourtant très vieux, Qui, de ses précepteurs méprisant les courbettes, S'ennuie avec ses chiens comme avec d'autres bêtes. Rien ne peut l'égayer, ni gibier, ni faucon, Ni son peuple mourant en face du balcon. Du bouffon favori la grotesque ballade Ne distrait plus le front de ce cruel malade ; Son lit fleurdelisé se transforme en tombeau, Et les dames d'atour, pour qui tout prince est beau, Ne savent plus trouver d'impudique toilette Pour tirer un souris de ce jeune squelette. Le savant qui lui fait de l'or n'a jamais pu De son être extirper l'élément corrompu, Et dans ces bains de sang qui des Romains nous viennent, Et dont sur leurs vieux jours les puissants se souviennent, Il n'a su réchauffer ce cadavre hébété

1 Petit salon de dame 2 Parures. 3 Peintre galant du XVIIIe siècle.

Où coule au lieu de sang l'eau verte du Léthé. Pluviôse, irrité contre la ville entière, De son urne à grands flots verse un froid ténébreux Aux pâles habitants du voisin cimetière Et la mortalité sur les faubourgs brumeux.

Mon chat sur le carreau cherchant une litière Agite sans repos son corps maigre et galeux ; L'âme d'un vieux poète erre dans la gouttière Avec la triste voix d'un fantôme frileux.

Le bourdon se lamente, et la bûche enfumée Accompagne en fausset la pendule enrhumée, Cependant qu'en un jeu plein de sales parfums,

Héritage fatal d'une vieille hydropique, Le beau valet de coeur et la dame de pique Causent sinistrement de leurs amours défunts.

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Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l'horizon embrassant tout le cercle Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l'Espérance, comme une chauve-souris, S'en va battant les murs de son aile timide Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées D'une vaste prison imite les barreaux, Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

Des cloches tout à coup

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