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Étude du drame Caligula d'Albert Camus: scène 11

Commentaire de texte : Étude du drame Caligula d'Albert Camus: scène 11. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Février 2013  •  Commentaire de texte  •  490 Mots (2 Pages)  •  1 269 Vues

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La scène 11 parachève l'exposition, en ajoutant une dimension nouvelle au personnage : à l'exposé d'une logique implacable succède la confession d'un désespoir existentiel, maladie non seulement de l'âme, mais du corps. Il y a un étrange divorce entre la clarté, l'éclat insoutenable de la lucidité, dont Caligula vient de découvrir quelle arme elle pouvait être, et la souffrance physique qui l'habite, innommable ("je sens monter en moi des êtres sans nom"), obscure ("pour que tout redevienne noir"), impossible à définir ( "ni sang, ni mort, ni fièvre, mais tout cela à la fois", "ce goût. dans la bouche") et surtout impossible à contrôler. L'empereur au pouvoir absolu, dont la liberté est sans frontières, est la proie d'une douleur dont il est d'autant moins le maître qu'elle est diffuse dans tout son corps et ne lui permet aucun repos : faut-il y voir les symptômes cliniques de la "folie" ? En tout cas, le corps apporte un démenti à l'affirmation du pouvoir sur les autres et sur soi-même, ce qui se traduira dans les gestes, les attitudes, le ton de Caligula. En face de lui, Caesonia, pendant une partie de la scène, semble rejoindre le chœur des patriciens et la plaidoierie de Chéréa "pour ce monde si l'on veut y vivre". Elle retrouve même les formules traditionnelles des chœurs des tragédies antiques, mettant en garde contre l'ubris et l'oubli des limites raisonnables de la condition humaine : "c'est vouloir s'égaler aux dieux. Je ne connais pas de pire folie". Mais elle ne tient pas longtemps ce rôle devant les appels (ou les ordres) de Caligula : "Tu m'obéiras. Tu m'aideras toujours. Jure de m'aider"; elle ne sera plus désormais que la complice "cruelle", "implacable", mais aussi "égarée" et remplie "d'effroi". Il faut souligner aussi dans la fin de cette scène, la remarquable théâtralisation de l'anecdote du procès rapportée par Suétone : "Un jour, il fit tuer tous les inculpés, témoins, avocats d'un procès en criant : Ils sont tous aussi coupables". Caligula a déjà affirmé cette culpabilité collective ; ici, il la met en scène, montrant combien son projet nécessite la théâtralité. Il réclame l'entrée des "coupables", des "condamnés à mort", autrement dit, de tous les hommes, mais il réclame aussi son public. Cette abolition de la distance entre la scène et la salle met le spectateur de Caligula, à chaque représentation, en situation d'acteur, et ainsi l'implique dans le procès général intenté à la condition humaine. Un propos de Jacques Copeau à propos du Paradoxe sur le comédien de Diderot n'a peut-être pas échappé à Camus : "Voilà cet homme exposé sur le théâtre, offert en spectacle, mis en jugement. Il entre dans un autre monde. Il en assume la responsabilité. Il lui sacrifie tout un monde réel." Au-delà du simple rapprochement suggestif des termes, n'oublions pas que, désormais, Caligula, ne se contentera pas de distribuer les rôles autour de lui dans les mises en scène qu'il ne cesser

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