Étude du Discours Sur L'origine Et Les Fondements De L'inégalité parmi les hommes de Rousseau

Explication de texte

Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes

Pages 121 à 124

Dans ce qui fait office de conclusion de son Discours, Rousseau donne le résumé de son texte qui doit étudier l'origine de l'Inégalité. Ici, il reprend ses arguments développés plus tôt. Il souligne qu'il lui manque du temps pour en aborder de nouveaux, il lui faut parer au plus pressé. Mais en tant que conclusion du Discours, ce texte revêt une forte importance. En effet, il montre bien la relation qu'entretient Rousseau avec son texte ainsi qu'avec une Société qu'il préfère éviter car elle ne le comprend pas. On pourra donc voir que cet extrait symbolise en quelque sorte, non seulement la théorie de Rousseau, mais surtout la manière dont il l'aborde. Tout d'abord, nous pourrons voir que ce texte a une certaine valeur politique. Ensuite, il s'agira d'étudier le processus logique mis en place par l'auteur afin de convaincre le lecteur. Enfin, Rousseau, à travers cette conclusion, montre bien sa relation étroite avec son texte, Jean-Louis Lecercle disait que "l'homme naturel c'est d'abord Jean-Jacques Rousseau".

I-Une critique de la société: un texte politique?

1-La Société de l'apparence

Rousseau veut résumer les causes de cette inégalité puisque telle est la question qui lui est posée par l'Académie

→ inversion du processus logique dans le texte : d'abord les faits provoqués par l'Inégalité (révolte des Peuples après le Despotisme) page 121, puis le statut des hommes, avec la différence marquée entre homme Naturel et homme Civil (page 122) et enfin les raisons de cette Inégalité : l'attitude de chaque homme vis-à-vis de son prochain

et donc cette cause qu'évoque Rousseau, c'est le règne de l'apparence qui caractérise la Société actuelle

"le Sauvage vit en lui-même, l'homme sociable toujours hors de lui ne sait vivre que dans l'opinion des autres" page 123 → tout n'est alors que "factice et joué" (page 123)

idée de la vacuité de l'homme sociable → tout est fait pour la relation à l'autre → page 123 confusion entre le vice et la vertu

alors que le Sauvage "ne respire que le repos et la liberté", le Civil, quant à lui, "toujours actif, sue, s'agite, se tourmente sans cesse" page 122

→ mythe du Bon Sauvage face à l'homme Civil corrompu

enfin, cette apparence permet le fait que l'Inégalité que Rousseau appelle "morale" ne soit pas identique à l'Identité physique → elle ne repose que sur le fait que l'homme Civil vit en fonction des autres → facticité de sa personne, les statuts sont faussés : on peut prendre le pouvoir par la simple apparence de puissance → page 124 "un enfant commande à un vieillard"

2-La loi du plus fort : légitimité de l'intervention du peuple → anticipation sur la révolution?

Cela conduit donc au fait que l'état civil rejoint l'état de nature en ceci que règne dans les deux cas la Loi du plus Fort

la force maintient le Maître d'une Société alors que l'homme Sauvage est libre, comme le montre l'exemple du Caraïbe

ici, Rousseau prend une certaine forme d'engagement à l'instar des autres philosophes des Lumières

il anticipe finalement la Révolution page 121 "l'émeute qui finit par étrangler ou détrôner un Sultan est un acte aussi juridique …" → justification aussi de cette révolution : le peuple fait usage de la force pour déloger le despote lorsque celui-ci ne la contrôle plus cette force

on notera l'utilisation de "Sultan" qui rapporte à un ailleurs pourtant → mais un ailleurs universaliste peut-être → loi qui vaut pour tous sur Terre

II-Une réflexion sur l'état de Nature

1-Le cercle de l'écriture

cercle dont parle Rousseau: il s'agit de clore une démonstration importante "le point extrême qui ferme le cercle" (page 121)→ passage-clé du Discours puisqu'il se présente comme une conclusion → fin logique d'un développement dont la cohérence est ainsi prouvée

cercle renvoyé par par la succession des phrases sans véritable connecteur : elles s'enchainent pourtant très logiquement → le début de l'extrait le marque plus particulièrement avec des débuts de phrases par "C'est..." ou "Il..." ou "Le..." → une chose après l'autre

malgré cette absence de connecteurs logique, le récit paraît extrêmement structuré

dans la répétition de certains termes qui servent de liaisons entre deux phrases ou segments de phrases → on retrouve cette idée de répétition de l'histoire, de cercle

→ anadiploses page 121 "les Sujets n'ayant plus d'autre Loi que la volonté du Maître, ni le Maître d'autres règles que ses passions"

→ de même avec "état de Nature" et "Despote"/"Despotisme"

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