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Étude de la scène finale du roman l'Etranger d'Albert Camus

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Par   •  22 Septembre 2014  •  2 210 Mots (9 Pages)  •  1 834 Vues

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L’Etranger, Albert Camus - Epilogue

Scène finale de l’Etranger. Roman qui retrace une partie de la vie de Meursault, personnage-narrateur, qui raconte sa vie au jour le jour. Un jeu de circonstances l’amène à tuer un arabe, et il est condamné à mort. Peu de temps avant l’exécution, un aumônier pénètre dans sa cellule et tente de le réconforter et de lui faire accepter Dieu et la repentance. Mais ses paroles de douceur et d’espoir mettent Meursault hors de lui. Après une longue et terrible révolte, Meursault a une révélation qui lui permet enfin de trouver le bonheur.

Nous tenterons donc de voir comment, en découvrant dans ce monologue tragique toute l’absurdité de la condition humaine, Meursault parvient-il à la paix et à l’acceptation de soi.

I. Un monologue tragique.

A. Une construction très rigoureuse

- Construction en deux partie, très nettement séparées dans l’extrait : « alors, … » et « lui parti, j’ai retrouvé mon calme »

- S’articulent autour de la présence et de l’absence de l’aumônier. C’est l’opposition entre l’homme confronté à autrui, et l’homme seul avec lui-même.

- Deux narrations très différentes. Première partie : Discours indirect libre (noter les passages évidents). Fait entendre la voix même de Meursault, rend la révolte encore plus vivante, plus violente. Permet de voir à quel point il s’en prend à l’aumônier + oralité du discours presque théâtrale ici. Effet de réel très net avec l’interruption de la dernière phrase, qui mime l’étouffement ressenti.

- De la révolte à la paix. Chacune des deux parties s’articule autour de ces deux thèmes : noter les deux champs lexicaux très présents.

B. Une véritable catharsis

- La présence de cette révolte, la présence si nette du tragique évoque évidemment le schéma cathartique.

- Présence du tragique : solitude du héros, face à l’aumônier qui représente « tous les autres ». A la fois dans le DIL et dans le monologue intérieur. Mention de la mort, du destin. Martèle sans arrêt le « je » de la P1.

- La révolte intérieure propre à la catharsis : « crier à plein gosier », « déversais sur lui tout le fond de mon cœur », « bondissements mêlés de joie et de colère », « j’étouffais en criant ceci ». Véritable purgation des passions. Voir la réaction du prêtre : « les yeux plein de larmes ».

- La preuve : le second moment de l’extrait correspond à un calme, une forme de dépassement de soi-même, ou encore l’accès au sublime : « j’ai retrouvé le calme », « épuisé », « merveilleuse paix », « pour la première fois depuis longtemps », etc.

C. Vers la nécessaire acceptation de soi

- C’est par ce mouvement en deux parties qui ressemble fort à la terreur et à la pitié de la catharsis antique que Meursault peut s’affirmer comme homme.

- Première partie montre déjà cette affirmation de soi dans la violence : « Moi, j’avais l’air », « Mais j’étais sûr de moi », « Oui, je n’avais que cela », etc. relever la très forte présence de la première personne, la construction parallélique des phrase et l’opposition aux autres qui n’apparaissent que comme des figurants.

- Dans la deuxième partie, c’est l’acceptation : « Et moi aussi, je me suis senti prêt à tout revivre. Comme si cette grande colère m’avait purgé du mal ». On relève le verbe « purger » qui rappelle bien la purgation cathartique, et la notion du « mal » bien sûr. Libéré de ces mauvaises passions, Meursault est enfin libre : « je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde », « j’ai senti que j’avais été heureux et que je l’étais encore.

- Meursault peut enfin, comme tout héros tragique, accéder au sublime par la mort.

II. L’absurde paradoxe de la condition humaine.

A. La disparition de la linéarité du temps

- Tout au long du roman, nous avons vu que Meursault était sans arrêt prisonnier d’un temps isolant : son champs d’action et de pensées semble se limiter au temps présent et au passé ou futur très proche.

- Dans la première partie de notre extrait, la temporalité semble particulièrement importante : « J’avais eu raison, j’avais encore raison, j’avais toujours raison. J’avais vécu de telle façon et j’aurai pu vivre de telle autre. J’avais fait ceci et je n’avais pas fait cela ». L’utilisation du plus-que-parfait, de différents futurs, est ici novatrice. Pour la première fois, le narrateur envisage sa vie dans un champs temporel beaucoup plus large, et pire encore, n’hésite pas à imaginer un nouveau futur : « J’aurai pu vivre », ou encore « du fond de mon avenir… les années pas plus réelle que je vivais ». C’est éminemment paradoxal, étant donné que seules quelques heures le séparent de son exécution ! Or, au moment de mourir, sa vie prend une importance dans le temps encore inédite, voire même fantastique : voir image du « souffle obscur » qui « remonte » du futur.

- Il semble que les trois temporalités se mélangent alors, se confondent dans un instant présent qui abolit toute idée scientifique du passé et de l’avenir.

- Rien d’étonnant qu’il se sente « prêt à tout revivre » : il en a la possibilité, dans ce nouvel étirement infini du temps.

B. La fin des certitudes

- Si le temps perd ses repères habituels, c’est également le cas de tout ce qui fait le monde sensible.

- Plus aucune vérité ne semble acceptable, plus aucune certitude : « il avait l’air si certain, n’est-ce pas ? Pourtant, aucune de ses certitudes ne valait un cheveu de femme ». Renouvellement intéressant de la comparaison : il ajoute « de femme », comme pour donner plus d’importance à la femme, celle dont il rêve, celle qu’il a trouvé dans Marie ? Rend plus humaine cette comparaison.

- « il n’était pas sûr d’être en vie puisqu’il vivait comme un mort ». Derrière l’évidente critique des dogmes religieux et particulièrement catholiques, on a aussi la perte de cette

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