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Étude de l'incipit du roman Bel-Ami de Guy de Maupassant

Compte Rendu : Étude de l'incipit du roman Bel-Ami de Guy de Maupassant. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Octobre 2013  •  1 676 Mots (7 Pages)  •  1 368 Vues

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C’est en 1885, que Maupassant fait paraître Bel Ami. Ce roman d’apprentissage qui raconte l’ascension sociale fulgurante d’un certains Georges Duroy, ancien militaire, devenu journaliste, rencontre aussitôt un grand succès commerciale. L’œuvre dérange pourtant dans le milieu du journaliste dont Maupassant est issu. Aventurier, ambitieux, sans scrupule, Georges Duroy réussi grâce à ses conquêtes féminines et non par mérite personnel. Dès le début du récit, les thèmes dominants sont posé : les femmes, l’argent, l’ambition. Nous montrerons d’abord les aspects traditionnels d’un incipit conforme à la tradition naturaliste. Nous montrerons ensuite l’originalité du passage.

Le roman s’ouvre en pleine action, qui est plutôt une réaction, une caissière rend la monnaie. Nous sommes ainsi plongés dans une scène de la vie quotidienne très ordinaire. Nous pouvons deviner ce qui vient de se passer et ce qui va arriver. Le héros va tout simplement sortir d’un restaurant où il vient de dîner. Qui ? Là encore, le narrateur néglige de donner une présentation complète et hiérarchisé des personnages. Il fait d’abord apparaitre un personnage secondaire, la « caissière » qui grâce à l’article défini semble déjà connu de nous. Ensuite seulement apparaît à la ligne 2, Georges Duroy, héros probable. On remarque que le narrateur omniscient prend la peine de le nommer comme pour suggérer son importance. Où ? L’impression de déjà-vu est renforcée par les déterminants, on trouve des articles définis, exemple « du restaurant », « le boulevard », un article démonstratif, « cet gargote ». Le nom de la capitale, paris, n’apparaît qu’en fin de texte à la ligne 42. Quand ? Aucune indication précise n’apparaît, seul une date incomplète est mentionnée, le 28 juin, qui vient expliquer la chaleur torride des rues et l’attitude suffisamment relâchée des personnages qui permet de mieux révéler leur caractères. On voit donc que cet incipit n’a pas pour but de nous informer mais de faciliter notre lecture en l’accélérant.

Les romanciers naturalistes sont des scientifiques à leurs manières comme les biologistes auxquels ils empruntent leurs noms mais ne s’intéressent exclusivement à l’espèce humaine. Ils considèrent qu’un être humain est soumis à deux influences distinctes : celle de l’hérédité et celle du milieu social où l’on vit. Cette théorie, appelé évolutionnisme, leur viens de Charles Darwin, est illustré ici à travers le personnage de Georges Duroy, qui semble très intéressé par son milieu d’origine, l’armée. On nous dit qu’il « friss[e] sa moustache d’un geste militaire » (l.4), qu’il « marche la poitrine bombée et les jambes entrouvertes » (l.26) comme s’il venait de descendre de son cheval. Son corps, ses gestes et même son caractère conquérant sont ceux de tous les militaires et pas d’un individu en particulier. Les chiffres sont très présents, évoquant la difficulté à se réinsérer dans la société civile, de même que les allusions aux désœuvrements, fait de n’avoir rien à faire, Georges Duroy est probablement sans emploi. L’observation naturaliste s’étend aux autres personnages, le narrateur omniscient identifie précisément les catégories socio-professionnelles qui forment la clientèle de ce restaurant bon marché. On y trouve des ouvrières, une maîtresse de musiques, mais aussi des bourgeois qu’il fréquente par nécessité ou par économie comme le suggère l’expression péjorative et méprisante « cet gargote » (l.12). On voit ici cette méthode naturaliste : expliquer la psychologie par l’appartenance sociale ou par le milieu où l’on vit.

Ce n’est pas par hasard si c’est au sortir d’un restaurant que Maupassant nous présente son personnage principal. Pour les romanciers naturalismes, la nature humaine est très proche de la nature animale et de ses besoins ou pulsions. Ici la première préoccupation de Georges Duroy est de manger comme l’indique le vocabulaire de la nourriture « pain, saucisson, bocks » (l.21) mais encore le chiasme « deux dîners sans déjeuners ou deux déjeuners sans dîners » (l.16) qui montre un personnage affamé. Le discours intérieur du quatrième paragraphe qui nous est présenté aux discours indirect nous révèle d’ailleurs que tout l’argent du jeune homme est destiné à cette nécessité première si difficile à satisfaire qu’elle devient paradoxalement un luxe, voir les paradoxes des lignes 22, 23 : « sa grande dépense, son grand plaisir » sont des repas frugaux, des collations au pain et au saucisson. Dans le même temps, une autre faim obsède le personnage comme le montre une allusion aux désirs d’une rencontre. On devine que Georges Duroy est d’abord un prédateur qu’un séducteur comme le suggère la comparaison ligne 17 : « comme le coup d’épervier ». il est pourtant capable de refreiner ses appétits quelle qu’elles soient. C’est ce qu’indique le vocabulaire méprisant utilisé pour décrire une femme qu’il juge indigne de lui (l.10), la maitresse de musique est mal peignée, remarque-t-il. Même remarque plus loin dans le texte,

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