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Étude de l'excipit du roman Le Rouge Et Le Noir de Stendhal

Note de Recherches : Étude de l'excipit du roman Le Rouge Et Le Noir de Stendhal. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  3 Juin 2014  •  2 461 Mots (10 Pages)  •  1 924 Vues

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I. La mort du héros

1) Le récit sobre, sans pathos, d’une « mort heureuse »

· Mort de Julien traitée très rapidement, sans aucune précision réaliste ni aucun pathos. L’événement est raconté depuis la conscience de Julien dans tout le début de l’extrait (l.1/25), avec des interventions très sobre du narrateur, puis par le regard de Fouqué, l’un des seuls personnages sincères du roman, avant un retour au narrateur extérieur (l.37/50)

· Le moment même de l’exécution est particulièrement elliptique dans sa narration, au point que l’on peut se demander s’il s’agit bien du récit du moment fatal. Cf. l.7 : « Tout se passa simplement, convenablement, et de sa part sans aucune affectation » : phrase simple, presque poétique en raison du rythme d’alexandrin ; les deux adverbes sont inattendus vus la violence et le tragique de la situation.

· De façon plus étonnante encore, la mort est présentée par Julien comme une délivrance (cf. adj. « insupportable » l.1) et un moment heureux (relever le champ lexical du bonheur dans le premier paragraphe, les comparaisons l.3, les euphémismes l.2, l.20, l.31.

2) Un personnage courageux, lucide et poétique

· Image très positive du héros dans ce passage, aussi bien à travers ce qu’en dit le narrateur (« courage », « poétique », « convenablement ») qu’à travers les paroles de Julien commentant sa propre mort à l’avance et après-coup par l’analepse. On y retrouve l’une des qualités principales de Julien, le courage, mais traitée ici sans ironie (contrairement à certains passages où il se donne du courage pour aller conquérir ses belles par exemple !) (l.2 « Julien était en veine de courage », l.4 « je ne manque point de courage », l.11 « mais de la peur, non on ne me verra point pâlir »).

· Le recours au discours direct (clair ici, avec tirets) permet aussi de mettre en valeur la lucidité du personnage, qui fait ici l’analyse de ses qualités et de ses limites (l.10/11) ; Julien n’essaie plus de se faire passer pour ce qu’il n’est pas, et il porte un regard clairvoyant sur son passé et son évolution : l.22 « l’ambition a enflammé mon cœur : alors c’était ma passion… »

· Julien accède même au statut de héros romantique par excellence (hyperbole et métonymie psq ironique l.5 « Jamais cette tête… tomber »)

3) La fin d’un roman d’apprentissage : « l’élévation » finale

· Dans cette dernière page du roman, nous nous trouvons face au héros d’un roman d’éducation, au terme de son apprentissage, devenu un homme clair avec lui-même, capable de prendre des décisions justes et de les « imposer » à son ami Fouqué (voir l’impératif l.14 « Emmène-les ») ou à Mme de R. (voir le vb l.17 « Julien avait exigé de Mme de R… »). L’une de ses dernières demandes est d’être enterré dans cette fameuse grotte surplombant Verrières (cf. I, 10 par ex).

· Ce choix de la grotte est symbolique à deux niveaux : elle signe d’abord le retour de Julien dans cette ville qu’il abhorre au début du roman (cf. le retour en grâce par l‘amour de Mme de R.) ; d’autre part, sa position dominante en fait un lieu symbolique par son romantisme et par sa situation élevée qui coupe le personnage de l’agitation du monde. Cette notion d’élévation est clairement soulignée à plusieurs reprises dans le texte (l.19/20, l.20, l.23/24, l.40).

Transition : ce lieu a été celui du bonheur pour Julien ; il reflète sa personnalité, et son désir d’être séparé des intérêts médiocres qui agitent les hommes, pour retrouver son exigence d’idéal, sa vue « plongeant au loin ». Il est d’ailleurs significatif que le récit se close sur les trois seuls personnages réellement proches de Julien, effaçant le reste de tous les protagonistes ayant traversé le roman.

II. Une clôture sur trois personnages inattendus

Alors qu’on pourrait s’attendre à ce que le récit s’achève sur la mort du héros, le narrateur choisit de raconter aussi ses funérailles ; c’est l’occasion de mettre sur le devant de la scène, et pour la dernière fois, les trois personnages les plus proches de Julien, Fouqué, Mathilde et Mme de Rênal.

1) La sincérité de Fouqué

Fouqué joue un rôle très important dans cette dernière page. Toute une partie du récit se fait à travers son point de vue, et il est le destinataire des dernières paroles de Julien. C’est son dernier confident.

· Fouqué représente en quelque sorte ce qu’aurait pu être Julien s’il avait renoncé à ses rêves d’ambition : de la même origine sociale que le héros, lui a choisi la voie de la médiocrité raisonnable en se faisant marchand de bois et a même proposé à son ami de devenir son associé (I, XII). Par sa laideur, sa sincérité et « beaucoup de bonhomie cachée sous cet aspect repoussant », il apparaît comme l’opposé de Julien, mais c’est son seul ami, fidèle en toutes occasions, sans aucune arrière-pensée.

· Stendhal lui a confié, dans cette dernière page, un rôle étonnamment important : il devient l’unique confident, l’« exécuteur testamentaire » à qui Julien confie sa propre dépouille et le soin des deux femmes, le seul à veiller le corps. Son statut de personnage secondaire fait cependant que le narrateur ne rapporte pas ses paroles, seules celles de Julien nous sont connues.

· Il a même droit, dans la seconde partie, au statut de personnage doté d’une focalisation interne : c’est, en effet, à travers son point de vue que l’on suit le comportement de Mathilde – cf. « il vit », « détourna les yeux », « Il entendit », « eut la force de la regarder ». Enfin, il est présent dans les dernières lignes, au même titre que les deux héroïnes. On peut penser qu’en donnant une telle place à ce personnage vraiment secondaire, Stendhal a voulu confirmer la « conversion » qu’a connue Julien dans sa prison : avec Fouqué, c’est la simplicité et la bonté qui l’emportent ; sa présence auprès de Julien montre que celui-ci a définitivement renoncé à l’ambition, l’hypocrisie, la sécheresse de cœur, pour privilégier la vérité et la sincérité des rapports humains.

· Fouqué, c’est aussi l’émotion vraie, sans théâtralité (contrairement à Mathilde) : il passe la nuit « seul dans sa chambre, auprès du corps de son

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