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Étude de l'Excipit du conte Candide de Voltaire

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Par   •  30 Avril 2013  •  2 388 Mots (10 Pages)  •  772 Vues

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Excipit de Candide de Voltaire

 

Introduction:

Suite à ses ennuis avec le Clergé, Voltaire achète sa propriété de Ferney (frontière Franco-Suisse) où il écrit à l'abri le Conte Philosophique Candide ou l'Optimisme. Bien que l'œuvre soit parue sous le pseudonyme du Docteur Ralph, tout le monde avait reconnu à l'époque la subtile écriture du philosophe. Ainsi, près d'un quart de siècle après Le Mondain et âgé de 65 ans, Voltaire prend (pour citer Savignac) « sa plume pour épée » et expose une nouvelle fois sa critique de la Société.

Avec les derniers diamants de l'Eldorado, Candide s'achète une « petite métairie » dans laquelle il réunit ses compagnons. Le désoeuvrement le conduit à aller quêter auprès d'un derviche la réponse à l'interrogation métaphysique sur l'existence du mal en ce monde, mais il n'obtient qu'une fin de non recevoir : il faut se « taire ». Après quoi il rencontre « un bon vieillard » qui préconise le travail comme remède au malheur humain. Candide retourne dans sa métairie et met en oeuvre cette leçon. Le texte se présente en deux parties: un long discours de Pangloss, puis la vie à la métairie avec le dernier mot de l'apologue laissé à Candide et sonnant comme une maxime « Il faut cultiver notre jardin ».

Pour une compréhension globale du passage :

I. Une conclusion fondée sur la simplicité :

-         La métairie de Candide reproduit le modèle du Turc : aux vingt arpents répond à la fin la petite terre. Le verbe cultiver (fondamental dans le texte) permet à l’homme d’éviter les trois grands maux qui ont fait toute la trame du conte : l'ennui, le vice, et le besoin. Candide souligne lui-même la supériorité du bon vieillard sur les six rois. Voltaire insiste sur la dimension familiale du domaine (je les cultive avec mes enfants) : à la volonté de puissance des grands, source de guerres, à l’ennui des richesses, Voltaire oppose l’harmonie et la stabilité d’une communauté capable de vivre en autarcie, loin du fracas du monde qu’a traversé Candide, d’où l’insistance sur la petitesse (la petite société / La petite terre). Les talents des compagnons, bien que modestes, sont présentés avec des termes mélioratifs : une excellente pâtissière, un très bon menuisier.

-         Il ne faut pas voir dans cette conclusion une attitude résignée, un pis-aller. Voltaire exilé à Ferney cultive son propre jardin : il assèche les marais, multiplie les innovations agricoles. Il donne donc lui-même l'exemple d'une retraite heureuse et d'une œuvre féconde sur le plan économique. Et dans sa correspondance, il compare à plusieurs reprises son domaine de Ferney à la petite métairie de Candide.

-         La composition du conte oppose donc fortement le château de Thunder-ten-tronkh et la petite métairie : à une fausse grandeur ridicule s’oppose la simplicité, à l’inactivité de la noblesse s’oppose le travail commun. Surtout alors que Candide était un personnage subalterne, il devient ici le chef : à la prétention du frère de Cunégonde (rejeté dans le monde extérieur) Candide substitue ses qualités naturelles.

 

II. Critique de la métaphysique :

-         Le texte est composé selon le principe de la répétition (procédé fréquent dans le conte) : une narration, suivie d’un discours de Pangloss, que vient interrompre la formule de Candide « Il faut cultiver notre jardin ». On observe pourtant une variation importante : dans la première séquence la formule de Candide est commentée par Pangloss, puis par Martin ; dans la seconde séquence c’est Candide qui a le dernier mot, l’optimisme comme le pessimisme sont renvoyés dos à dos. Le discours de Pangloss devient une logorrhée qui s’emballe et qui tourne à vide : dans les deux discours, il procède par accumulation (le dernier discours tenant lieu de récapitulation grotesque du parcours initiatique de Candide).

-         A la différence des autres personnages qui sont capables d’évoluer (cf. les occurrences du verbe devint) Pangloss, pas plus que Martin, n’a évolué : à cette attitude passive, Voltaire oppose l’action et la responsabilité. Le louable dessein est critiqué par chacun se mit à exercer ses talents. Cette dernière formule est en fait elle-même une illustration de la formule il faut cultiver notre jardin : à la nature (représentée par le jardin) doit s’ajouter, selon Voltaire, la culture. C’est le vieux débat qui l’oppose à Rousseau : la nature doit être améliorée par la civilisation, la qualité naturelle par le travail. Mais curieusement Voltaire rejoint ici Rousseau : tous deux ne conçoivent le bonheur pour l’homme qu’isolé des autres hommes, dans une société miniature, vivant en autarcie.

 

III. Portée symbolique :

-         Les allusions à la Bible dans le texte orientent vers une autre direction : le parcours de Candide n’est pas celui d’un individu, il représente l’humanité. La citation en latin de la Genèse (quand l'homme fut mis dans le jardin d'Éden, il y fut mis ut operaretur eum, pour qu'il travaillât) rapproche la métairie du paradis terrestre, de la même façon que, de manière ironique, le château de Thunder-ten-tronkh était présenté comme un paradis dérisoire.

-         Cependant, l’intertextualité permet de préciser le dessein de Voltaire : le texte biblique (Genèse II, 15) dit « Dieu prit l'homme et l'établit dans le jardin d'Éden pour le cultiver et le garder ». Il ne s’agit donc pas du travail de l’homme condamné à travailler « à la sueur de son front » après le péché originel, mais avant, dans le paradis terrestre. C’est pour Voltaire une manière discrète de suggérer que l’homme doit faire lui-même son propre paradis, une manière de revendiquer le libre arbitre de l’homme : Dieu existe mais il ne se soucie guère des hommes. C’est à l’homme de construire son propre bonheur.

 

Conclusion:

Candide a évolué et au terme de son parcours chaotique a tiré les leçons de l'expérience tandis que Pangloss figé dans son dogmatisme est la figure de tous les fanatiques dont le discours interdit le progrès.

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