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Étude d'une pièce de théâtre d'Anouilh

Commentaire d'oeuvre : Étude d'une pièce de théâtre d'Anouilh. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Janvier 2014  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 250 Mots (5 Pages)  •  602 Vues

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les Acteurs, principalement les plus jeunes, comme sous l’empire d’une étrange fascination, s’avancent vers elle et tendent légèrement les mains comme pour la saisir. Elle leur échappe et quand les Acteurs se mettent à applaudir et que le Directeur se fâche, elle se retrouve comme indifférente et lointaine.

LES ACTEURS et LES ACTRICES, riant et applaudissant. – Bien ! Bravo ! Très bien !

LE DIRECTEUR, furieux. – Silence ! Vous vous croyez sans doute au café-concert ? (Entraînant le Père un peu à l’écart, avec une certaine inquiétude :) Dites-moi, elle est folle ?

LE PÈRE. – Folle ? Mais non ! Pis que cela !

LA BELLE-FILLE, accourant sur-le-champ vers le Directeur – Pis que cela ! Oui, pis que cela ! Et comment, monsieur ! Pis que cela ! Écoutez-moi, je vous en prie : faites en sorte que nous puissions le représenter tout de suite, ce drame, car vous verrez que moi, à un certain moment – quand ce petit ange (elle va prendre par la main la Fillette qui est près de la Mère et l’amène devant le Directeur)… est-elle assez mignonne ? (La prenant dans ses bras, elle l’embrasse.) Chérie ! ma chérie ! (Elle la repose par terre et ajoute, comme malgré elle, émue :) Eh bien, quand Dieu la ravira brusquement, cette petite chérie, à cette pauvre mère, et que ce petit imbécile (empoignant rudement par une manche l’Adolescent, elle le pousse en avant) commettra la plus grosse des sottises, en véritable idiot qu’il est (d’une bourrade elle le repousse vers la Mère) – eh bien, moi, vous me verrez alors prendre mon vol ! Oui, monsieur ! je prendrai mon vol ! mon vol ! Et je vous assure qu’il me tarde d’y être, oh, oui ! Car, après ce qui s’est passé de très intime entre lui et moi (d’un horrible clin d’œil elle indique lePère), je ne peux plus me voir en leur compagnie, assistant au martyre de cette mère à cause de ce type (elle montre le Fils) – regardez-le ! mais regardez-le ! – indifférent, glacial, lui, parce que lui, c’est le fils légitime ! et il est plein de mépris pour moi, pour lui (elle montre l’Adolescent) et pour ce petit être : parce que nous sommes des bâtards – vous avez compris ? des bâtards. (Elle s’approche de la Mère et l’étreint.) Et cette pauvre mère, lui, cette pauvre mère qui est pourtant notre mère à tous les quatre, lui, il refuse de la reconnaître pour sa mère à lui aussi – et il la regarde de haut, lui, comme si elle n’était la mère que de nous trois, les bâtards – le salaud !

Elle a dit tout cela rapidement, avec une très grande surexcitation, et, après avoir lancé à pleine voix le mot« bâtards », elle prononce à mi-voix, comme le crachant, ce mot final de « salaud ».

LA MÈRE, avec une douleur infinie, au Directeur. – Monsieur, au nom de ces deux pauvres enfants, je voussupplie… (prise de faiblesse, elle chancelle) – oh, mon Dieu…

LE PÈRE, accourant pour la soutenir, accompagné par presque tous les Acteurs abasourdis et consternés. – Une chaise, je vous en prie, une chaise pour cette pauvre veuve !

LES ACTEURS, accourant. – Mais alors, c’est vrai ? – Elle s’évanouit pour de bon ?

LE DIRECTEUR. – Allons, vite, une chaise !

L’un des Acteurs avance une chaise : les autres font cercle autour de la Mère, empressés. Celle-ci, une foisassise, essaie d’empêcher le Père de soulever le voile qui lui cache le visage.

LE PÈRE. – Regardez-la, monsieur, regardez-la…

LA MÈRE. – Non, non ! Je t’en prie ! Au nom du ciel !

LE PÈRE. – Laisse qu’on te voie !

Il soulève son voile.

LA MÈRE, se levant et portant les mains à son visage, avec désespoir. – Oh, monsieur, je vous supplied’empêcher

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