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Zaïre, Voltaire

Commentaire de texte : Zaïre, Voltaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  31 Octobre 2019  •  Commentaire de texte  •  2 772 Mots (12 Pages)  •  1 431 Vues

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BLONDEAU                                                                        Jeudi 23 octobre 2019

Alexandra

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Dissertation : Zaïre

        Au 18ème siècle, la création de pièces de théâtre est très répandue. A cette époque Voltaire est notamment connu pour ses tragédies et est considéré comme le plus grand tragédien de tous les temps, supérieur à Corneille ou Racine. Lorsqu’il conçoit ses pièces, il cherche à se confronter à des modèles antérieurs. Il tente d’adapter cette tradition à l’époque moderne qui est pour lui la France des Lumières. Il cherche toujours à adapter sa nouvelle création aux attentes du public et va même jusqu’à changer ses pièces après les premières représentations. Il produit Zaïre, qui est une tragédie en cinq actes, pour la première fois en 1732. L’action se déroule à Jérusalem durant les croisades. Zaïre est une jeune chrétienne élevée dans la tradition musulmane. Elle est aimée du sultan Orosmane et l’aime en retour. Pourtant les deux amants ne peuvent pas vivre leur amour comme ils le souhaitent. Pierre Frantz dit alors à propos de cette pièce : « Zaïre est une tragédie qui porte la marque des Lumières ». La tragédie apporte l’idée d’une fatalité à laquelle font face les deux protagonistes ainsi qu’un dénouement qui appelle à la pitié du spectateur, au pathos. Une tragédie n’entraîne pas forcément la mort d’un personnage comme c’est le cas avec Bérénice de Corneille mais c’est tout de même bien souvent le cas. Ensuite les Lumières sont porteurs d’idées nouvelles. Ils défendent des nouvelles causes qui sont mises en avant. On trouve une volonté de changement et d’évolution de la société. On s’ouvre d’avantage sur le monde. On se demande alors : en quoi pouvons-nous dire que Zaïre est une tragédie caractéristique de la philosophie des Lumières ? Nous verrons dans un premier temps qu’il s’agit d’une tragédie divertissante. Puis nous verrons que c’est une pièce qui porte les idées philosophiques de Lumières. Enfin nous verrons que cependant on trouve un certain tragique philosophique dans cette pièce.

        Zaïre est dans un premier temps une tragédie à visée divertissante.

        En effet Voltaire cherchait en premier lieu à plaire à son public. Et à cette époque le public était essentiellement féminin. Par conséquent il était primordial d’insérer une histoire d’amour au cœur de l’intrigue ce qui rend la pièce beaucoup plus divertissante. Il met en scène une thématique amoureuse qui comprend un amour généreux avec un mouvement humain auquel le spectateur adhère. Ce sont des obstacles extérieurs qui vont entraver cet amour. Cet amour est mis en scène par Zaïre et Orosmane le sultan. Il est annoncé dans les deux premières scènes qui sont très symétriques. Le personnage de Zaïre entre en scène en étant identifiée à un sentiment amoureux. L’annonce de son amour se fait au vers 57 : « Ce superbe Orosmane » et au vers 58 : « Ce vainqueur des chrétiens… chère Fatime… il m’aime ». Elle distingue son amour d’un autre type de relation qui serait une relation passagère et humiliante. C’est une façon par la négative d’insister sur un amour qui soit généreux et vertueux. C’est une sorte de supériorité morale. Elle distingue l’amour, du sérail c’est-à-dire la mise à disposition de la femme pour le sultan. Cet amour vertueux doit culminer dans le mariage. Du côté d’Orosmane, l’aveu va être complémentaire à celui de Zaïre. Il entre en scène avec une longue tirade. Orosmane rappelle la nature de son amour et les exigences qui vont avec. Il procède en deux temps : parler positivement de son amour puis le distinguer du sérail. Le premier terme qu’il emploie place leur amour sous le thème de la vertu grâce au vocatif « vertueuse ». Ensuite il rejette le sérail de deux manières relativement négatives. Il donne deux arguments. Le premier argument est militaire qui oppose le plaisir et la gloire héroïque. C’est thème avec lequel joue Voltaire qui renvoie à un goût prononcé pour l’esthétique rococo qui avait pour conséquence de donner un traitement galant de l’héroïsme. Le deuxième argument est de type moral. Il oppose l’amour vertueux à une relation de domination. Ce discours achève d’annoncer un amour qui ne semble faire aucun problème et qui arrive à combiner l’héroïsme politique et l’exigence vertueuse. La scène se termine par l’énoncé des conditions d’un tel amour généreux qui sont la réciprocité et l’exclusivité.

        De plus, les évènements qui suivent plongent le spectateur dans cet univers tragique. Les deux premières scènes annoncent les obstacles qui vont apparaître dans la pièce. Ces obstacles sont incarnés par deux personnages que sont Fatime la servante et Nerestan le chevalier chrétien. Fatime rappelle les conflits et les obstacles qui peuvent se présenter à Zaïre. Elle rappelle le conflit extérieur, historique. Le deuxième conflit est intérieur, en référence à son identité chrétienne. A la dernière scène de l’acte, le deuxième obstacle fait son apparition. Un conflit se noue entre Orosman et Nerestan qui deviennent rivaux. Cet obstacle est en réalité la jalousie d’Orosmane qui représente un conflit intérieur à nouveau. La jalousie d’Orosmane se témoigne dans une tirade qui porte en elle-même le déni de la jalousie : « Moi, jaloux ! qu’à ce point ma fierté s’avilisse » au vers 301. Ce déni est rendu par la vigueur du ton mais également par un discours général qui prétend donner des leçons, comme s’il fallait masquer son propre ressenti. L’émotion interrompt également le discours. Dans la suite de la tirade on retrouve de nombreuses exclamations ainsi que des points de suspension qui marquent l’émotion qui envahie Orosmane : « Je ne suis point jaloux… Si je l’étais jamais… Si mon cœur… Ah ! » aux vers 308-309. Cependant ce ne sont pas les seuls obstacles qui vont se dresser entre les deux amants. En effet la scène 3 de l’acte II va alimenter le conflit entre Zaïre et Orosmane suite à la reconnaissance de Zaïre par Lusignan. Zaïre a par la suite l’obligation de reconnaître qu’elle est chrétienne par le baptême. C’est à ce moment qu’un quiproquo se forme entre les deux amants. C’est ce quiproquo qui entraînera leur perte. Les spectateurs sont donc plongés dans l’histoire des deux amants et voient le dénouement tragique arriver. Mais si les spectateurs sentent venir le dénouement, Voltaire parvient tout de même à garder le suspense jusqu’à la fin de l’acte IV puisqu’il fait de Zaïre une héroïne cornélienne qui met en avant son honneur et son courage. Elle imagine un amour non réciproque de Nerestan pour elle ce qui pourrait éviter le conflit tragique.

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