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André Durand présente ‘’Zazie dans le métro’’

Mémoires Gratuits : André Durand présente ‘’Zazie dans le métro’’. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Février 2013  •  10 210 Mots (41 Pages)  •  1 932 Vues

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André Durand présente

‘’Zazie dans le métro’’

(1959)

roman de Raymond QUENEAU

(250 pages)

pour lequel on trouve un résumé

puis successivement l’examen de :

la genèse (page 6)

l’intérêt de l’action (page 7)

l’intérêt littéraire (page 15)

l’intérêt documentaire (page 46)

l’intérêt psychologique (page 53)

l’intérêt philosophique (page 63)

la destinée de l’œuvre (page 65)

Genèse

La création de ‘’Zazie dans le métro’’ fut une sorte de «work in progress». Raymond Queneau commença à y travailler en 1944, car il nota dans son ‘’Journal’’, le 7 juin 1949 : «’’Zazie dans le métro’’, j'en ai écrit quelques pages, tout de suite après ‘’Loin de Rueil’’». Il ne s’y consacra d’ailleurs vraiment qu’à ce moment-là. On peut suivre les nombreuses fluctuations de l'orientation de la fiction, les étapes de sa conception dans les ‘’Parerga’’ (textes accessoires) du roman.

Il hésita sur l'âge que devait avoir son héroïne au moment de ses mémorables aventures : «quatorze, quinze ou seize», puis trancha : «treize ans». Mais rien, dans le roman, n'indique un âge précis.

Il nota en 1950 : «Zazie dans le métro / Commencer par la lettre A. Finir par la lettre Z.». On pourrait donc y voir une intention préoulipienne. On peut remarquer que le roman commence et finit à la gare d’Austerlitz, mot qui commence par A et finit par Z.

Il arrêta assez vite le point de départ du roman : l’héroïne, débarquant à Paris, déclarait : «Ce que jveux c’est faire du métro». Et elle y allait, la R.A.T.P. n’étant pas en grève, découvrait le ticket de métro et passait, empruntant «la voie sacrée» de «l’ébaubiement à l’éberluement», s’exclamant : «Que c’est chouette !».

Puis la conception se ralentit. Enfin, le 13 août 1953, il entama la rédaction du manuscrit à Bidart (Basses-Pyrénées) où il séjournait. Il se donna un plan de travail étalé sur six semaines, au rythme de six pages quotidiennes, et il dressa un de ces graphiques dont il était coutumier. Mais, dans les treize premiers chapitres de ce manuscrit, le métro n’était pas en grève, et Zazie l’empruntait à plusieurs reprises, seule, lors de sa fugue, ou en compagnie de Trouscaillon et de la veuve Mouaque. Gabriel s’appelait alors Boudinois, le perroquet tantôt Evergrine, tantôt Hervergrine (toujours vert) ! Il existait un personnage nommé Lisbeth, l’épouse de Talapoince (le futur Turandot), soi-disant atteinte de «tremblotte» mais qui vivait recluse car elle était en fait un officier allemand déserteur, «planqué depuis 1942» et d’ailleurs lecteur de Clausewitz. Le futur Pédro surplus-Trouscaillon-Bertin Poirée-Aroun Arachide était un policier qui enquêtait sur Lisbeth, parvenait à entrer chez elle mais ne lui faisait aucune avance sexuelle. Il y avait une Marceline qui accompagnait Gabriel à la gare pour accueillir Zazie. Du fait que Lisbeth était soupçonnée d’espionnage, Zazie était interrogée par le président du Conseil. Mais, après deux pages où Charles, Zazie, Gabriel, Marceline et Mado étaient conduits par la police vers l’Élysée, Queneau renonça à cette piste, se rendant compte que ce qu’il écrivait, en particulier sur Mme Coty (la femme du président de la république de l’époque) qui était décédée, commençait «à dater». Puis Lisbeth fut rebaptisée Marceline, et les deux personnages se confondirent, l’ambiguïté sexuelle étant conservée mais la condition d’Allemand déserteur disparaissant.

Par un jeu pirandellien, les personnages dialoguaient avec leur auteur et jouaient sur leur nature de personnage, avaient une grande autonomie. Queneau essaya aussi d’écrire un anti-roman, qui aurait été une autocritique de son œuvre romanesque. Il imagina un moment un roman possible dans lequel aux huit premiers chapitres, dont le contenu aurait été en substance celui du roman, en auraient succédé quatre autres qui auraient fait la critique des huits précédents en allant du dernier au premier, à raison de deux par chapitre, ce qui aurait conduit ou reconduit à un chapitre XII qui aurait pu être intitulé ‘’Départ’’. Il pensa aussi à un «roman du roman» où il était un des personnages. Il n’en reste dans le texte final que le monologue shakespearien de Gabriel. Sans doute ce renoncement lui coûta-til quelque effort puisqu’il impliqua une réécriture de certains passages. Il écrivit une fin où, à la question de sa mère : «Qu’est-ce que tu as fait?», Zazie répondait : «J’ai écrit un roman.» Il envisagea aussi qu’un personnage puisse se révéler l’auteur du roman dans lequel il figurait. Et il pensa successivement à Trouscaillon, à Gridoux, à Gabriel, à Zazie qui dirait à la fin : «J’ai écrit un roman.» Un temps, il pensa à une autre fin où Gabriel écrivait le même roman que l’auteur et l’accusait de lui avoir «fauché» ses personnages. Ailleurs, Laverdure disait connaître un écrivain : «Il souffre de l’incarnation. Il écrit un roman, cherche un personnage dans lequel il pourrait apparaître. Ce qui l’embête, c’est que ça s’est fait des tas de fois le romancier à l’œuvre à l’intérieur de son roman même, d’Homère à Pirandello, ne pas oublier Gide.» Puis le romancier serait happé par la fiction et, à son tour, se transformerait en personnage.

D’autre part, lui, qui avait d'abord imaginé que l'action se déroulerait dans les couloirs du métro, fut gêné, selon ses propres dires, par I'existence d'un livre pour enfants, ‘’L'enfant du métro’’ de Madeleine Truel, paru en 1943, qui racontait la vie souterraine d'un orphelin né dans ie métro, et qui s'en évadait à la fin, sa mère l'ayant retrouvé. Mais, le 14 décembre 1957, il se demanda : «Et si Zazie ne descendait jamais dans le métro?» tout en conservant le titre, et, réfléchissant sur les raisons de la présence de Charles et de son taxi, il eut une illumination : «C’est parce que c’est la grève». Il renonça donc à faire descendre Zazie dans le métro, dut supprimer

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