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Zazie Dans Le métro

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Par   •  27 Mai 2013  •  2 060 Mots (9 Pages)  •  916 Vues

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INTRO : L’originalité de l’œuvre

Dès la sortie du roman, Louis Malle décide de l’adapter. Malle travaille huit mois avec Rappeneau sans faire appel à Queneau. Le film surprend par sa virtuosité et ses nombreuses trouvailles mais ne connait pas un grand succès populaire. Zazie dans le métro est une démonstration de l’énergie débordante déployée par le cinéaste et de la liberté créatrice qu’il s’octroie : « ce qui m’avait passionné dans Zazie dans le métro c’était cette critique interne de la littérature et du langage. J’ai tenté à mon tour de fonder mon film sur une autocritique, celle du langage cinématographique, avec l’idée de raconter un faux récit. Au comique de langage littéraire, j’ai tenté de substituer un comique de langage cinématographique ».

Déjà avant même le lancement du tournage, un avertissement destiné à tous les collaborateurs du film définit ainsi l’orientation générale : « le comique (espéré) de ce film joue sur une mise en cause systématique du réel ».

Confronté à une œuvre réputée non transposable, Malle décide de « trouver des équivalences et recréer l’univers du livre d’une autre manière, par une critique de la forme cinématographique ». En adaptant Queneau, Malle devait donc répondre à une triple exigence contradictoire :

- Ne pas tromper les attentes du lecteur du roman

- Mais éviter la servilité ou l’illustration et faire preuve d’audace

- Enfin c’était un pari à relever.

-

I La fidélité :

A la première vision, on confirme l’impression de fidélité au roman. Ce sentiment est dû :

- au respect des références temporelles et spatiales (Paris, 36h),

- à la conformité des principales situations dramatiques,

- des noms des personnages (sauf Albertine, interprétation qui ne fait que renforcer la référence proustienne)

- et surtout à la reprise des dialogues

(cf : la première scène à la gare).

Malle sait que le succès du roman vient du lexique et du niveau de langue, il les reprend donc à son compte, jusqu’à imposer la prononciation quenienne à ses acteurs.

Malle choisit également des mises en scène qui soulignent l’importance d’une réplique

(cf : « j’ai vieilli »).

II/ Le nécessaire travail de transposition

Malgré la volonté de coller au plus près du roman, Malle a dû faire des choix dans la transposition. En effet ces choix engagent un travail d’interprétation du roman mais aussi un travail sur le sens propre du film par rapport au sens du roman.

Il emploiera quatre procédés principalement :

- La suppression d’épisodes romanesques (cf. : l’altercation avec le type à la gare / le sanctimontronais) cependant ils peuvent tout de même faire l’objet d’une allusion.

- La concentration, le fait de rassembler en une séquence plusieurs épisodes du roman (cf. : le menu final au restaurant qui concentre la soirée au Sphéroïde et aux Nyctalopes –choucroute + soupe à l’oignon).

- Le déplacement notamment dans la répartition des dialogues (cf. : l’entretien de Fédor et Trouscaillon du chap 16 se retrouve dans la bouche de Charles au début du film –« … j’ai la confession qui m’étrangle la pipe… la confession… enfin la racontouse, quoi… j’ai tout de même un bout à dégoiser… »).

- l’ambition littéraire du roman était de remettre en cause l’illusion référentielle. De même le film s’attache à détruire l’impression de réalité propre au dispositif cinématographique (cf. : les figurants sont toujours joués par les mêmes acteurs).

III/ La subversion des codes cinématographiques

« Je trouvais que le pari qui consistait à adapter Zazie dans le métro à l’écran me donnerait d’explorer le langage cinématographique ». Mais que signifie pour Malle de « critiquer la forme cinématographique » ou comme il le dit plus loin de « désintégrer le langage cinématographique ».

Il existe une critique voire une désintégration dans le film mais d’une certaine forme de langage cinématographique : le cinéma classique à tendance réaliste. Pour privilégier l’illusion référentielle et réaliste, ce cinéma se refuse à l’emploi de procédés visuels et sonores que Malle utilise allègrement dans son film. Domarchi dira que c’est un « film expérimental » et Gilson que « le langage du cinéma ici prend ses distances d’avec lui-même, se regarde et se sourit avec désinvolture ». Malle veut jouer avec les codes du cinéma comme Queneau jouait avec les codes de la littérature afin de contrarier l’impression de réalité : voir les embruns de la vague qui mouillent Gabriel en haut de la tour Eiffel. Voir aussi la manière dont Albertine va coucher Zazie, revient aussitôt en disant : « Elle n’a pas été longue à s’endormir… » ou la manière dont Zazie entre dans sa chambre et en ressort aussitôt toute habillée… Exploration du cinéma « magique » de MELIES.

A/ On peut relever quatre procédés/techniques qu’exploite L M pour briser l’illusion référentielle ou réaliste :

a-Un montage qui privilégie la discontinuité

- Le choix d’un champ bouché par rapport à un champ clair et bien défini. Malle va préférer un champ plein de personnages comme la scène de l’ascenseur de la Tour Eiffel.

- Faire intervenir plusieurs actions dans un même plan. On peut penser que les actions en arrière-plan sont les illustrations de ce qui se dit dans le film (l’assassinat de la femme derrière Zazie et Pédro serait la pensée de Pédro vis-à-vis de la jeune fille / la femme qui court avec le ballon volé aux enfants après la scène de la Tour Eiffel serait l’expression d’un monde puéril que dénonce Malle).

- Logiquement le montage d’un film va faire oublier que celui-ci est tourné

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