Yves Bonnefoy, Les Planches Courbes

YVES BONNEFOY, LES PLANCHES COURBES (2001)

QUESTION 1. Expliquez le titre du recueil : « Les planches courbes »

QUESTION 2. Dans un essai de 1983, Sur la difficulté de la communication poétique, Yves Bonnefoy écrit : « Le poète est donc un rêveur qui met en cause son rêve, » Dans quelle mesure votre lecture personnelle des Planches courbes confirme-t-elle cette définition ?

A/Explication du titre

Titre: métonymie  « planches courbes » pour désigner la barque: symbole ambivalent pouvant signifier fermeture comme ouverture (comme la « courbure »); planches: éléments qui forment la barque (langage dans sa matérialité- le signifiant) - titre également du récit en rêve

1. La courbure: le repli sur soi et la clôture

Poème V de la Maison natale; image de l'enfant « couché au plus creux d'une barque/ Le front, les yeux contre ses planches courbes... »: repli narcissique dans les « courbes » du rêve, aux images « trop vastes » et « lumineuses » =la barque refuge contre « la sombre rive ».

-à relier avec le bras d'Ulysse qu'il « replie sous sa tête lasse » dans « l'île de hasard »: tentation du sommeil, du rêve (les courbes de l'île, forme ronde du sein nu?)

-voir également la « vieille femme, courbe, mauvaise » de l'ekphrasis de La Dérision De Cérès; image de la mère qui transmet le « poison » de la nostalgie et du rêve d'un ailleurs (qui coupe du monde, de la maison comme lieu de clôture); image d'une fausse poésie qui se courbe sur elle-même, sur la perfection de sa forme (désir d'échapper au temps) ou sur la seule beauté de ses images.

2.Les « planches courbes »: la proue et l'ouvert

Renversement de l'image: Poème V de la Maison natale: image de la « proue qui se soulève » et conduit vers l'estuaire - à rapprocher de l'image comparant Vénus « la première étoile » qui « tournait déjà sa proue, bien qu'hésitante,/ Vers le haut de la mer »; autant d'images de la barque, métaphore possible de la poésie.

La barque de Charon (récit en rêve Les Planches courbes ou Poème I de dans le leurre des mots: « nous regardons/ A la proue de notre périple toute une eau noire »: poésie comme traversée de la mort.

le passeur use de sa perche qu'il plante dans la boue pour essayer d'atteindre l'autre rive, ou de joindre les deux rives (« beauté et vérité »).

Même image de la traversée dans le poème I de Dans le leurre des mots: Ulysse navigateur engagé dans son Odyssée, traversée du leurre des mots et des images, des souvenirs et des rêves, vers « une autre terre » où « nos vies seront plus confiantes »: esprit qui se courbe « sous le poids/ De l'inconnu, de l'impensable » et « reprend à son origine/Sa tâche de lumière dans l'énigme ».

B/ « Le poète est donc le rêveur qui remet en cause son rêve »

La citation donne une définition du poète et interroge sur la part du rêve dans la poésie: elle comprend deux temps (dialectique): le poète est d'abord celui qui rêve mais qui ensuite opère un retour critique (conscience) sur le rêve: ces deux temps de la citation peuvent servir pour bâtir un plan:

1. L'abandon au rêve (« le poète est un rêveur »)

-la poésie de Bonnefoy: une traversée du rêve. Le rêve est le matériau à partir duquel le poème s'élabore, se crée (« les métaux du rêve » qu'il s'agit de transmuer en poésie): la poésie se doit donc d'être à l'écoute de l'inconscient, d'en laisser surgir les images (influence surréaliste): la navigation

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