Une charogne, Les Fleurs du Mal, Baudelaire, 1857.

Une Charogne

INTRODUCTION

Le poème Une Charogne est extrait du recueil Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire, en 1857, critique d’art et poète inclassable, au carrefour des différents genres littéraires, comme le Romantisme, le réalisme ou encore le Symbolisme.

Le poème fait partie de la section « spleen et idéal », partie la plus importante de son recueil « les fleurs du mal ».

Dans ce poème, un couple en promenade tombe sur une vision d’horreur : un cadavre en décomposition. Cette charogne  devient alors le sujet du poème de Baudelaire. Comment Charles Baudelaire trouve-t-il de l’esthétisme dans la laideur et cela, sur un ton très provocateur ? 

C’est ce que je vais vous expliquer et évoquant, tout d’abord, l’aspect provocateur de ce poème, puis en analysant les éléments qui permettent de confirmer que Baudelaire souhaite montrer le beau dans la laideur.

1. Un poème extrêmement provocateur

• La situation d’énonciation

Le poète s’adresse à une femme : « rappelez-vous » - Le « nous » évoque le couple. Et cela manifeste la présence du poète.

« Mon âme » (vers1) ; « étoile de mes yeux » (vers 39) ; « la reine de grâces »…. Manifeste son amour pour elle. Elle semble aimée, voire vénérée. Il exagère avec la figure de style de l’hyperbole, comme s’il se moquait de la femme aimée – en effet, ses qualificatifs mélioratifs extrêmement élogieux côtoient une réalité immonde, insupportable, réaliste à l’extrême : la décomposition des corps après la mort.

« Ame » rime avec « charogne infâme »

Vers 39 : « nature » rime avec « ordure ».

« Infection » rime avec « passion »

Chacun possède une diérèse.

« Vermine » rime avec « Divine »    -    « Baisé » avec « décomposé »

• Le décalage (les rimes antithétiques)

• Les antithèses à la rime créent un décalage entre le ton et la réalité dont il parle.
• Baudelaire cherche à blesser, faire réagir la femme mais aussi à choquer le lecteur, à le placer face à une réalité insupportable  la mort.
• Le poète fait preuve de sadisme : il est très provocateur.
• Les 2 premiers vers sont écrits comme ceux d’un poème romantique. Puis, Baudelaire casse volontairement cette impression avec l’apparition de « charogne» vers 3.  
• De même, le poème est composé d’une alternance d’alexandrins et d’octosyllabes, ce qui casse le rythme des alexandrins.

1. L’esthétique de la laideur

• Le titre (différence entre charogne et cadavre)

• Le titre « une charogne » rompt définitivement avec le romantisme et affirme une autre sorte de poésie.

Le terme charogne, choisi par Baudelaire, a un sens bien différent de celui de cadavre. Par là-même, on peut considérer que Baudelaire a souhaité accentuer l’horreur, la laideur. En outre, les charognes sont des vecteurs importants de transmission des maladies infectieuses.

Strophe n° 5 : la charogne est parasitée.

Vers 18-19 : noir bataillon de larves, comme pour accentuer les parasites.

• Le thème en lui-même est repoussant. La beauté n‘est donc pas dans le thème lui-même, mais dans le travail des mots et de la forme

Néanmoins, paradoxalement, la beauté nait de ce corps en putréfaction.

• Métamorphose de la charogne en un bel objet

La charogne semble se changer en un bel objet avec l’adjectif « superbe » vers 13 et « rayonner » vers 9 ; « s’épanoui », vers 14.

Paradoxalement, la charogne devient de plus en plus horrible, immonde, dégoutante, au fur et à mesure du poème mais aussi de plus en plus belle.

Strophe n°2 : l’odeur domine. « Exhalaisons» -

Strophe n°3, la charogne se transforme grâce au soleil/ Vers 100 : « la cuire à point » comme un met délicieux que nous allons déguster.

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