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Une Semaine De Vacances

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Par   •  21 Novembre 2012  •  2 365 Mots (10 Pages)  •  1 041 Vues

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On pourrait croire qu’avec ce texte qu’elle nomme roman, Christine Angot revient, cette fois-ci dans les détails, froidement, et dans le huis-clos de la semaine de vacances, sur l’inceste dont elle a été « victime » de la part de son père. Pourtant, quelque chose est radicalement différent par rapport au roman dont le titre est « L’inceste » !

Dans le roman « L’inceste », très bizarrement, et comme par hasard, une partie importante de l’écriture est dédiée à une relation homosexuelle avec une femme, et l’auteure nous dit que le test concernant l’homosexualité féminine est positif à cent pour cent, si je me souviens bien. C’est très curieux comme le roman qui, par son titre, voudrait crier aux lecteurs de toute la planète qu’une jeune adolescente a un père qui a mis la main sur elle, s’est emparé totalement de son corps, de ses orifices, bouche, vagin, anus, en propriétaire pervers, commence d’abord par exposer, d’une manière passionnelle qui fait affleurer une sorte d’addiction, son corps de fille entre les mains d’une femme, presque à son corps défendant puisque son goût pour les pratiques érotiques auxquelles l’invite son amie ne s’éveille pas franchement car il frise parfois le dégoût. Et, en surplomb de cette relation homosexuelle, bizarrement racontée avant l’inceste imposé par le père, il y a la mère, et sa fille qui est son collier en or, il y a cette prise en mains de la fille par cette mère, il y a ce corps de petite fille poupée de la mère, jusqu’à ce jour de l’adolescence où cette mère la conduit au père. Cela fait sérieusement réfléchir sur ce que disent les psys sur l’inceste, et plus particulièrement sur ce qu’écrit Aldo Naouri : l’inceste, pour le garçon comme pour la fille, c’est toujours avec la mère, et relève du « rien ne manque », d’un corps en son entier auquel une instance ne fait rien manquer, ce qui fait que ce corps reste totalement en mains, en de bonnes mains, zones érogènes y compris même si cela semble en toute innocence, même si la mère s’intéresse aux orifices de sa fille (ou de son garçon) pour la bonne cause. Elle est le côté du bien. L’autre côté, celui du père, qui va aussi s’emparer du corps et du cerveau de sa fille, à partir du moment où la mère l’a conduite à lui, serait-il alors le côté du mal total ?

Dans ce roman, « Une semaine de vacances », il s’agit toujours de mains et de sexe en érection qui les prolongent, de paroles paternelles assujettissant totalement la fille, il s’agit d’un désir incontrôlable de s’emparer du corps de l’adolescente, en particulier de tous ses orifices, bouche, vagin, anus, et des zones érogènes nouvelles tandis qu’elle est en train de devenir femme. Le père étant l’initiateur absolu transformant la petite fille en femme, celui qui la déflorerait, la ferait advenir au plaisir sexuel ainsi qu’à un statut très éduqué. Tout en subissant d’une manière étrangement docile, et presque en silence, cette jeune fille n’exige qu’une chose : que son père ne la déflore pas. La sodomie, à laquelle elle résiste pendant presque tout le séjour, semble s’écrire comme une sorte de défloration qui se serait effectuée dans le dos de l’adolescente, mettant en relief le fait que, par-delà sa résistance, elle a laissé son corps totalement entre les mains de son père, dans son lit. Avec cette question : comment cette jeune fille vit-elle son corps, pour le laisser si docile entre des mains ? Et pour être encore plus traumatisée par le départ soudain de son père, qui abrège les vacances et la met dans le train, que par ses actes ? Comment vit-elle son corps, si, d’une certaine manière, elle ne comprend pas le sens des actes que son père commet sur elle en lui promettant l’accès au plaisir, ce qui déclenche la colère de ce père, et la fin précipitée des vacances ? Comment vit-elle son corps si, au lieu de se réjouir du départ de ce père incestueux, et de son corps libéré, elle regrette tellement la fin précipitée de cette violente, anormale, monstrueuse idylle ?

Le titre, « Une semaine de vacances », annonce ce qui est devenu banal pour les enfants de couple séparé, l’enfant va chez son père pour les vacances. Mais là, tandis que la mère est totalement absente du récit, par les paroles du père qui ne se prive de parler ni de sa femme ni de ses jeunes maîtresses, et par les rares paroles de la fille, on soupçonne une vacance de la prise en mains, regardée normale par la société, d’une fille par sa mère. Comme si cette adolescente se sentait en vacance des mains de sa mère sur elle, des mains de l’enfance jusqu’aux mains de sollicitude lorsque les soins sont moins corporels. C’est totalement absent de ce récit, mais on a du mal à croire que cette mère ne sache pas comment est cet homme, si libre dans sa sexualité, et si libre dans sa conjugalité. Si bien que cette jeune adolescente nous semble vivre son corps comme s’abandonnant aux mains, au désir, bref à une sorte d’écriture violemment sexuelle, ce corps étant, plus que passif, quasiment une page blanche se laissant noircir par le sexe érigé de cet homme imprimant en guise de mots, de phrases, des zones érogènes sur le corps de sa fille pour la faire femme, sans aucun interdit. Pour la faire devenir femme comme sa mère l’est devenue ? Si cette adolescente accepte cette écriture érogène (tout en la refoulant par la froideur, la distance, afin d’éloigner la sensation de culpabilité, l’anormalité de la chose, la folie), cet éveil de plaisir au niveau sa bouche, de ses seins, de sa vulve, de son vagin, de son anus, par la plume qu’est le sexe, la bouche, les doigts, la parole de son père, elle se sépare des mains et de la sollicitude maternelle, elle se sèvre de son attachement de petite fille à sa mère en advenant au même corps de femme qu’elle, retrouvant une symbiose nouvelle. Recevant aussi de son père la leçon initiatrice sur la manière dont son corps de femme a le pouvoir sur un corps d’homme, car si cet homme qu’est son père a d’abord un pouvoir violent sur son corps à elle, le corollaire est le pouvoir du corps de femme sur lui… La mère a conduite sa fille à son père au moment où elle allait devenir femme, et ce n’est certainement pas un détail anodin. On pourrait se demander si le déclic n’a pas été, de la part de la mère, cette fulgurance d’une mêmeté de corps entre mère et fille, en train d’avenir, une sorte de symbiose folle, de confusion.

Or, lorsque l’adolescente dit de manière répétitive à son père que, pour preuve d’amour, puisqu’il lui dit qu’il l’aime, il faudrait qu’il n’y ait rien de physique entre eux, il faudrait qu’il soit capable de se retenir, ne dirait-on pas qu’elle

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