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Texte de Dénèque sur le suicide

Fiche de lecture : Texte de Dénèque sur le suicide. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Mars 2020  •  Fiche de lecture  •  2 773 Mots (12 Pages)  •  345 Vues

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"Cette vie, il ne faut pas chercher à la retenir tu le sais ; ce qui est un bien, ce n'est pas de vivre, c'est de vivre bien. Voilà pourquoi le sage vivra autant qu'il le doit, non pas autant qu'il le peut. Il examinera où il lui faut vivre, en quelle société, dans quelles conditions, dans quel rôle. Il se préoccupera sans cesse de ce que sera la vie, non de ce qu'elle durera. […]  // Il tient pour chose indifférente de se donner la mort ou de la recevoir, de mourir plus tard ou plus tôt ; c'est qu'il n'appréhende pas un sérieux dommage. Une goutte d'eau tombant du toit n'est jamais grande perte. L'affaire n’est pas de mourir plus tôt ou plus tard ; l'affaire est de bien ou mal mourir. Or, bien mourir, c’est se soustraire au danger de vivre mal. […] // Un des plus grands bienfaits de l’éternelle loi, c'est que, bornant à un seul moyen l’entrée dans la vie, elle en a multiplié les issues. Attendrai-je la brutalité de la maladie ou celle de l’homme, alors que je suis en mesure de me faire jour à travers les tourments et de balayer les obstacles ? Le grand motif de ne pas nous plaindre de la vie, c'est qu'elle ne retient personne. Tout est bien dans les choses humaines dès que nul ne reste malheureux que par sa faute. Vivre t'agrée : vis donc. Il ne t'agrée pas : libre à toi de t'en retourner d'où tu es venu. Pour calmer le mal de tête, tu as pratiqué maintes fois la saignée. En cas de pléthore on perce une veine. Il n'est pas besoin qu'une blessure énorme partage les entrailles : un coup de lancette dégage la route vers cette sublime liberté ; et c'est la tranquillité, au prix d'une piqûre. "

Sénèque, Lettre à Lucilius, lettre 70, Les Belles Lettres

Contexte des Lettres à Lucilius

 Ecrites à la fin de sa vie, alors que Sénèque a une soixantaine d’années et s’est retiré de la vie impériale, elles sont destinées à diriger Lucilius[1] dans son approche du stoïcisme mais ce dernier n’est qu’un prétexte pour méditer et écrire. Les Lettres du même nom s’interrogent sur le comportement à adopter face aux épreuves de la vie. L’époque est difficile ; le règne de Néron est despotique. L’atmosphère des Lettres est sombre, celle d’une « pénombre intimiste[2] ».

Il y a une sorte d’urgence. Par vingt fois la mort est évoquée. Il la vante en pensant la minimiser et développe « un lyrisme du suicide » et, parfois, méprise la vie (lettres 103 et 107). Dans ces ténèbres (brigandage de tous contre tous), une un rayon émerge, celui du sage, admirable dans ses efforts, replié sur le moi, indifférent à ce qui ne dépend pas de lui. Figure sublime qui s’élève au niveau des Dieux parce qu’il peut atteindre un bonheur égal. C’est une morale de « la sécurité absolue » car « le seul bonheur digne de ce nom est celui que rien ne pourrait entamer[3] ».  

Face aux menaces extérieures, une voix solitaire s’élève et tente de convaincre aussi bien Lucilius que Sénèque lui-même. Exercices répétés (= ascèse) d’autopersuasion. Style clair, phrases brèves donnent un ton moderne à ces lettres. Le stoïcisme est une méthode d’autotransfiguration. Sénèque ne fait pas la morale à son disciple : il l’invite à assurer son bonheur par lui-même.

 La lettre 70 plus particulièrement réfléchit sur le suicide et le justifie dans la mesure où il apparaît avant tout comme la marque de la liberté du sage. Il s’inscrit aussi dans une tradition philosophique où depuis la cigüe acceptée par Socrate, le sage se définit par son courage face à l’adversité.

[pic 1] 

La Mort de Sénèque par David en 1773[4] 

Rqs :

- en bleu apparaissent les citations extraites du texte de Sénèque que nous expliquons ;

- les tirets ne sont pas autorisés dans la rédaction de votre devoir. Ici, je les mets pour une meilleure visibilité de certains éléments en vue de la connaissance du stoïcisme.

- cette explication n’est pas exhaustive. Elle propose des pistes de réflexion à développer.

Problématique : Faut-il vivre à tout prix ? 

Thèse : seule une vie bonne est digne d’être vécue et le sage saura la quitter lorsque son devoir le lui commandera.

Plan du texte :

- Ne pas se contenter de vivre mais vivre bien

- La mort est indifférente en elle-même ; ce qui importe c’est la conformité au bien (encore une fois)

- La possibilité du suicide face à un destin insupportable.

Rédaction de la 1ère partie du texte :

Sénèque interpelle Lucilius : doit-on accepter de vivre à n’importe quelle condition ? L’homme de la foule espère vivre le plus longtemps possible. Ce qui compte pour le commun des mortels, c’est demeurer en ce monde pour y jouir de tous les plaisirs. Seule la durée et la quantité compte. Or, à qui s’adresse Sénèque ici ? A un homme de la foule ou à un sage ? Le champ lexical de la pensée (examiner, savoir…)  nous indique qu’il s’agit de la deuxième proposition. On n’attend donc pas du disciple qu’il se comporte comme l’homme de la rue, indifférent à la philosophie. Le sage est d’abord celui qui se caractérise par sa capacité à réfléchir selon la raison et à être lucide. Ensuite, il est celui qui gouverne sa vie selon des règles morales et non selon ses désirs.

Le sage développe une éthique de la qualité® et non de la quantité® : la quantité renvoie à ce qui est dénombrable[5] ou mesurable alors que la qualité ne l’est pas. Ainsi, la vie du sage n’est pas évaluée selon le nombre des années vécues mais selon un critère plus essentiel : la manière dont cette vie est vécue. Est-elle bonne moralement ou non ? Le refus de la quantité est récurrent dans le texte : avec la formule « autant » au début du texte, puis « plus tôt ou plus tard » répété deux fois.

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