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Tableaux parisiens

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Par   •  19 Septembre 2012  •  784 Mots (4 Pages)  •  2 364 Vues

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Les TABLEAUX PARISIENS

Allégorisation de la ville

    Quant au fourmillement, il provoque chez Baudelaire deux réactions parfaitement opposées. Il est d'abord exaspéré par le bruit ambiant que cause la circulation intense des voitures ; la cité « chante rien et beugle » (v.11, p.136) dans Les aveugles, la rue dans A une passante « hurle » (v.1, p.137), dans Le crépuscule du soir (p. 138) c'est un rugissement général, fait de cuisines qui sifflent, de théâtres qui glapissent, d'orchestres qui ronflent, de volets cognés par les démons.

    Ce fourmillement trouve aussi grâce à ses yeux et cela transparaît dans de nombreux textes comme Les Sept Vieillards (p.132) et son apostrophe initiale : « Fourmillante cité » (v.1) ou dans le poème Les petites Vielles :

    La foule est son domaine ; sa passion et sa profession consistant en se fondre en elle. Pour le flâneur parfait, pour l'observateur passionné, le plaisir à prendre place dans la sphère du nombre, dans les mouvements du fugitif et de l'infini, est immense. Baudelaire reprend ici ce qui avait été inauguré par Mercier dans ces Tableaux de Paris. Le flâneur n'est donc pas un observateur nonchalant : il se meut dans la foule, fasciné par les figures marginales du monde moderne qu'il croise. Par leur singularité, elles émergent de la foule neutre comme des apparitions qui, pour le poète flâneur, peuvent être des figures mêmes de la foule. Chacun de ces individus dont la somme forme la foule est donc, en puissance, un de ces êtres qui pourraient l'intéresser personnellement ; poétiquement, ils sont les seuls à exister, tandis que les autres restent dans « l'anonymat de la tourbe ».

 

    Ces êtres peuplant le Paris de Baudelaire sont d'abord ceux qui sont semblables à lui : « seuls, sans attaches familiales, et plus généralement sans lien avec les structures sociales qui forment le corps de la ville et de son ordre ».[6] Il en va ainsi des vieux mendiants des Sept Vieillards (p.132), des petites vieilles abandonnées de tous, des aveugles et autres malades isolés par leurs souffrances, et de toutes les figures en marge de la société telles que prostituées, voleurs et joueurs. Les seuls personnages qui pourraient être intégrés à la société sont représentés « enveloppés de mystère », comme la femme entrevue dans A une passante[7]. Une rencontre insaisissable :

 

    constitue le thème de ce poème qui « met en oeuvre une poétique du choc directement liée à l'expérience urbaine de la rencontre fortuite, anonyme et instantanée. L'événement est représenté comme une syncope du vécu, et du discours. Ici, le sujet lyrique n'est plus un flâneur ironique et détaché : livré à la réalité, et à autrui, il est emporté par le mouvement de la foule. »[8] Il souligne ainsi l'impossibilité de « conserver » des instants significatifs, à l'instar des photographies de l'époque, « où le temps de pose ne laissait de la foule de passants  que des traces à peine perceptibles ».[9]

    On assiste ici à la projection du « je » dans la ville

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