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Tableau De Paris

Rapports de Stage : Tableau De Paris. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Novembre 2014  •  583 Mots (3 Pages)  •  719 Vues

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Les femmes en tout temps ont été jalouses parmi nous de faire l'agrément des sociétés. Eh ! pourquoi serait-il défendu à l'esprit de passer par une belle bouche ? De là à la culture des lettres, il n'y avait qu'un pas. Les conversations roulant sur les livres et les ouvrages de théâtre, les femmes qui n'ont point à remplir les états pénibles de la vie civile, au sein de leur doux loisir, ont dit : Faisons des livres.

Si l'on ne défend point aux femmes la musique, la peinture, le dessin, pourquoi leur interdirait-on la littérature ? ce serait dans l'homme une jalousie honteuse que de repousser la femme dans l'ignorance, qui est un véritable défaut avilissant. Quand un être sensible a reçu de la nature une imagination vive, comment lui ravir le droit d'en disposer à son gré ?

Mais voici le danger. L'homme redoute toujours dans la femme une supériorité quelconque ; il veut qu'elle ne jouisse que de la moitié de son être. Il chérit la modestie de la femme ; disons mieux, son humilité, comme le plus beau de tous ses traits ; et comme la femme a plus d'esprit naturel que l'homme, celui-ci n'aime point cette facilité de voir, cette pénétration. Il craint qu'elle n'aperçoive en lui tous ses vices et surtout ses défauts.

Dès que les femmes publient leurs ouvrages, elles ont d'abord contre elles la plus grande partie de leur sexe, et bientôt presque tous les hommes. L'homme aimera mieux toujours la beauté d'une femme que son esprit ; car tout le monde peut jouir de celui-ci.

L'homme voudra bien que la femme possède assez d'esprit pour l'entendre, mais point qu'elle s'élève trop, jusqu'à vouloir rivaliser avec lui et montrer égalité de talent ; tandis que l'homme exige pour son propre compte un tribut journalier d'admiration.

Ces sentiments, cachés dans le cœur de tous les hommes, se réveillent avec force quand ils sont en masse. Par exemple, les pièces que les femmes donnent au théâtre sont jugées avec une rigueur excessive. Il n'y a qu'un seul homme qui souffre : c'est l'amant ; et cette idée-là même rend plus sévères les autres spectateurs.

La galanterie n'existe donc pas dans le public rassemblé pour juger les productions d'une femme, il s'en faut bien : comme chacun voudrait être l'amant, nul n'est ami alors ; et tous les hommes ont une disposition secrète à rabaisser la femme qui veut s'élever jusqu'à la renommée. Cet amour-là leur déplaît ; car c'est bien assez d'être subjugué par la beauté, sans l'être encore par les talents. D'ailleurs, comme la femme est assez inexorable quand elle juge ce qu'elle n'aime pas, les femmes auteurs payent, ce jour-là, pour tout leur sexe. Un triomphe éclatant serait fort alarmant pour l'orgueil et pour la liberté des hommes.

Comme il n'y a rien de plus éloigné de la femme que la véritable humilité, c'est là précisément la vertu que l'homme voudrait lui inspirer, et c'est à celle-là même qu'elle se refuse le plus constamment. La femme se ressouvient toujours de ses priviléges, même en oubliant ses devoirs. Ainsi, à travers tous les compliments dont l'homme

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