Tableau De Paris
Mémoires Gratuits : Tableau De Paris. Recherche parmi 297 000+ dissertationsPar anais_976 • 2 Novembre 2013 • 329 Mots (2 Pages) • 830 Vues
Dans son Tableau de Paris, Louis-Sébastien Mercier observe les comportements de la
société tout entière. Dans l'extrait ci-dessous, il se préoccupe de la question des
femmes en se livrant à une réflexion hardie pour l'époque.
Si l'on ne défend point aux femmes la musique, la peinture, le dessin, pourquoi
leur interdirait-on la littérature? Ce serait dans l'homme une jalousie honteuse que de
repousser la femme dans l'ignorance, qui est un défaut avilissant. Quand un être
sensible a reçu de la Nature une imagination vive, comment lui ravir le droit d'en
disposer à son gré?
Mais voici le danger. L'homme redoute toujours dans la femme une supériorité
quelconque; il veut qu'elle ne jouisse que de la moitié de son être. Il chérit la modestie
de la femme; disons mieux, son humilité, comme le plus beau de tous ses traits; et
comme la femme a plus d'esprits naturel que l'homme, celui-ci n'aime point cette
facilité de voir, cette pénétration. Il craint qu'elle n'aperçoive en lui tous ses vices et
surtout ses défauts.
Dès que les femmes publient leurs ouvrages, elles ont d'abord contre elles la plus
grande partie de leur sexe, et bientôt presque tous les hommes. L'homme aimera
toujours mieux la beauté d'une femme que son esprit; car tout le monde peut jouir de
celui-ci.
L'homme voudra bien que la femme possède assez d'esprit pour l'entendre, mais
point qu'elle s'élève trop, jusqu'à vouloir rivaliser avec lui et montrer égalité de talent,
tandis que l'homme exige pour son propre compte, un tribut journalier d'admiration.
[...]
Ainsi à travers tous les compliments dont l'homme accable la femme, il craint ses
succès; il craint que sa fierté n'en augmente et ne mette un double prix à ses regards.
L'homme veut subjuguer la femme tout entière, et ne lui permet une célébrité
particulière, que quand c'est lui qui l'annonce et qui la confirme. Il consent bien qu'elle
ait de la réputation, pourvu qu'on l'en croie le premier juge et le plus proche
appréciateur."
...