Sénèque, apprendre à vivre. Choix de lettres à Lucilius. Lettre LXXVII.

Sénèque apprendre à vivre

Choix de Lettres à Lucilius

Lettre LXXVII

pages 183à 189

Introduction.

Comment dans cette œuvre de vieillesse avec cette lettre didactique Sénèque évoque-t-il une vision sur le thème du suicide ?

I – Les visions de Sénèque.

a) L’épicurisme, stoïcisme.

b) Sénèque et la mort.

II – Les leçons du maître à son disciple.

a) A la découverte de la lettre.

b) Un discours illustré d’anecdotes.

Conclusion.

Élève du stoïcien Attale, Sénèque est à la fois un maître de rhétorique, proche conseiller et précepteur de l’empereur Néron. Sénèque s’applique tout au long de sa vie à suivre la sagesse des stoïciens. Il va se questionner avec beaucoup de rigueur sur l’art de bien vivre et de bien mourir.

Il se penche sur l’art de bien mourir dans les Lettres à Lucilius, qui n’est autre qu’une correspondance entre lui et Lucilius. Deux autres œuvres épistolaires ont comme destinataire son ami Lucilius,  Sur la providence et Questions naturelles. C’est pendant les trois dernières années de sa vie que Sénèque écrit ses 124 lettres, synthèse sur les grandes questions politiques, morales, philosophiques et personnelles.

Il s’ouvre les veines après avoir pris de poison, sur l’ordre de Néron.

La lettre76précéde celle que nous allons voir. Elle évoque que même vieux, l’auteur souhaite apprendre encore. Et il prouve derechef qu’il n’y a de bon que ce qui est honnête.

Tandis que la lettre 78, informe Lucilius qu’il ne faut pas craindre les maladies, ni la souffrance. Elle est illustrée par le souvenir d’une grave maladie de jeunesse.

Comment dans cette œuvre de vieillesse avec cette lettre didactique Sénèque évoque-t-il une vision sur le thème du suicide ?

I- Les visions de Sénèque.

Sénèque compte parmi les plus grands stoïciens tout comme Epictète et Marc-Aurèle. Il a rédigé de nombreuses pensées philosophiques, écrit des discours, des poésies, des lettres et des dialogues, tout en se faisant connaître comme dramaturge. Diderot le nomme « le précepteur du genre humain ».

Sénèque mêle les philosophies épicuriennes et stoïciennes pour que Lucilius apprenne à mener une vie meilleure et plus saine.

a) Épicurisme, stoïcisme.

Nous notons trois périodes dans le stoïcisme, l’ancien stoïcisme datant de l’an 3 av Jc est constitué de grands philosophes tels que Zénon de Cition, Cléanthe et Chrysippe. Suivit du moyen stoïcisme datant des deux dernières années av Jc avec comme philosophes Panaitios de Rhodes et Posidonios. Et enfin le stoïcisme impérial datant des deux premiers siècles après Jc avec comme philosophes Sénèque, Epictète et Marc Auréle.

L’épicurien pense en priorité à tout ce qui contribue au plaisir tandis que le stoïcien est impassible face à la douleur et au malheur.

Pour un épicurien quand il n’y a plus de souffrance, il peut vivre paisiblement. Il se contente des petits plaisirs que peut offrir la vie.

En tant qu’épicurien, il y a plusieurs choses auxquels il doit s’exercer pour pouvoir vivre sans souffrance : méditer jour et nuit, renoncer aux richesses, ne pas redouter la mort mais la méditer, être plus favorable à l'amitié, profiter de chaque instant de la vie. Pour Epicure, fondateur de l’épicurisme, ce qui importe le plus dans sa philosophie s’est de soigner son âme tout en apprenant à l’homme à profiter des plaisirs de la vie.

Sénèque s’inspire de Zénon, le fondateur du stoïcisme, pour vivre. En effet, pour le stoïcien la priorité est le bien moral, la raison. Il dit que le suicide c’est de surmonter son destin puisqu’il décide de quand, comment et où leur route s’achève. Selon le stoïcien : «  chaque chose arrive pour une raison, c’est une éternelle vérité. ». Et d’en conclure : «  tout arrive selon le destin. ». Certes, le monde et l’homme sont tous les deux des êtres vivants et pour vivre ensemble ils doivent être en harmonie. L’un des grands thèmes, du stoïcisme, est la palingénésie, c’est-à-dire l’éternel recommencement. Le temps dynamise à la fois la vie et l’harmonie.

Ainsi il encourage à aller de l’avant.

D’après eux tout ce qu’ils sont ne dépend pas d’eux mais de l’extérieur. Ils n’ont aucun contrôle sur la beauté, la force, la santé, la richesse, le plaisir et la souffrance. La seule chose qui dépende d’eux, c’est de vouloir faire le bien.

Zénon définit le choix de vie stoïcien comme : «  Vivre d’une manière cohérente, c’est-à-dire selon une règle de vie harmonieuse, car ceux qui vivent dans l’incohérence sont malheureux. ».

b) Sénèque et la mort.

Pour le sociologue Albert Bayet, la morale de Sénèque est nuancée puisqu’elle juge les différentes raisons qui amènent les gens à se suicider. D’après Sénèque, la mort n’est rien qu’une étape permettant uniquement de pouvoir se reposer avant de vivre à nouveau. Dans la lettre 91, il écrit à Lucilius : « Nous naissons inégaux, mais nous mourrons égaux », ainsi pour lui, quel que soit la vie que nous menons nous seront semblable face à la mort.

Selon Sénèque, nous ne vivons que pour rendre service aux autres. Lui-même malade, il souffre d’asthme, ne se suicide pas pour que son père n’est pas à vivre son décès. Il écrit dans la lettre 54 : «Souvent, l’envie m’a pris de m’arracher à la vie. Le grand âge de mon excellent père m’en a empêché. J’ai pensé, en effet, non pas au courage que je montrerais par ma mort mais à celui qui lui manquerait pour supporter ma perte. C’est pourquoi

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