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Synthèse Du Premier Chapitre De La Critique Littéraire, Fabrice Thumerel, éd. Armand Colin

Note de Recherches : Synthèse Du Premier Chapitre De La Critique Littéraire, Fabrice Thumerel, éd. Armand Colin. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Février 2015  •  2 798 Mots (12 Pages)  •  1 815 Vues

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Synthèse du premier chapitre de La critique littéraire,

Fabrice Thumerel, éd. Armand Colin.

Avant-propos

De l’utilité de la critique

La critique est-elle un genre littéraire à part entière ou un simple métadiscours littéraire ? Doit-elle guider la création ou être créatrice elle-même ? la critique sert-elle la littérature ou s’en sert-elle ? Lui est-elle indispensable – parce qu’elle l’éclaire et l’informe- ou lui est-elle nuisible – parce qu’elle la rend hyperthéorique ? Le critique est-il un écrivain rare ou un véritable créateur ?

Où doit-il chercher le fondement de sa démarche : du côté de l’auteur, du texte ou du lecteur ?

1. Définitions

1.1 Définition a minima

Jean Bellemin-Noël : le critique n’est pas n’importe quel lecteur. « Le critique est ce lecteur qui écrit le résultat de sa lecture afin que d’autres, plus pressés ou moins disponibles pendant leur parcours du texte, trouvent occasion de lire autrement –sous entendu : un peu mieux, vers plus de richesse »

Donc, plus encore que tout autre lecteur, il est à la fois séduit et frustré par l’œuvre ; ne désirant pas seulement le livre dans son intégralité mais dans son écriture même, il ne peut se contenter d’une lecture passive : c’est à partir de l’œuvre et sur l’œuvre qu’il se met à écrire pour combler ce manque – autrement dit, il répond à un premier acte créateur par un second.

Opérateur, le critique est encore un transmetteur, pour reprendre la terminologie de Roland Barthes dans Critique et vérité. Plaque sensible qui réagit à ce qu’il lit, il (ré)évalue les œuvres pour ses contemporains ; le critique est donc doté d’un important pouvoir de consécration.

Dès lors, il constitue la plaque tournante de la réception des œuvres. Son influence sur les écrivains peut être considérable, tant sur le plan psychologique que littéraire ou social (cf l’impuissance créatrice qui frappa Mauriac ou Genet après le analyses polémiques ou brillantes de Sartre)

Ainsi le critique est celui, qui, sans prétendre se substituer à l’auteur ou au lecteur, ne crée pas mais recrée l’œuvre – et par là même se crée lui même.

La critique est essentiellement communication : transitif, le discours critique établit une double médiation entre, d’une part, l’univers de l ‘écrivain et celui du critique, et d’autre part, entre le point de vue de ce critique et celui du lecteur.

La définition de la critique varie selon que l’œuvre est considérée comme objet de jugement, de plaisir ou de compréhension, et que le fondement de son discours est recherché du coté de l’auteur, de l’œuvre ou du lecteur-critique.

1.2 L’art de juger les œuvres

1580 : l’humaniste Scaliger s’appuie sur l’étymologie des mots pour définir la critique comme « l’art de juger les qualités et défauts des œuvres de l’esprit »

Publier, c’est se soumettre au jugement des lecteurs, quels qu’ils soient. En cela, la maxime de Gustave Lanson est indéniable « Qui publie s’expose à la critique et reconnaît les droits de la critique »

Witold Gombrowicz : « je me demandai s’il est bien correct que les auteurs en écrivant leur livre aient toujours l’air de se dire indifférents à la critique. En réalité nous écrivons tous pour des lecteurs, leur jugement est pour nous décisif, et la crainte de ce jugement nous hante " Pour l’auteur de Ferdydurke, on ne peut combattre efficacement les excès de la critique que si l’on admet ce constat pour principe.

1.2.1. La « critique a priori ».

Lorsque ces lecteurs professionnels font reposer leurs jugements sur un ensemble de règles fini qu’ils tentent d’imposer, leur volonté –affichée plus ou moins clairement- est de régir la création.

Grâce à ses qualités intellectuelles, le critique se croit capable de guider les artistes

( cf Desfontaine qui exalte encore ce type de critique éclairée au XVIII° siècle)

( Boileau : le critique = « un censeur solide et salutaire que la raison conduit et le savoir éclaire » )

Celui que Baudelaire appelle le « doctrinaire du Beau » (Exposition Universelle, 1855, tome II) rend ses arrêts au nom des règles (XVII° siècle) mais aussi du bon goût ( XVIII° siècle) ou d’une doctrine politique, morale, voire religieuse (XIX° et XX° siècle). Toujours est-il que, dans tous les cas, les théories esthétiques masquent les partis pris idéologiques.

Cette critique dogmatiques est classificatrice : à chaque genre ses règles d’écriture, ses auteurs et ses œuvres : seuls accèdent au statut de « chefs d’œuvre » - et donc de modèles - les ouvrages que le respect des règles a conduits à la perfection.

La réserve essentielle que formulent déjà La Bruyère et Diderot à l’encontre de cette « critique a priori » - qui, pour Michel Tournier, engendre l’académisme et constitue un « crime de lèse-liberté créatrice » (« Kant et la critique littéraire », in Le Vol du Vampire, Mercure de France, 1981) – est qu’il ne saurait y avoir de souverain juge.

1.2.2. La critique du jugement a posteriori

Elle se veut plus souple, plus subjective, plus relative que la critique a priori : il s’agit de théoriser ses impressions personnelles pour évaluer – longtemps ou peu après sa parution - les qualités intrinsèques d’une œuvre et son originalité par rapport à son horizon social et culturel.

C’est la tâche qu’assigne M. Butor aux journalistes contemporains, qui se doivent d’être non des contrôleurs mais des prospecteurs : la critique devient alors un ouvrage qui sera le « complément nécessaire » de l’œuvre  idéal quasiment irréalisable.

Entre 2 attitudes de fuites ( le silence sur l’œuvre et le refuge dans le passé), Michel Tournier signale ce qui reconduit irrémédiablement cette critique au dogmatisme : ériger en modèle une œuvre ( ou un type d’œuvres) et tenter d’imposer ses goûts aux lecteurs. Et plus fondamentalement, décréter qu’une œuvre est originale ou pas relève

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