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Shakespeare

Analyse sectorielle : Shakespeare. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Février 2014  •  Analyse sectorielle  •  9 603 Mots (39 Pages)  •  607 Vues

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Trois événements ou causes peuvent nous aider à comprendre pourquoi Shakespeare a choisi le sujet de cette tragédie barbare.

En 1601 le comte de Southampton, son protecteur, est emprisonné. Lieutenant du comte d’Essex, il a pris part à la rébellion de son chef contre le pouvoir royal. À partir de cette année-là, les pièces du dramaturge deviennent sévères, mélancoliques, pessimistes.

La pièce a été jouée (voire utilisée) à l’occasion des fêtes organisées pour le roi Christian de Danemark en visite à Londres. Le roi écossais Jacques VI Stuart est monté sur le trône d’Angleterre sous le nom de Jacques 1er en 1603. Il comptait Banquo parmi ses ancêtres, il était en outre réputé pour son horreur du crime politique. Shakespeare s’est sans doute souvenu aussi d’une petite pièce de vers constituée d’une seule scène récitée en 1605 par trois étudiants d’Oxford à l’occasion de la visite du couple royal dans la ville.

Enfin le public, friand d’action violente, de discours des puissants, de luttes épiques, se régale du spectacle de l’histoire (ici aux confins de la légende) montée sur scène, rendue compréhensible par sa dichotomie entre bons et méchants. La pièce poétisée à souhait doit nourrir son désir d’évasion.

Shakespeare s’est largement inspiré des Chroniques d’Angleterre, Écosse et Irlande (1577) de Holinshed2 dont il a compilé plusieurs épisodes eux-mêmes légèrement adaptés pour correspondre au goût de l’époque, à la bienséance politique due au monarque et surtout à la dramatisation du récit.

Macbeth relate donc une série d’événements qui se sont produits au XIe siècle en Écosse. Pour l’essentiel, Shakespeare a combiné deux récits distincts.

Dans le premier, le roi Duncan avait, par faiblesse, négligé la perception de ses droits auprès de ses vassaux. Banquo, thane de Lochaber, chargé de recueillir les revenus du roi, se vit donc obligé de punir avec sévérité quelques-uns des plus coupables, ce qui occasionna une révolte. Les mutins dirigés par Macdowald reçurent le soutien de mercenaires irlandais, mais ils furent défaits par les troupes de Macbeth. Le vainqueur fit décapiter le cadavre de son adversaire et imposa un lourd tribut aux révoltés. Ainsi assura-t-il sa réputation de cruauté. Peu de temps après, Suénon, roi de Norvège, qui avait mené un raid contre l’Écosse écrasa les troupes de Duncan. Macbeth et Banquo vinrent une nouvelle fois au secours du roi. Ils massacrèrent tous les Norvégiens à l’exception de Suénon et de quelques compagnons qui parvinrent à s’échapper. Ce fut ensuite le débarquement d’une armée de Danois, sous les ordres de Canut, roi d’Angleterre, qui venait venger son frère Suénon. Une fois encore, Macbeth et Banquo défirent les ennemis de Duncan. Quelque temps après Macbeth et Banquo qui se rendaient à Fores pour retrouver le roi rencontrèrent au milieu d’une lande trois femmes bizarrement vêtues et « semblables à des créatures de l’ancien monde » qui promirent la couronne à Macbeth. Banquo récrimina et s’entendit répondre que sa descendance régnerait. Quelque temps après, le thane de Cawdor ayant été mis à mort pour trahison, son titre fut confié à Macbeth, qui commença, ainsi que Banquo, à croire aux prédictions des sorcières et à rêver aux moyens de parvenir à la couronne. Il pouvait l’espérer car la loi d’Écosse stipulait que, si le roi mourait avant que ses fils ou descendants en ligne directe fussent assez âgés pour diriger les affaires du royaume, on élirait à leur place le plus proche parent du roi défunt. Or les fils de Duncan n’étaient pas encore en âge de régner. Mais Duncan désigna, avant l’âge, son fils Malcolm pour lui succéder sur le trône. Macbeth, aiguillonné par sa femme Caithness, vengea l’injustice que le roi lui infligeait. Macbeth ayant assemblé un grand nombre de ses amis qu’il informa de son projet, tua Duncan en 1040, et prit sans difficulté possession de la couronne.

Dans le second, Shakespeare s’est inspiré du meurtre du roi Duffe, assassiné, plus de soixante ans auparavant, par un seigneur écossais nommé Donwald. Duffe voulait protéger le peuple contre les seigneurs oisifs ou malfaiteurs. Il en fit exécuter plusieurs, força les autres à s’exiler ou à exercer un métier. Cette petite noblesse en fut offensée et considéra le roi comme un ennemi indigne de la gouverner. Il se produisit plusieurs révoltes, dont celle de quelques jeunes gentilshommes, parents de Donwald, lieutenant pour le roi du château de Fores. Donwald avait servi fidèlement le roi, il entreprit de demander la grâce de ses parents capturés, ce qui lui fut refusé. Il en conçut un violent dépit. Sa femme, exaspérée contre le roi pour les mêmes raisons, excita son mari et lui montra combien il serait facile de se venger de Duffe lorsqu’il viendrait, comme souvent, loger à Fores, sans autre garde que celle du château, entièrement à leur dévotion. Shakespeare a repris les circonstances du meurtre : ivresse provoquée des chambellans, forfait nocturne, prodiges qui l’accompagnent…

La suite de la tragédie reprend la vie de Macbeth qui, tenaillé par la peur et le remords, se montre cruel. Il assassine Banquo. Il jalouse la puissance de Macduff et tente de le tuer. Macduff, prévenu du danger, passe en Angleterre, pousse Malcolm, qui s’y est réfugié, à venir réclamer ses droits. Macbeth fait massacrer tout ce qui appartient au fuyard. La mort de Macbeth, les prédictions qu’il a reçues et la manière dont elles sont accomplies, sont de même issues de la chronique.

Shakespeare unifie donc les deux récits et leur donne cette coloration magique et tragique si particulière. Il condense les événements, il recourt de manière appuyée au fantastique pour suggérer un au-delà attaché à la perte de l’homme. Il crée surtout un engrenage fatal qui fait surgir les forces obscures sommeillant dans le cœur de tout être. Il examine en tant que dramaturge une question qui va irradier tout le siècle, celle de la prédestination3. L’être humain est-il attaché à une ligne de vie préalablement arrêtée par Dieu ? La liberté individuelle a-t-elle un rôle à jouer dans le salut ? Sous le vernis chrétien Shakespeare découvre les pulsions barbares, la nature violemment pécheresse du couple humain confronté aux illusions corruptrices de l’avoir, du savoir et du pouvoir.

Résumé

Acte 1 : la rapide montée vers le régicide

Acte 1 Scène 1

Trois sorcières annoncent qu’elles ont rendez-vous sur la lande avec Macbeth.

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