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Rousseau Lettre à d'Alembert

Commentaire de texte : Rousseau Lettre à d'Alembert. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  1 578 Mots (7 Pages)  •  606 Vues

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Le XVIIIe siècle, autrement dit le siècle des Lumières, voit l'essor d'une conception du théâtre fondée sur la volonté de prodiguer une instruction morale aux spectateurs par le biais de l'amusement et dont se réclame notamment le philosophe et mathématicien français d'Alembert qui plaide pour l'établissement d'un théâtre à Genève dans un article intitulé "Genève" paru dans le tome VII de l'Encyclopédie alors que le théâtre fut interdit là-bas en 1617 par Calvin. Toutefois, cette conception n'enchante guère l'Église qui estime que le théâtre est dangereux dans la mesure où sa finalité ne consiste qu'à procurer qu'un vain plaisir, par conséquent, on assiste à une vive opposition auquel Rousseau prendra part et qui s'inscrit dans la Querelle du théâtre ayant émergée au XVIIe siècle. En effet, Rousseau émet une objection à l'égard de cet article dans le cadre d'une lettre ouverte, en d'autres termes une lettre exposée publiquement, qui s'intitule "Lettre à d'Alembert sur les spectacles" destinée à d'Alembert et publié le 2 octobre 1757 à travers laquelle Rousseau élabore une critique acerbe du théâtre en lui ôtant une quelconque vertu particulière, en l'occurrence le caractère didactique et moral qui lui sont attribué par d'Alembert et souligne en outre les conséquences néfastes et dangereuses générées par le théâtre. Ainsi, nous déterminerons dans quelle mesure la représentation théâtrale relève t'elle de l'immoralité ? Il s'agira en premier lieu d'évoquer le plaisir procuré par le théâtre puis nous nous attarderons sur l'excitation des penchants et la subversion qui en résulte.

I-

Dans sa préface, Rousseau évoque les multiples raisons l'amenant à composer cette lettre adressée à d'Alembert. Il affirme en effet agir par devoir "justice et vérité sont les devoirs de l"Homme" mais également par patriotisme "il faudrait que mon zèle pour mon pays fût moins connu, qu'on supposât que l'article Genève m'eut échappé, ou qu'on ne put inférer de mon silence que j'adhère à ce qu'il contient", de ce fait, il s'emploie à démontrer le caractère éminemment immoral du théâtre afin de maintenir l'ordre de la société genevoise. En effet, dans un premier temps il met en évidence que le théâtre suscite essentiellement du plaisir "l'objet principal est de plaire" et suscite également des amusements futiles "je vois d'abord qu'un spectacle est un amusement" et Rousseau rappelle que "tout amusement est un mal" dans la mesure où il constitue une perte de temps, or le temps est précieux et l'homme a de nombreux devoirs à accomplir, ainsi le plaisir ne peut aucunement revêtir une quelconque utilité majeure et conduit l'homme à l'oisiveté. Rousseau réfute en outre cette prétention du théâtre à rassembler les gens et indique qu'il les isole davantage, car ils les amènent à oublier leurs proches, leurs amis, leurs parents et les devoirs qu'ils ont à l'égard d'eux pour les livrer plutôt à un plaisir frivole. Rousseau illustre ce point en évoquant une homélie, c'est-à-dire une prêche énoncé par un prêtre, en l'occurrence cette homélie relative à un chapitre de l'Évangile de Matthieu émane de Saint-Jean Chrysostome dans laquelle les spectateurs des cirques et des jeux de la ville de Rome sont blâmés de manquer leurs devoirs à l'égard de leurs femmes et de leurs enfants. Ainsi, le théâtre peut exister que par sa sa capacité à plaire et par conséquent le théâtre est soumis à leurs désirs, or, si le théâtre revêtait effectivement un intérêt didactique et qu'il permettait de changer les mœurs comme l'affirme d'Alembert et les partisans d'un théâtre moral, alors c'est lui qui devrait soumettre le publique à sa volonté et non pas l'inverse. En effet, l'écrivain français souligne que l'auteur dramatique ne jouit point d'une quelconque liberté et que l'élaboration de sa pièce obéit nécessairement aux aspirations du public et ne peut donc ni le choquer, ni le remettre en question, ni avoir un effet moral sur lui "Ainsi l'auteur ne fait [...] que suivre le sentiment du publique", "Qu'on n'attribue donc pas au théâtre le pouvoir de changer des sentiments ni des mœurs". Afin d'illustrer sa réflexion, l'écrivain français a recours à l'exemple du Misanthrope de Molière et met en exergue la servilité dont fait preuve celui-ci. En effet, Rousseau déplore la déformation du personnage d'Alceste et de son caractère, celui-ci apparaît à travers la pièce comme un personnage emporté, qui n'est plus maître de soi-même et qui est "déterminé par la nature de sa passion dominante". Rousseau énumère trois moments particuliers, le premier se situe dans l'acte I scène 2 lorsque Alceste est pris de colère dans la scène du sonnet d'Oronte, le second se situe dans l'acte IV scène 4 lorsqu'il s'emporte à cause de l'attitude du valet Dubois et le troisième se situe dans l'acte V scène I lorsqu'il exprime son dépit de perdre son procès. Rousseau estime que

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