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Retraçage de l'évolution de la pensée des Essais de Montaigne

Cours : Retraçage de l'évolution de la pensée des Essais de Montaigne. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Janvier 2013  •  Cours  •  632 Mots (3 Pages)  •  871 Vues

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De nombreux auteurs ont essayé de retracer l'évolution de la pensée des Essais. Les travaux de Pierre Villey7 montrent que Montaigne fut d'abord influencé par le stoïcisme qu'il pratiqua sous l'influence de La Boétie, et qu'on a parfois qualifié de « philosophie directrice23 » des Essais, avant d'évoluer vers l'épicurisme, en passant par une crise sceptique que révèle notamment le plus long chap. des Essais, l'« Apologie de Raymond Sebond ». Néanmoins, toutes ces influences se retrouvent dans les Essais sans que Montaigne adhère entièrement à l'une ou l'autre doctrine : « On ne peut le dire ni stoïcien, ni épicurien, ni même sceptique pur1. » Peut-on même le dire philosophe ? Lui-même n'a pas la prétention (« Je ne suis pas philosophe. »13) de se hausser au niveau de tous ces penseurs abstraits et idéalistes, qui se font de l'homme une idée trop ambitieuse. On ne trouve pas dans les Essais de système philosophique figé, mais plutôt une pensée personnelle et mouvante, nourrie de multiples influences extérieures.

Du stoïcisme, Montaigne retient la solution stoïcienne aux problèmes de l'existence : se libérer des biens extérieurs pour être heureux, « savoir être à soi24 ». Son maître stoïcien est Sénèque, à qui il fait très souvent référence dans les deux premiers livres. Néanmoins, le stoïcisme de Montaigne est beaucoup plus de nature littéraire que philosophique. Si l'on examine les emprunts de Montaigne à Sénèque, on s'aperçoit qu'il ne retient guère la leçon de volonté et de force morale du maître pour lui préférer ses analyses psychologiques sur la colère, la tristesse, tout ce qui fait la richesse de l'homme et qui fascine l'auteur des Essais : « je n'ai dressé commerce avec aucun livre solide, sinon Plutarque et Sénèque, où je puise comme les Danaides, remplissant et versant sans cesse25. » En définitive, la fameuse « période stoïcienne » de Montaigne n'aurait donc jamais existén 4.

Si Montaigne n'est donc pas à proprement parler stoïcien, qu'en est-il de son fameux scepticisme ? On a souvent résumé les Essais à cette formule de l'« Apologie de Raymond Sebond5 », « que sais-je ? ». Étrange apologie, qui soutient des points de vue radicalement opposés à ceux du théologien espagnol ! Le problème initial est le suivant : la raison humaine peut-elle fonder la croyance religieuse ? Montaigne répond que non, au contraire de Sebond. Mais il ne s'arrête pas là. Alors que Sebond fait de l'homme le sommet de la création, Montaigne accumule dans l'Apologie ses arguments contre les prétentions de l'homme à dépasser sa propre humanité-voire sa propre animalité. Il y fait un exposé assez fidèle de la doctrine sceptique, qu'il connaît essentiellement par sa lecture des Hypotyposes de Sextus Empiricus, dont il reprend la théorie de la connaissance, : le jugement de l'homme est corrompu par le corps et les passions; les sens, sur lesquels nous nous appuyons, ne nous permettent pas d'accéder au réel; enfin, la raison ne saurait aboutir à quelque certitude que ce soit.

Tout ceci est illustré de manière très décousue, selon le style habituel des Essais

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