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Qu’apprend Le regard éloigné (issu du roman des lettres persanes de Montesquieu) au lecteur et de quelle manière ?

Dissertation : Qu’apprend Le regard éloigné (issu du roman des lettres persanes de Montesquieu) au lecteur et de quelle manière ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Janvier 2021  •  Dissertation  •  1 266 Mots (6 Pages)  •  1 345 Vues

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Dissertation regard éloigné

 Les lettres persanes, roman de Montesquieu, nous offre le regard de persans sur la société française de l’époque. Cette œuvre est l’illustration typique de ce qu’on appelle le regard éloigné ; ce dispositif narratif, en plus de celui qui consiste à adopter la posture de scribe plutôt que celle d’auteur, est un moyen pour Montesquieu de critiquer cette société française. Le regard éloigne désigne donc procéder de décentrement du point de vue dont la fonction didactique semble particulièrement efficace.

Qu’apprend le regard éloigne au lecteur de quelle manière ?

Dans un premier temps nous verrons que Le regard éloigné invite le lecteur à expérimenter un autre point de vue, puis nous étudierons son caractère Plaisant car neuf et étonnant par la jouvence du regard. Ce regard peut être doublement éloigné quand l’auteur se cache derrière la prétention de na pas avoir inventé ce qu’il montre, c’est à dire d’avoir un regard objectif. Enfin nous verrons comment cela fait passer plus facilement la critique pour le lecteur.

Dans les Lettres persanes de Montesquieu la société française est décrite à travers les yeux d’un étranger comme si les Français se regardaient dans un miroir, c’est-à-dire en face, sans concession ; il y a donc une sorte d’objectivité du regard car les étrangers ne sont pas encartés dans les mœurs et les habitudes culturelles. Or, si l’on en croit la Boétie dans le Discours de la servitude volontaire, l’habitude est ce qui a le plus de pouvoir sur notre comportement : « Nul doute que ce ne soit la nature qui nous dirige d’abord suivant les penchants bons ou mauvais qu’elle nous adonnés ; mais aussi faut-il convenir qu’elle a encore moins de pouvoir sur nous que l’habitude ; car, pour si bon que soit le naturel, il se perd s’il n’est entretenu ; tandis que l’habitude nous façonne toujours à sa manière en dépit de nos penchants naturels. »

De la même manière, Lévi-Strauss, dans Tristes Tropiques, nous parle d’autres cultures. Il s’agit d’un Français qui parle des Brésiliens mais d’une manière différente, anthropologique, et non fictionnelle.

 

Ce différent point de vue nous est souvent donné de manière pédagogique. Par exemple, dans la lettre 99 des Lettres persanes, on trouve un aspect comique lorsqu’on parle des architectes qui changent la taille des portes en fonction de la mode. Les étrangers voient les choses comme elles sont, les perruques sont immenses et ridicules. « Il a été un temps que les hauteurs immenses mettaient le visage d’une femme au milieu d’elle-même ».

Intéressons-nous maintenant à cette citation de l'Eloge de la folie d'Erasme : « Que serait la folie si on en retranchait le plaisir ? — Vous applaudissez. — Je pensais bien qu'il n'y avait parmi vous personne d'assez sage... d'assez fou, voulais-je dire... mais non d'assez sage... j'avais raison d'abord, pour n'être pas de mon avis. »

Il faut prendre le temps de bien entendre cette phrase. Erasme commence par écrire « je savais bien qu'il n'y avait parmi vous personne d'assez sage » : en effet, qui serait assez sage pour détester le plaisir ? Puis il se reprend : « d'assez fou, voulais-je dire » ; parce qu'il faudrait être fou pour être aussi sage ! Puis : « Mais non d'assez sage » : c'est la Folie qui parle ; donc pour elle, la logique est d'associer la folie au bien et la sagesse au mal. Ainsi, si c'est une folie d'être aussi sage, c'est bien la sagesse qui est une vraie dangereuse folie, tandis que la Folie elle-même est bonne. Apparaissent alors deux sens du mot « folie ». L'auteur et son personnage, la Folie elle-même, sont obligés d'utiliser le sens commun (c'est-à-dire négatif) de ce mot, tellement il est ancré dans les esprits, même dans le leur...

D'où le : « j'avais raison d'abord, pour n'être pas de mon avis ». La Folie avait raison (il faut être effroyablement sage pour détester le plaisir). Lorsqu'elle ajoute « d'assez fou, voulais-je dire », elle sous-entend qu'elle s'est trompée, qu'elle a dit le contraire de ce qu'elle pensait. Mais elle avait raison de ne pas être de son avis (c'est-à-dire de ne pas être d'accord avec la supposée folie d'un tel sage) : car la vraie Folie, c'est elle, et elle est bonne. La sagesse folle n'a pas à s'appeler Folie ; c'est une démence, et sûrement pas de la sagesse. Car au fond... la sagesse, c'est la Folie. Ici, le regard est éloigné car c’est la folie elle-même qui parle de la manière dont elle s’observe chez les gens.

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