Qu'est-ce qui permet de dire que le roman de Madame Flaubert " Madame Bovary " se réfère au naturalisme ?

« Qu’est ce qui permet de dire que le roman Madame Bovary de Flaubert appartient au naturalisme ? »

En réaction au romantisme trop sentimental et au Parnasse trop formaliste, naît le réalisme puis le naturalisme. Délaissant les effusions sentimentales et les exploits purement formels, les auteurs se tournent vers le réel. Il s’agissait alors, pour la littérature de l’exprimer le mieux possible.

Tout d’abord, si l’on s’appuie sur les propos théoriques de Zola, le naturalisme est un mouvement littéraire qui ajoute au réalisme un projet scientifique. La narration est au service d’une démonstration et l’écrivain étudie un personnage placé dans un contexte. L’histoire est donc sociale et familiale. Zola explique « Je vais prendre une famille et en étudierai les membres un à un ». C’est tout à fait le cas de ce roman, Emma, tout comme Charles, ce « gars de la campagne », qu’on a « habillé en bourgeois », est prisonnière de son milieu rural. Elle a beau avoir lu le roman de Walter Scott et être allé au bal à la Vaubyessard, elle ne pourra pas échapper à son hérédité et à sa condition sociale. Pour Flaubert, Madame Bovary est donc la démonstration d’une « vie dans sa banalité quotidienne, avec ses répétitions et ses déceptions. »

La notion de naturalisme se fait sentir sur le comportement narcissique dans le personnage d’Emma quand elle rêve d’avoir une vie meilleure sous l’influence de la lecture d’oeuvres romantiques. On peut voir dans Emma l’un de ces personnages qui rêvent au delà de leur condition et ne peuvent donc pas atteindre des rêves trop grands pour eux. Une facette du naturalisme se remarque chez le personnage principal par le fait de ne pas admettre la vérité et de reprocher à ses proches qu’ils en soient responsables. Quand Emma annonce à deux reprises qu’elle a un amant : « J’ai un amant ! Un amant ! », la répétition produite chez le narrateur insiste sur le genre réaliste en renforçant le désir de possession et non dans la joie d’être aimée. Nous avons ici l’image d’une femme adultère et qui semble fière de l’être. Cela amène notamment au naturalisme en mentionnant et en démontrant l’égoïsme de la femme à acquérir toutes sortes de choses et de rêves qui ne sont qu’une fuite et la laissent insatisfaite. Pourtant, dès que Rodolphe se met à lui avouer son amour, ne réfléchissant même pas à la fiabilité de son discours, elle se sent touchée par ses compliments alors que Rodolphe profite de sa crédulité en employant des phrases d’un poème. Le réalisme met en évidence ici le caractère naïf d’Emma trop sensible à tout ce que l’on peut dire. En effet, le narcissisme et la naïveté sont spécifiques au réalisme, d’où découle le naturalisme. En ce qui concerne Charles, dès son entrée au collège, il se montre « homme de devoir » sans grandes ambitions mais qui cherche avant tout à faire plaisir. Tout son caractère est transposé dans la métaphore filée désignant l’aspect insignifiant de la casquette qui reflète sa personnalité.

Le naturalisme est manifesté par les défauts des personnages principaux décrits par le narcissisme d’Emma et la médiocrité de Charles. Dans l’extrait « du bal à la Vaubyessard », Emma se sent exclue au bon milieu des aristocrates qu’elle ne connaît pas et elle cherche à échapper à sa vie campagnarde d’avant mais elle est consciente du décalage de ses origines sociales. Ce passage se rapporte au camouflage carnavalesque de Charles quand il décide de se prendre pour un bourgeois alors qu’il ne l’est pas et

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