Proposition De Lecture Analytique Pour L'acte V, Scène 4 : Le dénouement Ruy Blas
Mémoire : Proposition De Lecture Analytique Pour L'acte V, Scène 4 : Le dénouement Ruy Blas. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar ertensus • 23 Juin 2013 • 1 286 Mots (6 Pages) • 1 234 Vues
Proposition de lecture analytique pour l'acte V, scène 4 : Le dénouement
Situation du texte :
✗ Acte V s'intitule « le tigre (=DS, ruse, puissance) et le lion (RB = courage, vaillance) » : le dernier acte met donc
en scène l'ultime (et le seul véritable) affrontement entre RB et DS.
✗ Dernière scène du dernier acte = dénouement
✗ Fonctions traditionnelles d'un dénouement :
✔ propose une solution à la crise (au « noeud » de l'intrigue) : ici, l'amour impossible entre un laquais et une reine
✔ opère un retour à l'ordre normal des choses
✔ règle le sort des personnages : RB se suicide, DS est châtié, la reine peut retourner à son « ennui » de reine (!)
✗ Précédemment :
✔ V,1 : RB qui pense la reine en sécurité s'apprête à se suicider.
✔ V,2 : Coup de théâtre. La reine rejoint RB dans la maison secrète de DS, trompée par le billet rédigé à l'acte I,
scène 4. RB, plongé dans le désespoir.
✔ V,3 : Nouveau coup de théâtre. DS apparaît et offre à la reine compromise de s'enfuir avec Don César. RB
finit par avouer sa véritable identité à la reine et tue DS afin de mettre un terme à son odieux chantage. Problématique : En quoi ce dénouement est-il original ?
I) Un dénouement romantique qui rompt avec la tradition classique ...
a) le refus de la règle de bienséance
– Non respect de la bienséance (cf. Boileau Art poétique « Mais il est des objets que l'art judicieux / Doit offrir à
l'oreille et reculer des yeux ») avec une mort en direct sur scène et une scène d'amour très démonstrative
– Hugo privilégie le spectaculaire avec :
– Dramatisation de la lente agonie de RB (v36 à la fin) : rythme décroissant des répliques.
– Gestuelle très démonstrative qui dit l'amour mieux que les paroles (inconcevable dans la dignité des personnages de la tragédie classique) : cf. didascalies « l'entourant de ses bras » / « tenant la reine embrassée » / « la reine le soutient dans ses bras » / « se jetant sur son corps » => présence charnelle des corps, loin de la froide grandeur
antique/classique
– Dynamisme de la scène qui s'oppose au statisme classique (cf. nombreux verbes de mouvement dans les
didascalies « fait quelques pas », « tombe », « se lève », « se levant », « courant », ...)
b) le mélange des genres et des registres
– Contraire à la séparation des genres prônée par le théâtre classique
– le tragique :
– Omniprésence du lexique lié à la mort
– Matérialisation d'un destin inévitable : la seule issue possible de RB est la mort v38 « Si j'avais pardonné ?
J'aurais agi de même »
– Visages multiples de la fatalité :
– Les machinations de DS dont l'engrenage implacable a mené au dénouement funeste
– l'amour (v7 « cet amour m'a perdu »)
– la différence de statut social (v34 « Que ce pauvre laquais bénisse cette reine »)
– la morale (serment inviolable du mariage) et l'honneur (RB ne peut déshonorer la reine)
– Certains éléments relèvent plutôt du mélodrame, notamment la fiole de poison posée sur la table et vers laquelle converge tous les regards (= un spectaculaire/une dramatisation plutôt mélodramatique). Forme de théâtralisation (théâtre dans le théâtre) de l'attitude RB :
– « Il (...) marche lentement vers la table »
– « Il prend la fiole posée sur la table, la porte à ses lèvres et la vide d'un trait » + déclamation désespérée « Triste flamme / éteins-toi ! »
– dramatisation dans les questions de la reine : « Que fait-il ? » (notez la double énonciation)/ « Quel est ce philtre étrange ? » / « Qu'avez-vous fait ? » / « Mais qu'avez-vous fait là ? » / « Ce n'est pas du poison, cette affreuse liqueur ? »
– Présence aussi de lyrisme (exaltation du sentiment amoureux) et de pathétique (souffrances de RB)
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