Pourquoi peut-on dire que ce prologue (avant-propos ou préambule) conclut un pacte de lecture avec son lecteur ?

Pourquoi peut-on dire que ce prologue (avant-propos ou préambule) conclut un pacte de lecture avec son lecteur ?

Structure de l'extrait : Rabelais évoque d'abord les boîtes nommées Silènes, puis le philosophe Socrate pour une 1ère recommandation au lecteur : ne vous fiez pas à l'apparence de cet ouvrage, il est plus sérieux qu'il n'y paraît. Les lignes 18 à 28 complètent cette 1ère recommandation. L'auteur évoque ensuite l'obstination du chinon avec son os. Le lecteur doit lui aussi rechercher dans le livre la substantifique moelle.

I. Le lecteur est vivement interpellé dans ce prologue

1) D'abord, il l'apostrophe de manière tonitruante (l.1) mais surtout irrespectueuse (vérolée très précieux). Rabelais ne semblent s'adresser ici cause amateur de plaisir (vin, sexualité) mais la suite du texte dément (=contredit) cette idée : il s'adresse aux lecteurs cultivés.

2) Toutes les références au vin sont là pour montrer que Rabelais souhaite un lecteur bon vivant, joyeux, ayant le goût de l'humour. Il souhaite également un lecteur sérieux qui s'obstine comme le chien à trouver les sens cachés du texte. En bref, le lecteur idéal est double : fou et sage, drôle et sérieux.

II. Quelles relations Rabelais souhaite-t-il entreprendre avec son lecteur ?

1) Une complicité intellectuelle : le locuteur (Rabelais) fait référence à une culture partagée. On note des références philosophiques (Platon (l.2), Socrate (l.9)), scientifiques (Galien (l.38)), mythologiques (Silènes (l.4), Bacchus (l.7).

2) Une participation du lecteur à la construction du sens : le locuteur construit son texte autour d'énigmes à décoder (Socrate, Silènes). Cette façon de procéder permet de développer de façon concrète, visuelle et ludique l'opposition entre l'être et le paraître. Rabelais utilise ici l'argumentation indirecte qui sera aussi défendue par son ami Erasme.

III. Le prologue n'introduit pas seulement le roman de Rabelais, il propose une définition de la lecture

1) Lire n'est pas que déchiffrer, le lecteur doit comprendre ce qu'il lit, ce qui implique des efforts : l.31 → déboucher une bouteille demande des efforts.

2) A ce prix, il découvrira les différents sens du texte (ex : la moelle dans l'os) et il ressentira du plaisir. Le mot « savoir » et « saveur » ont la même étymologie.

Conclusion :

Nous sommes prêts maintenant à lire et à savourer Gargantua.

...