Point De Vue Interne D'un étrangé

Je marchais dans la campagne avec mon compagnon Antoine Boitelle et ses parents. Je le vis rejoindre sa mère et rester à l’arrière avec elle. J’ai tout de suite compris que j’étais l’objet de leur conciliabule. Je ne pus entendre ce qu’il disait mais je voyais que la discussion était âpre, qu’il n’insistait point et semblait déçu. Il me dit qu’il ne comprenait pas pourquoi je ne les avais pas conquis, je l’avais bien conquis, lui. Et nous continuâmes à marcher dans cette campagne que je trouvais magnifique malgré le regard curieux et aiguisé des campagnards. Lorsque nous passions devant les clôtures, les gens venaient me regarder, les gamins grimpaient sur les talus, les paysans accouraient pour me voir, parfois même ils m’appelaient « la noire ». Je me sentais gênée, j’avais peur, un mal être m’envahit. Je demandais à Antoine ce que ses parents pensaient de moi quand soudain ils se mirent à courir. Antoine me répondit en hésitant qu’ils n’étaient pas encore décidés. Au moment où nous traversions le village, je vis toutes les personnes sortir de leur maison pour me voir passer, telle une bête curieuse. Les parents Boitelle regagnèrent le logis la tête baissée, sans un regard pour moi, tandis qu’Antoine me prenais d’un air énervé dans ses bras. Je compris à partir de ce moment là que c’était fini entre nous, ses parents ne voudraient jamais de moi, l’objet de foire. Je fus bouleversée comme mon ami et me mis à pleurer avec lui à l’approche de la ferme familiale.

Antoine me conduisit à la gare, m’embrassa et me mit dans le wagon, je le voyais il était désespéré. Il regarda mon train s’éloigner avec les yeux plein de larme. Il eut beau demander à ses parents à longueur de journée, ils ne cédèrent jamais, nos mondes étaient encore trop éloignés.

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