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Plan détaillé des poèmes : "sur une pierre" du "Texte de l'absence" de Wadih Saadeh ; "155" du "Portrait du poète en soufi" d'Abdelwahab Maddeb; "une fois" de "La vie subite" de Michel Deguy

Commentaire d'oeuvre : Plan détaillé des poèmes : "sur une pierre" du "Texte de l'absence" de Wadih Saadeh ; "155" du "Portrait du poète en soufi" d'Abdelwahab Maddeb; "une fois" de "La vie subite" de Michel Deguy. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  31 Mars 2020  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 793 Mots (8 Pages)  •  637 Vues

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Le voyage n’est pas une invention de notre modernité, il est présent au moins depuis l’Antiquité et s’associait déjà à la poésie, au vers. Le poète est un « voyageur ailé » selon Baudelaire. Mais dans quelle mesure ces poèmes : 155 de Meddeb, « une fois » de Deguy et « Sur une pierre » de Saadeh, transposent-ils à travers la thématique du voyage toute la profondeur de la quête poétique. D’abord la poésie est « une invitation au voyage » spatio-temporel mais aussi onirique. Puis le voyage devient une aventure, vers l’au-delà et l’infini. Enfin, la poésie est un voyage réel mais aussi imaginaire.

I. La poésie est « une invitation au voyage ».

a. Un voyage dans l’espace : la découverte d’un lieu précis.

Le poème 155 commence par la découverte d’un lieu vague: « en fin d’après-midi je suis entré dans une aire ». Emploi du présent de narration, accent mis sur la soudaineté de l’action comme on entre dans une porte, c’est un choc.

Les deux autres poèmes présentent une découverte par le souvenir : -Le poème « une fois » use de l’imparfait entrecoupé de présent. Il y a irruption dans le récit d’une analepse, emploi du verbe se souvenir : « c’était - je ne m’en souviens pas - une fin de déambulation hors de l’emploi du temps au nord de Central Park » ou Saadeh qui juxtapose présent et passé composé marquant une impossibilité de l’action corporel, physique mais un voyage mental voir astral : « je reviens enfin d’un lieu vers un autre que je n’ai pas quitté ».

b. La disparition du cadre spatio-temporelle.

Le cadre spatio-temporel est imprécis. Le poème 155 : la bizarrerie apparaît par contraste de la posture d’un narrateur stoïque face aux éléments troublés où tout se mélange, tout est en suspension : «  où la plante l’animal l’homme nagent dans le même flux ». Chez Deguy le fait relaté « dans l’après-midi » a une forme de prétérition « je ne m’en souviens pas » Pourtant la négation indique une impossibilité, serait-ce un songe, un mensonge ? Ce fait est « hors de l’emploi du temps », il y a densité poétique : « emploi du temps » peut-être un agenda ou le temps rectiligne immatériel.

Chez Saadeh :« je reviens de ce monde où je ne suis pas allé. […] une terre qui n’est pas ici. » Le voyage n’existe que dans le poème, rappel du « Anywhere out the World » de Charles Baudelaire.

c. L’égarement : l’espace-temps, réel/imaginaire, pensée/rêve.

La figure du vagabond (hère/erre), est un topoi. Baudelaire, section « Le Voyage » des Fleurs du Mal : « Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue,

Rêve, le nez en l’air, de brillant paradis »

155 : « vagabonds sublimes soucieux de leur présence au monde le yogi côtoie le soufi le pandit le ‘alim le sunnite le shiite le barbu l’illuminé le viril l’effémine l’extatique le sobre » C’est son égarement qui fascine et se révèle être une réflexion philosophique sur la dualité bien/mal en la personne de « Zarathoustra » de Nietzsche. L’égarement est poussé jusque dans l’écriture car il n’y a pas de ponctuation. Ainsi après une Histoire sans fin c’est une phrase sans fin qui égare le lecteur « sans fil rouge »(Ariane)/Deguy.

« une fois » l’égarement explicite :« ma phrase se brouille... » emploi des points de suspension et du verbe brouiller. Pour aboutir à une réflexion philosophique « ça ne revient pas au même ; et du pareil au même il y a la différence. » référence à Héraclite « on ne se baigne jamais deux fois dans un même fleuve » Égarement total. C’est « blanc bonnet et bonnet blanc ».

Dans « sur une pierre » plus de repère : « j’ai conversé avec les nuages bien que je sois muet. J’ai entendu le hennissement des galaxies bien que je sois sourd. J’ai vu des morts bien que je sois aveugle. » La succession de double impossibilité démontre un dialogue de l’absence et peut-être même une impossibilité de communication qui échappe au lecteur mais ne semble pas perturber les narrateurs.

II. Le Voyage c’est l’aventure, celui de la vie.

« Voyager, c’est grandir. C’est la grande aventure. Celle qui laisse des traces dans l’âme » dit Marc Thiercelin. Au-de-là de vagabonder, c’est devenir nomade. Nomade de la pensée, de la vie.

a. La vie, la mort, un allé sans retour ?

Francis Ponge marque la fin de ses poèmes par la mort de ce dont il parle en l’exemple du pain « la surface du pain est merveilleuse […] Mais brisons la ».

155 : une première lecture semble déroger aux autres poèmes en nous montrant une disparition : « le ciel vient de se couvrir par la cape de la nuit » l’image de la faucheuse ou aussi celle du Cauchemar par « le sang des hommes jusqu’à l’entrave la paralysie » (le tableau de Füssli). Pourtant cette citation : « le ciel...la nuit » marque la fin du poème mais aussi du recueil. Ce n’est pas une FIN définitive car plongée du néant apparaît le Big-Bang et nous pouvons recommencer la lecture comme la genèse par « ô souffle, ô voix ».

Les deux autres poèmes sont plus évidents dans leur volonté d’éternité : « une fois » le poème est sous le signe de l’oxymore « mortelle en revenant » et Saadeh reprend l’image de l’homme assis sept fois (chiffre de l’alliance de l’homme avec Dieu gage d’immortalité) qui devient un azimuth de as-mint, un repère quelque soit le lieu.

« j’aimerai écrire sur une pierre qui ne bouge pas de sa place

et sur une personne

assise tranquille

sur cette pierre. »

La dernière strophe nous apparaît à l’image de ceux d’Apollinaire comme une calligraphie représentant le poème se tenant sur une pierre. C’est la mise en abyme du poète et de sa poésie en clin d’œil au triple portrait de Norman Rockwell.

b.

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