Philosophie fiche sur le travail et la technique

LE TRAVAIL – LA TECHNIQUE

Vocabulaire

Travail : du latin tripalium (« instrument de torture »), désigne l’action par laquelle l’homme transforme la nature pour l’adapter à ses besoins (ou à ses désirs). L’étymologie suggère que le travail est une contrainte et une souffrance.

Aliénation : du latin alienatio (« aliéner »), le terme est synonyme chez Marx de dépossession et d’asservissement. C’est en particulier l’état du prolétaire dépossédé de son travail et lui-même dans l’économie capitaliste.

Technique : (du grec tekhnȇ, « habilité ») caractérise les moyens mis en œuvre pour transformer la nature pour l’adapter aux besoins de l’homme. Elle est souvent liée à un savoir-faire professionnel.

Progrès : c’est un changement d’état à une autre, notamment c’est le passage d’un niveau à un autre niveau supérieur.

Deshumanisation : c’est le fait de perdre le caractère humain d’un individu ou un groupe d’individu en perdant toute sensibilité et générosité.

Division du travail : c’est la décomposition du travail en taches précises aux travailleurs afin d’accroitre l’efficacité et la productivité et augmenter l’habilité de l’ouvrier en le spécialisant. Mais principalement ceci sert à renforcer le sentiment d’aliénation de l’ouvrier qui répète la même tache.

Loisir : (Du grec skolé=école) il désigne l’activité des citoyens libres et s’oppose au travail manuel considéré comme vil. Il désigne aussi l’activité en dehors du travail.

Machine : C’est une forme élaborée et complexe de l’outil qui combine plusieurs mécanismes. Au cours des siècles les machines sont devenues automatiques mais l’homme reste le créateur de ses machines.

Outil : Tout instrument qui sert à travailler. L’outil peut être considéré comme un prolongement de la main ou du corps de l’homme.

Propriété : Désigne ce que l’on possède. La propriété se distingue de la possession. La possession est simplement le fait d’avoir la chose, la propriété renvoie au droit que nous avons de posséder la chose.

Problèmes et enjeux

• Les anciens méprisaient le travail et s’en déchargeaient volontiers sur leurs esclaves. C’est qu’à leurs yeux, on ne pouvait vivre de manière pleinement humaine, qu’à condition d’être libéré de la contrainte du travail et de se consacrer à des activités plus nobles et plus enrichissantes.

Pourtant, les modernes voient en l’homme un animal fabricateur, voué par nature au travail et s’y accomplissant. On peut donc se demander si le travail est un obstacle à l’accomplissement de l’homme, ou s’il est au contraire, la condition. La question engage à l’évidence une réflexion sur la technique entendue comme l’ensemble des procédés élaborés par l’homme pour transformer la nature par le travail.

• Quelle est la valeur du travail humain ?une activité commandée uniquement par la nécessité d’échapper autant qu’on peut ? ou au contraire, une activité hautement morale formant la volonté et permettant même, pour peu qu’elle s’exerce dans des conditions satisfaisantes, la réalisation de soi ? Le travail ne renferme-t-il pas aussi la promesse d’une émancipation de l’homme rendu, grâce à la technique (« comme maitre et possesseur de la nature »Descartes)
• On se demande si l’aliénation que l’homme rencontre dans le travail et dans la technique est essentielle et irrémédiable ou bien s’il ne s’agit que d’effets pervers pouvant être évités.  

Passerelles

Conscience

Besoin

Autrui

Société et état et le droit

Bonheur

La religion

Le sujet

La morale

La liberté

Le devoir

La culture

L’art

Le désir

Le temps

La technique

Auteurs

Aristote : « le bonheur ne saurait être qu’une forme de contemplation » « l’esclave lui-même est une sorte de propriété animée et tout homme au service d’autrui est comme un instrument. Si les navettes tissaient d’elles-mêmes, les chefs n’auraient pas besoin des esclaves »  

Arendt : « C’est une société de travailleurs que l’on va délivrer des chaines du travail »

Nietzsche : « le travail constitue la meilleure des polices » « jusqu’ici toute élévation du type humain a été l’œuvre d’une société aristocratique qui a besoin d’une forme quelconque d’esclavage. »  = La société est en sécurité tant que les gens travaillent.

Marx : « le travail aliéné est mortification » > le travail à la chaine est postérieur à la mort de Marx, qui ignorait à quel point l’avenir allait lui donner raison. « ce qui distingue dès l’abord le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu’il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche »

Le travail est un acte qui se passe entre l’homme et la nature. Le but préexiste dans l’idée du travailleur c’est-à-dire transformer la nature et la matière. Mais le travail rend l’homme aliéné.

Bataille : « l’homme est l’animal qui n’accepte pas simplement le donné naturel, qui le nie »

Hegel : « le travail, au contraire, est désir réfréné, disparition retardée : le travail forme. Le rapport négatif à l’objet devient forme de cet objet même, il devient quelque chose de permanent, puisque justement, à l’égard du travailleur l’objet a une indépendance. »  = Le travail est libérateur il va me distancier de la nature. A travers le travail on prend conscience. C’est une liberté une prise de conscience encore plus forte due à l’acte de travail.

Bergson : « l’homme est un fabricant d’outil différent de l’animal. Les outils servent à modifier la nature. Les inventions techniques sont les repères dans l’histoire du progrès humain.

Jonas : il y a un danger dans l’utopie technique. Le choix comporte des effets que nous ne connaissons pas ainsi nous ne pouvons pas faire un choix. Nous n’avons pas la sagesse nécessaire. Nous sommes dépassés par l’utopie ; nous sommes soumis à l’utopie technique.

Kant : le travail donne une valeur morale.  Les objets techniques sont toujours le résultat d’un savoir-faire qui suppose une habileté et jamais seulement d’un savoir théorique. Sa thèse se base sur le fait que le repos n’est bénéfique que s’il vient après le travail, sinon il serait ennui et paresse.

Descartes : c’est par le travail et les progrès des connaissances et des techniques que l’homme peut devenir « comme maitres et possesseurs de la nature » Sa thèse est que le corps animal pourrait être comparé à un pur mécanisme et son fonctionnement est déclenché à certaines conditions comme pour la machine.

Sujets

L’homme se reconnait-il mieux dans le travail ou dans le loisir ?

Travailler est-il un obstacle à la liberté ?

La nécessité du travail n’est-elle qu’une contrainte ?

Le travail est-il la condition de l’accomplissement de l’homme ?

L’activité artistique est-elle un travail ?

Est-il injuste d’exploiter le travail d’autrui ?

Faut-il travailler pour être heureux ?

Le travail permet-il de prendre conscience de soi ?

Peut-on désirer travailler ?

Est-ce un devoir de travailler ?

Y a-t-il un droit au travail ?

L’État peut-il exiger de chacun qu’il travaille ?

La liberté humaine est-elle limitée par la nécessité de travailler ?

Travailler, est-ce s’affranchir de toute dépendance ?

Le travail a-t-il une valeur morale ?

Peut-on concevoir une société sans travail ?

La technique doit-elle nous libérer du travail ?

Travailler, est-ce seulement mettre en œuvre une technique ?

Travailler, est-ce perdre son temps ?

Le travail est-il nécessairement source de progrès ?

Peut-on opposer le loisir au travail ?

Y a-t-il du travail dans les œuvres d’art ?

Repères

En acte\ en puissance

Obligation/Contrainte

Formel/Matériel

Croire/Savoir

Références

Le film de Charlie Chaplin (le travail à la chaine)