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Pascal, Disproportion De L'homme

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Par   •  6 Janvier 2014  •  1 263 Mots (6 Pages)  •  1 282 Vues

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I La représentation vertigineuse de l’infiniment petit

1) La volonté de faire voir

Au-delà de la seule volonté de convaincre (Vocabulaire de la réflexion et de la raison : « conceptions » (l.26) ; « concevoir », l.29), c’est surtout l’imagination du lecteur que Pascal sollicite : il veut rendre visible l’infiniment petit, ce qui constitue bien sûr un véritable paradoxe : « voir, l.29 ; «peindre l’univers visible » l.30 ; « qu’il y voie », l.30. De la même manière, il multiplie l’emploi des adjectifs démonstratifs, comme pour montrer concrètement au lecteur la réalité de l’infiniment petit ; «ce sang », « ces humeurs« , « ces gouttes », l.24 ; « ce raccourci d’atome » l.30 ; « cette terre », l.32.

2) Le recours aux images

Dès lors, Pascal recourt à des images : ainsi du ciron décrit comme un être humain : une longue phrase décompose l’animal en parties de plus en plus petites. L’ensemble est une suite d’épanadiploses (Définition : « lorsque de deux propositions corrélatives, l’une commence et l’autre finit par le même mot).

« des jambes avec des jointures »

« des veines dans ses jambes »

« du sang dans ses veines »

« des humeurs dans ce sang »

« des gouttes dans ces humeurs »

« des vapeurs dans ces gouttes »

L’aboutissement de cette décomposition « le dernier objet où il peut arriver », « l’extrême petitesse de la nature » amène une nouvelle image, celle d’un univers à part entière, dont les éléments vont à nouveau être décomposés en allant vers le plus petit. Cette nouvelle évocation se fonde sur une antithèse violente :

« l’extrême petitesse de la nature » devient « l’immensité qu’on peut concevoir de la nature » , « ce raccourci d’atome » devient « une infinité d’univers ». La gradation est bien sûr descendante : « firmament », « planètes », «terre », « animaux », « cirons ». L’utilisation des pluriels alors qu’on envisage des éléments très petits accentue le vertige qui naît de cette décomposition infinie.

3) L’importance du mouvement

Il s’agit bien de suggérer le tourbillon, la spirale vers le bas, et par là de faire naître le vertige chez le lecteur. Ainsi les expressions « sans fin et sans repos », l.34 « un abime nouveau », l.28, disent clairement ce mouvement de chute incessante, tandis que la longueur des phrases le mime nettement.

De très nombreuses répétitions (outre les épanadiploses dont on a déjà parlé) concourent à donner l’illusion du mouvement : ainsi le terme « petitesse» est employé 3 fois (l.21, 27,35) et l’adjectif « petits » se retrouve à la ligne 22.

De même, la fréquence des hyperboles appuie cette impression de vertige :

« les choses les plus délicates » (superlatif)

« incomparablement plus petites » (adverbe lourdement insistant)

« raccourci d’atome » (atome, originellement la plus petite partie de la matière)

« une infinité d’univers » (redoublement de deux infinis).

II La place de l’homme

Mais cette évocation de l’infiniment petit n’a de sens que par rapport à l’homme, car loin de s’extasier sur les merveilles découvertes, Pascal ne les envisage que dans la mesure où elles conduisent à réfléchir sur la condition humaine.

1) Une situation intermédiaire

Deux interrogations scandent le texte : « Qu’est-ce que l’homme dans l’infini ? », l.18, et « Qu’est-ce que l’homme dans la nature? » l.44. Pascal répond en présentant l’homme comme intermédiaire entre l’infiniment grand et l’infiniment petit :

« Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant » (chiasme et parallélisme).

Cependant la balance n’est pas tout à fait égale :

Dévalorisation :

« qu’il se regarde comme égaré… » l.16

« pas perceptible, imperceptible » l.34

« Un néant à l’égard de l’infini » l.45

Valorisation :

« un colosse, un monde, un tout » l.45

« un tout à l’égard du néant »l.45

Il y a disproportion : si Pascal accentue la petitesse de l’homme devant l’infiniment grand, il ne cherche pas à équilibrer en évoquant la grandeur de l’homme face à l’infiniment petit : il y a clairement une volonté de rabaisser

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