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Le poète latin Horace

Note de Recherches : Le poète latin Horace. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  16 Mars 2015  •  2 573 Mots (11 Pages)  •  2 359 Vues

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Le poète latin Horace recommandait à l’écrivain de « mêler l’utile et l’agréable » afin de mieux at- teindre son but ; les auteurs français de l’époque classique, Molière, La Fontaine, La Bruyère entre autres, ont repris cette recommandation pour dire qu’il faut « plaire et instruire ». L’idée que le plaisir est néces- saire, même pour l’instruction morale, remonte donc aux origines de la littérature occidentale et on pourra retrouver cette idée dans le recours aux paraboles lorsqu’il s’agit de l’enseignement religieux.

Dans sa Préface aux Caractères, La Bruyère reformulera ce questionnement en disant : « On ne doit parler, on ne doit écrire que pour l’instruction ». La négation « [n’écrire] que pour l’instruction » contenue dans cette citation incite le lecteur à s’interroger sur les autres finalités de l’écriture : peut-on vraiment affirmer que le seul objectif de l’écriture est d’instruire ? Quelle est la part qui revient au fait de « plaire » au lecteur ?

Nous étudierons en premier lieu pourquoi la littérature obéit souvent à une volonté de transmettre une « instruction » ; ensuite, nous analyserons quels sont les autres buts poursuivis par les écrivains ; en- fin, nous verrons que pour mieux instruire, il est souvent nécessaire de prendre des détours pour plaire au lecteur.

Un grand nombre d’auteurs ont souhaité critiquer les vices de leurs contemporains ou bien les tra- vers de la société dans laquelle ils vivaient. C’est sans doute le premier sens du terme « instruction » utili- sé par La Bruyère : il s’agit, à travers ces critiques, de proposer un cadre moral meilleur. Dans l’Antiquité gréco-latine, on peut citer le poète comique grec Ménandre et le poète satirique latin Juvénal qui n’ont pas cessé, tous les deux, de mettre en avant les vices dans la ville d’Athènes et de Rome. Plus proche de nous, La Bible vise également l’instruction, le plus souvent de façon très directe : il suffit de penser aux dix commandements, véritable code moral.

En France, c’est l’époque du Classicisme qui révèle bon nombre d’auteurs qui poursuivront ce même but. Molière, dans son Premier placet envoyé au roi sur la comédie du Tartuffe, fait part de sa vo- lonté de « corriger les hommes » et « d’attaquer par des peintures ridicules les vices de [s]on siècle ». Le dramaturge se donne donc clairement une tâche morale, puisqu’il souhaite « corriger » les « vices ». Les Caractères de La Bruyère illustrent également quelle « instruction » est poursuivie : « l’approbation la plus sûre et la moins équivoque est le changement de mœurs et la réformation de ceux qui [lisent les écrits des écrivains] », comme on peut le voir dans la Préface. En effet, La Bruyère fera le portrait satirique de plusieurs « types » (ou « caractères »), représentant chacun un vice, un peu comme certaines comédies de Molière (L’Avare ou Le Bourgeois gentilhomme). La Fontaine, avec ses Fables, renoue avec un sens plus ancien de l’expression « instruire » : à l’origine, les fables servent à enseigner aux enfants des leçons sim- ples ; mais La Fontaine fait subir à la fable un détournement radical : il s’agit désormais d’un court récit allégorique qui critiquera la réalité politique et sociale du monde des adultes. On retrouve cette volonté de dénoncer les vices des contemporains dans la fable « Le Chien qui lâcha sa proie pour l’ombre » : l’auteur ménage peu son siècle qui contient « tant de fous » et qui lui fait dire que « chacun se trompe ». Cette même visée se voit également dans d’autres fables, comme « Les animaux malades de la peste » ou « Le loup et l’agneau ».

« Instruire » le lecteur ou la société peut également se comprendre dans le sens de la lutte contre toute forme d’obscurantisme : il suffit de penser au conte philosophique L’Ingénu de Voltaire, qui dé- nonce l’influence de l’Eglise catholique ou le pouvoir absolu du monarque ; même si l’histoire relatée dans ce conte se déroule en 1689, il est facile de transposer les critiques dans l’époque de son auteur. C’est de façon générale tout le mouvement des Lumières qui critiquera l’intolérance, la superstition et le fanatisme, souvent liés à l’influence néfaste de la religion. C’est dans ce but que Diderot et D’Alembert (entre autres) rédigeront les articles de L’Encyclopédie, véritable somme des connaissances acquises à l’époque de son édition. Au-delà du siècle des Lumières, la volonté de dénoncer les injustices continue d’être l’une des finalités de l’écriture : on peut penser au roman La Peste, d’Albert Camus, qui dénonce l’horreur de la mort des innocents ; à l’autobiographie fictive La vie devant soi, de Romain Gary, qui se lit comme un plaidoyer en faveur des exclus de la société ; aux écrits qui sont apparus sous l’Occupation, afin de dénoncer les atrocités de la guerre.

Ainsi, l’écriture a souvent voulu atteindre plusieurs formes d’instruction, en critiquant, en diffu- sant le savoir ou en dénonçant les injustices.

Même si la littérature a souvent été au service d’une visée didactique, cette finalité est pourtant loin d’être la seule poursuivie par les écrivains. Ceux-ci succombent assez facilement à la tentation de rechercher la gloire à travers le succès de leurs écrits. La Préface des Caractères fait clairement référence à cette tentation : les auteurs « devraient rougir d’eux-mêmes s’ils n’avaient cherché par [...] leurs écrits que des éloges » : La Bruyère condamne fermement la recherche exclusive des « éloges », ce qui montre que cet objectif est très souvent celui que les auteurs voudront atteindre. La fable de La Fontaine (docu- ment A) illustre sans doute ce même fait : ne peut-on pas voir dans le chien qui « quitta [sa proie] pour l’image » celle de l’écrivain qui ne pense qu’à plaire ? L’image dans l’eau représenterait ainsi tout ce qui est vain, tout ce qui brille sans avoir de véritable consistance. Poursuivre uniquement le bonheur de « plaire » au public à travers l’écriture condamnerait alors à n’avoir « ni l’ombre ni le corps », c’est-à-dire à poursuivre un but éphémère, celui de plaire (« l’ombre »). Les exemples d’auteurs qui recherchent la gloire avant toute autre chose ne manquent pas. Jean Lacouture, dans sa biographie Malraux, une vie dans le siècle différencie Malraux des écrivains qui succombent aux « modes et recherches stylistiques ou for- melles », faisant ainsi preuve de « la vaine malice des faiseurs de phrases » ; Voltaire, dans le chapitre XII de L’Ingénu, critique le succès de certaines pièces de théâtre, à travers ces paroles de l’Ingénu : « Je soup- çonne qu’il

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