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Objet D'étude : Le Théâtre, Texte Et Représentation

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Par   •  15 Décembre 2013  •  2 225 Mots (9 Pages)  •  934 Vues

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TEXTE A - Jean Rotrou, Le véritable Saint Genest.

[Genest est un acteur païen. Il doit jouer un drame retraçant le martyre du chrétien Adrien, devant l'empereur romain Dioclétien, qui persécute les chrétiens. Genest va s'identifier au cours de cette scène à son personnage, Adrien.]

GENEST, seul, repassant son rôle, et se promenant.

Il serait, Adrien, honteux d'être vaincu

Si ton dieu veut ta mort, c'est déjà trop vécu ;

J'ai vu (Ciel, tu le sais, par le nombre des âmes

Que j'osai t'envoyer, par des chemins de flammes)

Dessus les grils ardents, et dedans les taureaux1,

Chanter les condamnés, et trembler les bourreaux.

Il répète ces quatre vers.

J'ai vu (Ciel, tu le sais, par le nombre des âmes

Que j'osai t'envoyer, par des chemins de flammes)

Dessus les grils ardents, et dedans les taureaux,

Chanter les condamnés, et trembler les bourreaux.

Et puis ayant un peu rêvé, et ne regardant plus son rôle, il dit :

Dieux, prenez contre moi ma défense et la vôtre ;

D'effet, comme de nom, je me trouve être un autre ;

Je feins moins Adrien, que je ne le deviens,

Et prends avec son nom, des sentiments Chrétiens ;

Je sais (pour l'éprouver) que par un long étude2,

L'art de nous transformer, nous passe en habitude ;

Mais il semble qu'ici, des vérités sans fard,

Passent3, et l'habitude, et la force de l'art,

Et que Christ me propose une gloire éternelle,

Contre qui ma défense est vaine et criminelle ;

J'ai pour suspects vos noms de Dieux et d'immortels ;

Je répugne aux respects qu'on rend à vos autels ;

Mon esprit à vos lois secrètement rebelle,

En conçoit un mépris qui fait mourir son zèle

Et comme de profane, enfin sanctifié,

Semble se déclarer, pour un crucifié;

Mais où va ma pensée, et par quel privilège

Presque insensiblement, passé4-je au sacrilège,

Et du pouvoir des Dieux, perds-je le souvenir ?

II s'agit d'imiter, et non de devenir.

1. Il arrivait qu'on martyrisât les chrétiens en les faisant brûler dans des taureaux de bronze. Toutes ces références renvoient à des pratiques de supplices qui leur étaient infligés.

2. étude : masculin au XVII" siècle.

3. Passent : surpassent.

4. passé-je : inversion de « je passe ».

TEXTE B - Molière, L'impromptu de Versailles.

[Dans cette œuvre, Molière se met lui-même en scène, distribuant aux acteurs de sa troupe les rôles d'une petite pièce rapidement conçue, qui garde un caractère d'improvisation — d'où le titre d'« impromptu».]

MOLIÈRE.- Pour vous, Mademoiselle...

MADEMOISELLE DU PARC.- Mon Dieu, pour moi, je m'acquitterai fort mal de mon personnage, et je ne sais pas pourquoi vous m'avez donné ce rôle de façonnière1.

MOLIÈRE.- Mon Dieu, Mademoiselle, voilà comme vous disiez lorsque l'on vous donna celui de La Critique de l'École des femmes ; cependant vous vous en êtes acquittée à merveille, et tout le monde est demeuré d'accord qu'on ne peut pas mieux faire que vous avez fait, croyez-moi, celui-ci sera de même, et vous le jouerez mieux que vous ne pensez.

MADEMOISELLE DU PARC.- Comment cela se pourrait-il faire, car il n'y a point de personne au monde qui soit moins façonnière que moi.

MOLIÈRE.- Cela est vrai, et c'est en quoi vous faites mieux voir que vous êtes excellente comédienne, de bien représenter un personnage qui est si contraire à votre humeur2, tâchez donc de bien prendre tous le caractère de vos rôles, et de vous figurer que vous êtes ce que vous représentez.

(A du Croisy.) Vous faites le poète, vous, et vous devez vous remplir de ce personnage, marquer cet air pédant qui se conserve parmi le commerce3 du beau monde, ce ton de voix sentencieux, et cette exactitude de prononciation qui appuie sur toutes les syllabes, et ne laisse échapper aucune lettre de la plus sévère orthographe.

(À Brécourt.) Pour vous, vous faites un honnête homme de cour, comme vous avez déjà fait dans La Critique de l'École des femmes, c'est-à-dire que vous devez prendre un air posé, un ton de voix naturel, et gesticuler le moins qu'il vous sera possible.

(A de la Grange.) Pour vous je n'ai rien à vous dire.

(À Mademoiselle Béjart.) Vous, vous représentez une de ces femmes qui, pourvu qu'elles ne fassent point l'amour4, croient que tout le reste leur est permis, de ces femmes qui se retranchent toujours fièrement sur leur pruderies5, regardent un chacun de haut en bas, et veulent que toutes les plus belles qualités que possèdent les autres ne soient rien en comparaison d'un misérable honneur dont personne ne se soucie, ayez toujours ce caractère devant les yeux, pour en bien faire les grimaces6.

(À Mademoiselle de Brie.) Pour vous, vous faites une de ces femmes qui pensent être les plus vertueuses personnes du monde, pourvu qu'elles sauvent les apparences, de ces femmes qui croient que le péché n'est que dans le scandale, qui veulent conduire doucement les affaires qu'elles ont sur le pied d'attachement honnête, et appellent amis ce que les autres nomment galants7, entrez bien dans

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