Naturalisme Chez Zola
Commentaires Composés : Naturalisme Chez Zola. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar maria • 16 Avril 2013 • 463 Mots (2 Pages) • 1 037 Vues
LA PREFACE (2nde édition)
J’avais naïvement cru que ce roman pouvait se passer de préface. Ayant l’habitude de dire
tout haut ma pensée, d’appuyer même sur les moindres détails de ce que j’écris, j’espérais
être compris et jugé sans explication préalable. Il paraît que je me suis trompé.
La critique a accueilli ce livre d’une voix brutale et indignée. Certaines gens vertueux, dans
des journaux non moins vertueux, ont fait une grimace de dégoût, en le prenant avec des
pincettes pour le jeter au feu. Les petites feuilles littéraires elles-mêmes, ces petites feuilles
qui donnent chaque soir la gazette des alcôves et des cabinets particuliers, se sont bouché le
nez en parlant d’ordure et de puanteur. Je ne me plains nullement de cet accueil ; au
contraire, je suis charmé de constater que mes confrères ont des nerfs sensibles de jeune
fille. Il est bien évident que mon oeuvre appartient à mes juges, et qu’ils peuvent la trouver
nauséabonde sans que j’aie le droit de réclamer. Ce dont je me plains, c’est que pas un des
pudiques journalistes qui ont rougi en lisant Thérèse Raquin ne me paraît avoir compris ce
roman. S’ils l’avaient compris, peut-être auraient-ils rougi davantage, mais au moins je
goûterais à cette heure l’intime satisfaction de les voir écoeurés à juste titre. Rien n’est plus
irritant que d’entendre d’honnêtes écrivains crier à la dépravation, lorsqu’on est intimement
persuadé qu’ils crient cela sans savoir à propos de quoi ils le crient.
Donc il faut que je présente moi-même mon oeuvre à mes juges. Je le ferai en quelques
lignes, uniquement pour éviter à l’avenir tout malentendu.
Dans Thérèse Raquin, j’ai voulu étudier des tempéraments et non des caractères. Là est le
livre entier. J’ai choisi des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang,
dépourvus de libre arbitre, entraînés à chaque acte de leur vie par les fatalités de leur chair.
Thérèse et Laurent sont des brutes humaines, rien de plus. J’ai cherché à suivre pas à pas
dans ces brutes le travail sourd des passions, les poussées de l’instinct, les détraquements
cérébraux survenus à la suite d’une crise nerveuse. Les amours de mes deux héros sont le
contentement d’un besoin ; le meurtre qu’ils commettent est une conséquence de leur
adultère, conséquence qu’ils acceptent comme les loups acceptent l’assassinat des
moutons
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