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Musset, On Ne Badine Pas Avec L'amour

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Par   •  25 Novembre 2012  •  1 321 Mots (6 Pages)  •  2 818 Vues

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Alfred de Musset, On ne badine pas avec l’amour (1834) p. 194

OBJECTIFS ET ENJEUX

– Aborder la complexité du dialogue théâtral (la double énonciation et le témoin caché).

– Montrer que l’aveu n’est pas seulement une délivrance pour celui qui le profère, mais qu’il a un impact sur les autres.

LECTURE ANALYTIQUE

Nous avons ici le dénouement de la pièce. Autrement dit, l’aveu intervient dans la dernière scène de l’œuvre et conclut l’intrigue. En revanche, nous avons vu que pour Phèdre, l’aveu enclenche l’intrigue. La pièce de Musset raconte le long cheminement de cet aveu d’amour, tandis que Racine montre les conséquences de cet aveu.

La profération de l’aveu

Les élèves doivent être amenés à se demander si nous avons vraiment affaire à un dialogue. Nous assistons ici à l’émergence de l’aveu de Camille («Que se passe-t-il donc en moi» disait-elle dans la réplique précédant la première de notre extrait), à sa profération: «Oui, nous nous aimons» (l. 30), jusqu’à ce qu’il soit radicalement remis en question à la fin : « Adieu » (l. 60). On soulignera ici l’aspect performatif du langage théâtral. On fera remarquer aussi que le refus du dialogue (fin de la scène VII) est une forme de dialogue: Camille refuse de répondre à Perdican en le lui disant.

Elle se détourne du jeune homme pour parler à Dieu (l. 5).

Mais à qui parle Camille? Dans la scène 7, elle s’adresse à sa gouvernante, Dame Pluche, qui est absente sur scène et ne se manifeste pas (hors extrait), puis elle s’adresse à elle-même («Mais qu’est-ce donc que tout cela? Je n’en puis plus, mes pieds refusent de me soutenir» hors extrait). Elle s’adresse ensuite à Perdican (l. 1 à 5), et enfin à Dieu (l. 5 à 10), avant de nouveau d’en revenir à elle-même («Pourquoi suis-je si faible? Ah! malheureuse, je ne puis plus prier» (l. 10).

Il faudrait s’attarder à montrer la part monologique de cette prise de parole de Camille, part monologique soulignée par son refus de dialoguer avec la seule personne présente sur scène à ses côtés: Perdican.

Scène 8, elle s’adresse à Dieu devant l’autel, elle interroge Dieu (Cf. la fréquence des interrogatives qui soulignent a contrario le silence divin), mais cette prière est écoutée par Perdican (et vraisemblablement par Rosette): au théâtre tout monologue est écouté, fût-ce simplement par le spectateur.

Quant à Perdican, il monologue aussi, mais pour être entendu de Camille (« Qui m’a suivie ? Qui parle sous cette voûte?», l. 16) dit-elle, et il est également entendu par Rosette, à son corps défendant! Il invoque l’orgueil, et s’adresse à lui-même, discours qu’il adresse en réalité à Camille: on a là un bon exemple pour expliquer la double énonciation au théâtre.

De plus le témoin caché peut tout aussi bien être une projection du spectateur dans la salle qui écoute l’échange entre les deux personnages.

Faire comprendre aux élèves donc que ces monologues sont donc entendus par Dieu (l’auteur et le metteur en scène du destin humain: «il veut bien que je t’aime», l. 31, dit Camille), par les personnages entre eux (Camille et Perdican), et par une spectatrice qui nous représente, un personnage caché: Rosette.

Les quatre protagonistes de la représentation théâtrale sont ainsi montrés, à la fin de la pièce, dans ce dispositif scénique particulièrement efficace mis en place par Musset, et image de la représentation théâtrale elle-même.

Dans la seconde partie de la scène 8, le dialogue va enfin rapprocher les deux amants («Oui, nous nous aimons », l. 30 ; « Chère créature, tu es à moi », l. 33), mais c’est justement ce dialogue qui va les éloigner à jamais l’un de l’autre, comme si le spectateur, in extremis, rétablissait la morale et illustrait le proverbe qui veut qu’« on ne badine pas avec l’amour ».

Ce dernier dialogue mène au silence, qui en est la négation. Donc quand les personnages dialoguent, ils monologuent aussi,

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