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Mort De Socrate - Platon

Compte Rendu : Mort De Socrate - Platon. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  1 Juin 2014  •  1 884 Mots (8 Pages)  •  1 138 Vues

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Considéré comme l’un des dialogues de la maturité de Platon, Phédon évoque les derniers moments de Socrate et se consacre à la question de l’immortalité de l’âme. Il se présente sous la forme d’un récit que Phédon, de passage dans la ville de Phlionte, dans le Péloponèse, fait à Echécrate, l’un de ses amis, par ailleurs membre d’un cercle pythagoricien (Le philosophe et mathématicien Pythagore (580-495 AVJC) avait fondée à Crotone, une école que l’on a assimilée à une sorte de secte, qui mêlaient leçons scientifiques et mathématiques, croyances religieuses et principes de vie. L’école essaima dans le monde méditerranéen).

Par le biais de ce récit, nous assistons donc à la mort de Socrate, dans sa prison, entouré de ses amis (Platon, cependant, n’est pas là et il précise au début du dialogue: » Πλάτων δὲ οἶμαι ἠσθένει », « Platon, je crois, était malade », 59b). Comment à partir de cette page se construit l’image mythique de la mort du philosophe, qui deviendra un modèle dans la pensée occidentale ?

I Une mort courageuse et digne

1) Le refus du chagrin

A ce moment du Phédon, la majeure partie du texte est consacrée au récit, et les dernières paroles qui nous sont rapportées témoignent du courage de Socrate, qui exhorte ses amis au calme et leur demande de mettre fin à leur chagrin. On voit en effet que tous sont plus ou moins entrain de pleurer: le texte met en place une gradation: alors que Phédon se voile la tête pour cacher ses larmes, les pleurs de Criton sont manifestes: « Criton n’avait pu conenir ses larmes et il s’était levé de sa place. ». Quant à Apollodore, son chagrin est particulièrement violent : « Pour Apollodore, qui déjà auparavant n’avait pas un instant cessé de pleurer, il se mit alors à hurler et ses pleurs et ses plaintes fendirent le coeur à tous les assistants, excepté Socrate lui-même ».

Socrate, de fait, considère de tels comportements comme des fautes : « ἵνα μὴ τοιαῦτα πλημμελοῖεν », comportements qu’il considère comme typiquement féminins ! C’est en effet pour éviter de telles réactions qu’il dit avoir renvoyé les femmes (« τούτου ἕνεκα τὰς γυναῖκας ἀπέπεμψα »). Plus tôt, en effet, Socrate a reçu la visite de sa femme, Xanthippe, de ses enfants (deux jeunes fils, et un plus âgé), ainsi que d’autres membres de sa famille. Et s’il commence par s’étonner des réactions de ses amis « Οἷα ποιεῖτε, ὦ θαυμάσιοι », avec l’emploi d’une proposition exclamative, il pass très vite à l’impératif : « ἡσυχίαν τε ἄγετε καὶ καρτερεῖτε », recommandant à la fois la tranquillité (ἡσυχία marque la sérénité, l’impassibilité d’une âme sûre d’elle-même), et le courage (καρτερε-ῶ : être ferme, être patient, au sens de supporter l’adversité). On peut remarquer que l’ordre ici donné à l’impératif présent suggère un conseil dont la portée dépasse le seul moment présent.

2) L’acceptation de la mort

Le courage de Socrate se révèle également dans sa manière d’accepter la mort et de suivre à la lettre les recommandations qui lui sont données. On sait qu’il a refusé de s’échapper de la prison comme le lui avait proposé Criton: c’est l’objet du dialogue du même nom, qui personnifie les lois venues parler à Socrate. Il a aussi refusé de différer le moment de boire le poison, en considérant comme indigne de chercher à « grapiller » quelques heures de vie.: « Je ne ferai que de me rendre ridicule à mes propres yeux en m’accrochant à la vie et en épargnant une chose que je n’ai déjà plus (116e) ».

Dans ce passage, il obéit aux consignes données: dès que ses jambes deviennent lourdes, il se couche, et Platon souligne: » οὕτω γὰρ ἐκέλευεν ὁ ἄνθρωπος », en effet l’homme l’ordonnait ainsi.

II La sobriété de l’écriture

Il est clair que dans le récit de cette mort, Platon refuse absolument toute volonté pathétique.

1) une observation clinique

La mort de Socrate nous est donnée à voir presque sous un angle médical: l’homme qui a donné le poison » οὗτος ὁ δοὺς τὸ φάρμακον » est très présent dans ce passage: » ἐφαπτόμενος αὐτοῦ » (le touchant), « ἐπεσκόπει » (il examinait), » ἤρετο εἰ αἰσθάνοιτο » (il demandait s’il ressentait quelque chose »), » ἡμῖν ἐπεδείκνυτο » (il nous montrait), » εἶπεν ὅτι » (il dit que). Tous ces comportements peuvent être ceux d’un médecin examinant un malade, et commentant les symptômes devant des étudiants. On remarque également tout au long du texte le champ lexical du corps: τὰ σκέλη (les jambes); τοὺς πόδας (les pieds); τὰς κνήμας (les jambes); πρὸς τῇ καρδίᾳ (le coeur), τὰ περὶ τὸ ἦτρον (le bas-ventre), τὰ ὄμματα (le regard), τὸ στόμα καὶ τοὺς ὀφθαλμούς (la bouche et les yeux).

Enfin, on note également l’importance du champ lexical du temps, qui restitue la progression du poison dans l’organisme de Socrate: » διαλιπὼν χρόνον » quelque temps après, » κἄπειτα » et ensuite, « μετὰ τοῦτο » après cela, « ᾽ ὀλίγον χρόνον διαλιπὼν » laissant passer un peu de temps.

2) Une mort discrète

La mort elle-même est envisagée de manière très discrète. Pour la désigner, Platon a recours à des expressions très atténuées, elle est assimilée au froid: ψύχω /πήγνυμι. De même, le verbe » οἰχήσεται » (il partira) relève aussi de l’euphémisme, même si dans la philosophie socratique, la mort se conçoit bien comme un détachement du corps et du monde sensible pour un voyage vers le monde intelligible.

Cette discrétion se retrouve dans l’évocation du moment même de la mort, rendue ici par le passif du verbe kinšw, « ἐκινήθη » il eut un sursaut, et constatée par une expression très retenue: » τὰ ὄμματα ἔστησεν » il avait le regard fixe. On remarque également l’importance au propre comme au figuré du voile avec

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