Meurtre De Médée Sénèque

De l'Antiquité à nos jours, les mythes ont toujours exercé une fascination sur le monde. Parmi ces mythes, celui de Médée a été écrit de nombreuses fois. D'abord par Euripide, puis par Sénèque, ensuite par Corneille ou encore par Jean Anouilh. Nous allons nous intéresser à l’œuvre de Sénèque.

Lucius Annaeus Seneca est un philosophe né vers 4 avant J.-C. et mort en 65. Il a été pendant de nombreuses années le précepteur de Néron (empereur romain). C'est lui qui a rédigé l'éloge funèbre prononcé par Néron pour l'empereur Claude et nombre de ses discours. 10 des tragédies qu'il a écrites nous sont parvenues, dont celle de Médée. L'extrait que nous allons étudier est tiré de cette œuvre qui relate l'histoire du personnage éponyme. Médée est l'épouse de Jason qui lui préfère Créuse. Pour se venger de la trahison de son époux Médée décide, au bout d'un long moment de dilemme, de tuer ses enfants. L'extrait que nous allons commenter est le moment du meurtre du deuxième enfant, devant Jason. Nous allons nous demander quel est l'enjeu de ce texte. Il s'agit donc dans un premier temps de s'attarder sur les points de vue observés par chacun des personnages de cette scène, dans un second temps nous verrons que Médée ne se rebelle pas seulement contre Jason puis dans un troisième et dernier temps, nous comprendrons qu'elle tire un certain plaisir dans sa vengeance.

Nous allons voir que Médée et Jason ont deux humanités, deux points de vues opposés. En effet, si nous pouvons découvrir chez Médée un point de vue humaniste et humain, en revanche, Jason présente un point de vue et un caractère égoïste. Médée parle à deux reprises de sa douleur (ligne 5 et 14). Cette répétition montre qu'elle sait qu'elle va vivre malheureuse sans eux, mais sa douleur d'avoir perdu Jason est plus forte que tout autre sentiment qu'elle pourrait éprouver, plus fort que son amour maternel. La ligne 8 ''Je m'ouvrirai le corps d'un coup d'épée'' montre que Médée songe au suicide, mais elle sait qu'elle n'est plus chère aux yeux de Jason et pense donc que sa mort le ferait moins souffrir que celle de ses enfants. Le mot ''douleur'' ligne 14 est personnifié. En effet, il devient le sujet de sa phrase ce qui montre que Médée n'est plus maîtresse de son corps ni de son esprit mais que désormais seule la douleur l'habite et guide ses actes et ses pensées. Jason est montré dans ce passage comme un être dénué de tout sentiments bienveillants, comme un homme égoïste et froid. Il ose effectivement se présenter comme un homme supplicié ''évite seulement de prolonger mon supplice'' alors que le corps de l'un de ses enfants gît à ses pieds et que son deuxième va être égorgé sous ses yeux, il ne pense qu'à sa douleur et oublie la peur de son enfant, sa terreur devant la vision de sa mère ayant tué son frère. Jason ne tente même pas d'arrêter la main assassine et laisse les événements dramatiques suivre leur cours. Les rôles sont comme inversés : la meurtrière attire la compassion tandis que le père des victimes est présenté comme le 'méchant'. Cette opposition est appuyée par une opposition syntaxique : les deux premières répliques sont composés de vers assez longs alors que les deux dernières se composent de vers très courts. Leur caractères contradictoires rendent toute compréhension entre eux impossible.

Médée, en accomplissant cet acte monstrueux se rebelle contre sa société, incarnée par Jason ainsi que contre la justice humaine. Nous pouvons relever le champ lexical de la justice, composé des termes ''justice'' ligne

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