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Marivaux, Le Jeu De L'amour Et Du Hasard (III,6), 1730

Rapports de Stage : Marivaux, Le Jeu De L'amour Et Du Hasard (III,6), 1730. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Avril 2015  •  1 447 Mots (6 Pages)  •  1 073 Vues

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Présentation du passage

- Scène dans laquelle les valets avant leurs maitres ôtent leur masque et s'avouent mutuellement

leur véritable identité et leur condition sociale réelle. C'est d'abord Arlequin qui abandonne son

déguisement en finissant par révéler son statut de "soldat d'antichambre", avant que Lisette ne

confesse qu'elle n'est que la "coiffeuse de Madame". C'est donc la fin de la comédie dans la comédie

pour les domestiques.

- Chacun des deux personnages est persuadé d'être aimé grâce à sa condition réelle et doit avouer sa

véritable identité (c'est la condition qu'ont posé M. Orgon et Dorante à un mariage potentiel entre la

pseudo-Silvia et le pseudo-Dorante) tout en redoutant de le faire par crainte des conséquences de

cette imposture.

- Ce passage se définit par son registre comique marqué propre aux échanges entre les valets. Le

comique des échanges entre les maitres est plus subtil car lié à l'abstraction et à la préciosité.

Problématique(s) : En quoi cet aveu suscite-t-il le rire ?

Comment la résolution du quiproquo accède-t-elle a une dimension burlesque (langage trivial sujet

noble) ?

I. Une situation amusante : un aveu délicat

1. Un aveu amoureux farcesque : La stratégie du retardement d'Arlequin

 Inscription de la scène dans la tradition théâtrale de la farce (comédie souvent courte et en vers,

fondée sur des jeux de scène, au niveau de langue familier, qui vise à faire rire le public au moyen

d'un comique grossier) : situation stéréotypée du trompeur trompé (abus des deux côtés).

 Inscription de la scène dans la tradition théâtrale d'aveu amoureux : parodie comique du duo

amoureux de Dorante et Silvia qui aura lieu III, 8. Les valets encore travestis essaient d'imiter les

comportements et la manière de parler des maîtres, ce qui provoque le rire.

 Arlequin esquive le moment de la révélation : effet de retardement qui vise à produire un effet

comique en augmentant la gêne et la crainte d'Arlequin. Arlequin ne cesse de faire des allusions à

son masque en le gardant.

 Distinction des temps : L questionne A et il avoue, L maintient A dans l'ignorance, L avoue. L

oppresse A de questions pour connaitre son identité "en un mot qui êtes-vous?", "quel est votre

nom?", "ce n'est donc point Dorante à qui le parle enfin?". Il y a un contraste comique entre les

demandes rapides de L et la façon dont A diffère le moment où il devra avouer.

 Arlequin répète, joue la comédie, pour gagner du temps : il amorce une réponse, il répond par une

question hors-sujet (accumulation de fausses questions, d'interrogation fictives), par des métaphores

et analogies qui semblent être des énigmes que Lisette doit résoudre, pour éviter l'aveu explicite.

Détours du langage pour s'éloigner le sujet : "constitutions", "fausse monnaie".

 Efforts inefficaces d'Arlequin pour retarder l'aveu de sa véritable identité : rôle des apartés

"Préparons un peu cette affaire-là..." et "Lui dirai-je que je m'appelle..."

 Augmentation de la gêne d'A en même temps que l'impatience de L. Marivaux ménage l'attente : le

spectateur a hâte que l'indignation explose.

 Aveu incomplet : périphrase "soldat d'antichambre" et "coiffeuse de Madame" : tentative d'adoucir

la réalité de l'imposture réciproque, tentative de provoquer le sourire du lecteur-spectateur.

 Le comique est favorisé par l'établissement d'une relation de complicité entre Arlequin et Lisette et

le public : les apartés s'adressent aussi directement au spectateur "Lui dirai-je que je m'appelle

Arlequin ? Non ; cela rime trop avec coquin" et "La jolie culbute que je fais là !" + le passage de la P2

à la P3 "il y a une heure que je lui demande grâce et que je m'épuise en humilités pour cet animal-là" et "d'en rire avec sa gloire" : donne l'impression que Lisette s'adresse directement au public et non

plus seulement à Arlequin.

2. La peur de décevoir

 Arlequin craint de décevoir Lisette, de perdre son estime. Elle pourrait être déçue d'apprendre

qu'elle n'a pas été courtisée par un homme de condition. Réciproquement, Lisette craint le même

fait.

 Humilité à la hauteur de ce que les valets ont à perdre : renoncer à des agréments provisoires (le

pouvoir, la séduction).

 Le discours de Arlequin rappelle sa condition : il reprend la personnification de l'amour utilisé dans

II,3 en encrant la métaphore dans une réalité sociale "l'amour va endurer fatigue", "il va avoir un

mauvais gite", "il va être logé petitement". Ces expressions préviennent

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