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Manon Lescaut, le plaidoyer et le travail du souvenir

Cours : Manon Lescaut, le plaidoyer et le travail du souvenir. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  2 Mars 2013  •  Cours  •  456 Mots (2 Pages)  •  2 062 Vues

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II. Le plaidoyer et le travail du souvenir :

A) Une apologie personnelle :

L’homme qui parle au début commente son expérience dans le sens du remords et de l’apologie personnelle. Le « Hélas » de la première ligne indique assez bien le jugement qu’il porte sur son aveuglement passé ; et le sentiment qu’il a d’avoir commis une faute s’exprime avec solennité, voire grandiloquence « Que ne le marquais-je un jour plus tôt ».

Sans relâche, il amoncelle les excuses en insistant sur la pureté de sa vie antérieure et de ses intentions : « Nous n’avions d’autre motif que la curiosité » ; « J’avais marqué le temps de mon départ » ; « Moi dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue ». Le ton est sans contexte celui du plaidoyer.

Le texte est donc manifestement ambigu dans la mesure où le narrateur porte un regard émerveillé sur la catastrophe providentielle qui l’a rendu malheureux. Le jeune homme qui nous est présenté dans son élan chevaleresque a quelque chose de sublime : nulle prudence, nulle crainte des parents ne l’arrêtent. C’est avec l’admirable noblesse d’un héros qu’il tombe dans le piège.

B) L’annonce d’une passion fatale :

Beaucoup d’éléments ont pour fonction, dans le texte, d’annoncer que la rencontre a produit des effets catastrophiques : ainsi est mentionné « Le penchant au plaisir » de Manon, qui « a causé tous ses malheurs et les miens », « l’ascendant » de la destiné de Des Grieux qui l’a conduit « à sa perte ». Il n’y a rien de tel pour aviver le désir du lecteur d’entrer dans la fiction.

L’inexpérience sentimentale de Des Grieux est tout de suite vaincue par la fatalité de la passion qui efface toute autre réaction : Des Grieux ne se pose aucune question, il n’a aucune lucidité, ne se livre à aucune réflexion.

La dimension tragique est également mise en avant. Il n’y a pas de véritable émotion tragique sans anticipation : un évènement présent, s’il n’est chargé de son poids d’avenir catastrophique, est nettement moins poignant. Voilà pourquoi, par exemple, le portrait moral de Manon est beaucoup plus fourni que son portrait physique : nous apprenons en effet qu’ « elle était bien plus expérimentée » que Des Grieux et que « son penchant s’était déjà déclaré ».

Elle est aussi présentée comme une femme habile : elle répond « ingénument », elle mesure déjà tout ce qu’elle pourra obtenir. Sa maturité contraste avec le naturel de Des Grieux, sa naïveté et cela inquiète le lecteur. Etant averti, le lecteur est mieux à même d’apprécier la situation dans tout ses implications, il est placé aux premières loges psychologiques. Le lecteur assiste, dès lors, délicieusement impuissant et supérieur, au déclenchement du drame.

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