Manon Lescaut - la soumission de DES Grieux

Le texte que nous allons analyser est un extrait du livre de l’Abbé Prévost, Manon Lescaut. Cet extrait s’intitule « La soumission de Des Grieux » et nous montre avec clarté ce que vivent les deux amants. Comme l’a dit J.Sgard, dans Prévost romancier : « jamais Prévost n’a rendu aussi présent le lien des amants en dépit des mots ». Ici, Prévost nous montre une scène des deux amants qui se disputent, se détruisent mutuellement mais comme lié par un lien quelconque, ils ne peuvent se défaire de l’emprise de l’autre.

La scène débute suite à la nouvelle trahison de Manon, le protagoniste principal du roman et le grand amour du pauvre Des Grieux. Ce dernier a été trompé par cette femme et semble au bord de la rupture. Nous le voyons sous un jour nouveau.

Après un temps où il se faisait marcher sur les pieds, le voila reprendre du poil de la bête et avoir un éclair de lucidité, comme nous le montre ce passage, ligne 7 à 8 : « Inconstante Manon […] volage et cruelle. ». Des Grieux semble enfin prendre conscience de ce qu’elle lui fait subir et de ce qu’elle représente véritablement. Il laisse même échapper quelques larmes, tant ce qui se produit est une chose affreuse pour lui. Mais surtout, il se pose une multitude de question sur la relation qu’il entretient avec la jeune. Il cherche des réponses, et est complètement bouleversé et perdu.

Le second personnage, à savoir Manon Lescaut, entre enfin en scène. Il nous semble presque voir une pièce de théâtre. Quant un personnage parle, l’autre est presque effacé, comme s’il n’y avait que lui sur scène, comme s’il faisait un monologue. Ainsi, Manon se confond dans des excuses qui paraissent clairement fausses, et très faciles, comme nous le montre ligne 15 à 17 : « Il faut bien que je sois coupable […] la pensée de le devenir ! ».

Pour Des Grieux, ces excuses ne sont pas à la hauteur de ses espérances. Et c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Il est dépité et terriblement en colère, ligne 19 : « horrible dissimulation ! » et ligne 20 : « tu n’es qu’une coquine et une perfide ! ». Pour une fois, il semble voir plus loin que le joli visage de cette femme et entraperçoit ce qui se cache derrière ce masque d’innocence. Il devient grossier, lui manquant de respect en la tutoyant, la blâme de tous ses maux. Il est dans l’affirmation, il est sûr de lui et c’est une chose que le lecteur n’avait pas vu depuis l’entrée de Manon dans la vie de Des Grieux.

Seulement, nous voyons clairement le texte se modifier lorsqu’il lui tourne le dos. Lorsqu’il atteint la porte, il se retourne et ce geste lui causera sa perte. En effet, dès qu’il pose les yeux sur la jolie Manon, il se sent profondément coupable et éprouve de la culpabilité. Culpabilité qui va le rendre de nouveau faible devant Manon. Il va se précipiter à ses côtés, en lui demandant de lui pardonner. Il s’excuse et redevient le Des Grieux troublant, incertain, que le lecteur a découvert en même temps que le personnage découvre Manon. Cette dernière, elle, joue parfaitement le rôle de la victime alors qu’elle est loin de l’être.

L’amour qui consume Des Grieux le rend aveugle. Son amour immodéré pour cette femme n’a aucune limite, ce qui est dangereux. Il l’aime tellement que cela pourrait en devenir

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