Manon Lescaut Scène Du Parloir

Abbé Prévost, Manon Lescaut

La rencontre à Saint Sulpice

Introduction :

La scène est essentielle. En effet, après la 1ère trahison, des Grieux vient de passer à étudier la théologie. Il vient de soutenir un exercice public à la Sorbonne avec un certain succès. Aussitôt après, Manon réapparait, on assiste à la 1er réconciliation. Cependant, on ne peut pas dire que cette scène engage le mécanisme successif de l'acceptation. Cette scène marque la rupture sans retour avec une vie de travail menant dans la société.

On ne sait rien, on ne saura rien de la vie de Manon pendant les deux ans de la séparation avec des Grieux. Cette absence d'information s'explique par le récit en focalisation interne fait par un narrateur personnage et la seule chose sur laquelle il insiste c'est que dès qu'il voit le charme de Manon c'est la même sensation que celle du coup de foudre.

On remarque un champ lexical d'émerveillement avant ce passage : « aimable », « plus brillante », « ses charmes », « si fin, si doux, si engageant », « amour », « enchantement » qui envahie tout le discours des Grieux, qui croyait devenu un saint homme, et dès qu'il voit Manon, il est encore en enchantement.

I- Un récit rétrospectif :

On repère les différents discours présents dans ce passage.

1.1 La nostalgie du passé :

Il est courant que le souvenir dans un récit provoque de la nostalgie du passé. Cette dimension est tout de même présente s'attarde à évoquer les charmes de Manon. Le champ lexical de l'enchantement laisse la place au champ lexical de sentiment. Il y a une gradation de sentiments évoqués : « embarras », « timide », « transport », « caresse », « tendresse ».

Des Grieux semble éprouver un plaisir à faire revivre Manon. Or, le des Grieux qui raconte connait les malheurs avenirs, et donc il fait allusion, ce qui donne une dimension tragique au récit.

1.2 Un destin tragique :

La dimension tragique est annoncée avant le début du passage. A la ligne 78, on remarque un champ lexical de la chute : « retomber », « précipice », « chute », « profondeur », « tombai », « fond », « abîme ». C'est une métaphore qui nous permet d'annoncer la chute morale qui va suivre. Dès cette phrase, des Grieux annonce un mauvais destin qui est fait de manière tragique.

Les personnages s'affrontent un peu comme dans un dialogue de tragédie. Stichomythie : c'est un dialogue de tragédie dans lequel les personnages s'affrontent.

On a un dialogue dans lequel les personnages s'affrontent. On note la répétition du mot « prétendre » qui renforce l'antagonisme qui se dégage.

Le choix de raconter les aventures de ce couple maudit grâce à une autobiographie fictive. Ce choix permet de jouer sur 2 niveaux : le temps de l'énoncé et de l'énonciation. Le des Grieux de l'énoncé est enchanté et il se laisse aller aux caresses, même s'il y a une certaine résistance. Le des Grieux de l'énonciation anticipe la suite des événements, il nous rappelle l'histoire. En outre, le fait qu'il soit le narrateur lui permet de se justifier et de rejeter la faute sur Manon.

II- Une entreprise d'autojustification :

2.1 La passivité de des Grieux :

Dès le départ, les 2 amants sont debout face à face. Certes, ils nous sont présentés parallèlement. A la ligne « son embarras....égal ». En effet, il est inégal, puisque des Grieux est interdit et stupéfié. Malgré l'emploi du mot « égal », on remarque « la stupeur » et l' « embarras », des Grieux reste les yeux baissés et incapable de prendre la parole qu'il attend que Manon le fasse. Après le long discours de Manon, quand le récit reprend, on remarque que le trouble semble aller croissant. Il est ressent une intensité tellement qu'il n'y a pas de mots pour la qualifier. Si l'on regarde la manière dans laquelle se tiennent les personnages, à la ligne 16, ce qui indique qu'elle est calme et à son aise, alors que des Grieux est debout, son corps est l'image du désordre. Bien qu'il vient de faire un discours brillamment soutenu, il reste incapable

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