LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Madame Bovary, C'est Moi

Note de Recherches : Madame Bovary, C'est Moi. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Février 2014  •  2 120 Mots (9 Pages)  •  3 017 Vues

Page 1 sur 9

Dans quelles mesures un romancier peut-il dire de son œuvre à la manière de Flaubert : « Madame Bovary, c'est moi » ?

C’est une évidence, presque un truisme, d’affirmer qu’un écrivain puise dans son expérience personnelle pour rédiger son œuvre. Ainsi Flaubert pouvait s’écrier : « Madame Bovary, c’est moi ». Il signifiait par là qu’au cœur de sa fiction, c’était un morceau de sa vie qui était livré au lecteur, que son personnage avait été bâti avec ses souvenirs. En effet, on dit souvent que l’artiste met toujours un peu de lui-même dans ses œuvres. C’est ce que Léon-Paul Fargue exprimera dans La Lanterne magique : « Il n’y a pas de sujets. Il n’y a qu’un sujet : celui qui écrit. » C'est pourquoi nous nous demanderons comment un auteur met une part de lui même dans son œuvre.

Il convient d’abord d'étudier le roman à la troisième personne, puis la ressemblance entre le personnage principal et le romancier, pour finir sur l'expression d'une vision du monde et d'un style personnel.

Tout d'abord, le récit à la troisième personne est ce qu’on retrouve le plus souvent dans la littérature. Ce type de narration permet une vue d’ensemble du récit. Le narrateur peut alors observer et décrire non seulement les personnages, mais également leurs pensées. Le narrateur peut alors être omniscient, on parle donc de focalisation zéro ou point de vue omniscient : le narrateur omniscient permet de révéler plus facilement des informations au lecteur, puisqu'il sait tout des personnages. Le narrateur peut être également interne, on parle donc de focalisation interne ou de point de vue interne : dans ce cas, le narrateur nous livre le point de vue d'un personnage sur un autre personnage. Nous pouvons citer Le Rouge et le Noir de Stendhal, qui se présente comme un roman à la troisième personne. Le narrateur est omniscient, c'est à dire qu'il en sait plus que son héros, connaît ses faits et gestes, ses pensées mais aussi ceux des autres personnages. Le lecteur peut également constater une alternance des points de vue dans la scène de première rencontre entre Julien et Madame de Rênal. Cependant, la position du narrateur y est complexe. Suivant une stratégie originale, Stendhal crée une figure de narrateur hybride, entre narrateur omniscient et narrateur personnel, entre auteur et narrateur, qu’on ne peut pas prendre complètement au premier degré, mais qui énonce toujours des vérités, explicitement ou à demi-mot. Une telle stratégie permet à l’auteur de présenter son héros sous un regard mi-critique mi-tendre, qui ne fait que renforcer l’adhésion du lecteur à l’histoire racontée. Dans le récit à la troisième personne, le lecteur doit se construire une représentation du personnage au fil d'indices qu'il recompose. Dans Le Père Goriot de Balzac, le personnage titre suscite le mépris immérité, énigme constituée par Vautrin. Nous retrouvons l'utilisation de la troisième personne dans Madame Bovary ou encore L’Éducation sentimentale de Flaubert : respectivement on peut observer l'émerveillement de Charles ou de Léon devant Emma et de Frédéric devant Mme Arnoux. Il est parfois possible que dans le cours d'un récit à la troisième personne, le narrateur-auteur jusque-là caché, prenne la parole et déchire le tissu narratif pour donner un jugement ou une impression, voire mettre directement en cause le lecteur, comme procède ainsi Denis Diderot dans Jacques le Fataliste. Ces interventions du narrateur, qui sont autant de surprises pour le lecteur, introduisent la complicité aussi bien que l'intérêt d'un commentaire et permettent de dévoiler directement ce qui échappe au personnage sans recourir à des procédés plus classiques, comme l'analyse psychologique élaborée. Lorsque l’histoire est racontée à la troisième personne, le narrateur ne participe pas à l’histoire. Il est caché. Il peut décider soit de connaître un ou tous les personnages et donc rapporter dans son récit leurs pensées soit de ne raconter que les actes et les paroles de ces personnages. Toutefois, on peut constater une certaine ressemblance entre le personnage principal et l'auteur de l’œuvre.

Les romanciers s'inspirent de leur expérience pour écrire des romans. Le roman et ses personnages n’intéresseront le lecteur que si le romancier a opéré un choix judicieux. Les personnages dans le roman doivent avoir un nom, un âge, un sexe, une morphologie, être identifiables à travers leur métier, leur religion ou encore leur statut social. On peut remarquer une certaine analogie entre un auteur et un personnage, même si généralement cela n'est pas explicite. Par exemple, Emma le personnage de Flaubert dans Madame Bovary et Flaubert lui-même sont tous deux issus de milieux que l’on pourrait qualifier d’hostiles à leurs aspirations. Durant son enfance Flaubert était incapable de se sentir réellement heureux car il n’était pas à la hauteur des ambitions de son père. Emma quant à elle, est une rêveuse. Elle déteste la tranquillité et la monotonie de sa vie, ce qui la pousse à se marier avec Charles. Mais, ce mariage n’était pas à la hauteur de ses souhaits. Elle renie son côté campagnard, le trouvant ennuyant et déplaisant tout comme Flaubert. Néanmoins contrairement à Emma qui rêvait de vivre à Rouen, Flaubert lui, avait ses rêves portés sur Paris. De plus, Emma a eu deux amants : Léon et Rodolphe Boulanger tout comme Flaubert qui a eu deux liaisons : Elisa Schlesinger et Louise Collet. Cependant, Flaubert a toujours prétendu ne pas apparaître dans ses romans. C'est pourquoi Emma Bovary constitue un paradoxe de son œuvre. D'un côté, Flaubert met beaucoup de sa personnalité dans l'héroïne de son roman. De l'autre, il s'abstient de prononcer le moindre jugement moral sur sa conduite, n'intervenant pas. En quelque sorte, le tour de force de Flaubert constitue à disparaître dans la ressemblance avec Madame Bovary. Dans Bonjour Tristesse, roman de Françoise Sagan, l'auteur présente son personnage comme si c'était un peu elle-même, car il existe beaucoup de points communs entre elle et son héroïne, à cette différence que Cécile n'est pas l'auteur du roman, pas même le scripteur, mais le personnage fictif qui s'engage dans une aventure totalement inventée. Le tristesse, sentiment impalpable et douloureux arrive. Le récit écrit à la première personne mime l'écriture autobiographique. On peut également constater que dans Bel Ami de Maupassant, certains aspects du personnage Duroy renvoient à des caractéristiques propres à l’auteur.

...

Télécharger au format  txt (13.2 Kb)   pdf (132.2 Kb)   docx (12.9 Kb)  
Voir 8 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com