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Les innovations de Lorenzaccio

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Par   •  14 Mai 2014  •  1 285 Mots (6 Pages)  •  793 Vues

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3. Les innovations de Lorenzaccio

Lorenzaccio passe bien souvent pour l'un des drames romantiques les plus innovants et les plus audacieux. Si cette pièce bénéficie d'une telle réputation, c'est que Musset remet en question une partie des règles héritées du théâtre classique.

L'unité de lieu

L'unité de lieu, si importante dans le théâtre classique, est particulièrement malmenée dans Lorenzaccio. Il suffit d'analyser le premier acte de la pièce pour en prendre conscience. La première scène emmène le spectateur dans « un jardin ». La pièce commence donc dans un lieu extérieur, ce qui est déjà audacieux de la part de Musset car cela pose nécessairement des problèmes importants en termes de décor et de mise en scène.

Mais l'auteur va plus loin : il multiplie les lieux dans les scènes suivantes. Le spectateur voyage durant tout ce premier acte, passant par exemple du jardin de la scène 1 à « une rue » dans la scène 2, pour entrer ensuite « chez le marquis de Cibo » dans la scène 3. Musset continue, dans les scènes suivantes, à faire varier les lieux utilisés : il fait découvrir au spectateur, dans la scène 4, « une cour du palais du duc », puis « l'église de Saint-Miniato à Montolivet » dans la scène 5 pour finir par « le bord de l'Arno » dans la scène 6.

L'acte I contient donc six scènes et autant de lieux différents. Dès le premier acte de sa pièce, Musset fait donc voler en éclat la règle d'unité de lieu. Il va même plus loin que Victor Hugo, qui a pu utiliser un lieu différent pour chaque acte mais qui, dans Hernani par exemple, ne va pas jusqu'à une telle révolution.

L'unité de temps

Si Musset donne peu d'indications précises concernant la durée de l'action, une lecture attentive permet de constater que, sur ce point, il s'oppose également aux habitudes classiques. Une dizaine de jours séparent ainsi l'acte I de l'acte V. Sans avoir nécessairement bien conscience de dates précises, le spectateur perçoit que la pièce de Musset excède largement la limite classique. Le drame romantique adapte ainsi le temps de l'action à la cohérence de l'intrigue. Il ne s'agit plus de faire entrer de force une intrigue dans un moule car, comme le rappelle Victor Hugo dans la préface de Cromwell : « On rirait d'un cordonnier qui voudrait mettre le même soulier à tous les pieds. » En voulant représenter, par exemple, la complexité du personnage de Lorenzo, Musset ne peut pas réellement se contenter de quelques heures dans une journée. Il doit au contraire faire évoluer le personnage durant quelques jours. De même, afin de conserver malgré tout une certaine intensité, Musset prend quelques libertés avec l'histoire puisqu'il devrait y avoir dix ans entre le couronnement de Côme et la mort de Lorenzo. Musset n'a donc pas trop étiré le temps de l'action. Il choisit de repousser les limites du classicisme, mais il conserve malgré tout une forme de tension.

L'unité d'action

L'unité d'action est également malmenée durant la pièce, même si, pour Victor Hugo, il s'agit de la seule règle classique utile. Musset alterne ainsi trois intrigues, en multipliant les parallèles et les allers-retours. Le centre de ces intrigues reste le personnage d'Alexandre de Médicis. Seulement, l'auteur fait le choix de faire graviter autour de ce centre des personnages qui œuvrent parfois séparément. La première intrigue est assurément consacrée au projet de Lorenzo concernant l'assassinat du duc. Mais Lorenzo n'est pas le seul personnage à œuvrer pour faire évoluer la situation politique. Le cardinal, dans l'ombre, tente lui aussi de parvenir à toucher le duc, notamment en utilisant la marquise Cibo. Il y a donc bien une deuxième intrigue autour des manœuvres politiques du cardinal. Enfin, la famille des Strozzi joue un rôle important dans l'œuvre : les projets républicains ou encore la vengeance des fils de Philippe Strozzi sont souvent placés au premier plan. Ce mélange des intrigues explique par ailleurs la multiplicité des lieux. À nouveau, le drame romantique ne rejette pas, par principe, les règles du classicisme : il cherche seulement à adapter

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