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Lettre D'une Inconnue

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Par   •  20 Mai 2014  •  529 Mots (3 Pages)  •  1 238 Vues

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Mon enfant est mort, notre enfant. Maintenant je n'ai plus personne au monde que toi en

qui je peux l'aimer encore. Mais que m'es-tu, toi qui ne me reconnais jamais, non jamais, toi qui passes à côté de moi comme on longe un cours d'eau, toi qui poses ton pied sur moi comme sur un gravillon, toi qui toujours t'en vas et toujours poursuis ta route et me laisses dans l'attente sans fin ? Une fois, j'ai cru pouvoir te retenir, toi, le fugitif, dans l'enfant. Mais c'était bien l'enfant de son père : il m'a quittée cruellement à la faveur de la nuit pour entreprendre un voyage, il m'a oubliée et ne reviendra jamais. Je me retrouve seule à nouveau, plus seule que jamais, je n'ai rien, rien de toi – plus d'enfant, pas un mot, pas une ligne, pas de place dans ta mémoire, et si quelqu'un citait mon nom devant toi, tu n'y prêterais aucunement attention. Pourquoi ne mourrais-je pas volontiers, puisque pour toi je n'existe pas, pourquoi ne pas quitter ce monde, puisque tu m'as quittée ? Non, aimé, je ne te reproche rien, je ne veux pas répandre ma peine dans ta joyeuse demeure. Ne crains pas que je te tourmente plus longtemps – pardonne-moi, il fallait qu'une fois j'épanche mon âme en cette heure où l'enfant repose là-bas, mort et abandonné. Cette seule fois il fallait que je te parle – puis je retournerai à l'obscurité et au silence, au silence que j'ai toujours observé à côté de toi. Mais tu n'entendras pas ce cri tant que je serai en vie – seulement quand je serai morte tu recevras ce testament de moi, de moi qui t'aurai aimé plus qu'aucune autre et que tu n'auras jamais reconnue, de moi qui t'aurai toujours attendu et que tu n'as jamais appelée. Peut-être, peut- être qu'alors tu m'appelleras, et je te serai infidèle pour la première fois, je ne t'entendrai plus puisque je serai morte : je ne te laisse aucun portrait et aucune indication, tout comme toi tu ne m'as rien laissé ; jamais tu ne me reconnaîtras, jamais. C'était mon destin tant que j'aurai vécu, qu'il en soit ainsi une fois que je serai morte. Je ne veux pas t'appeler maintenant que mon heure est venue, je m'en vais sans que tu connaisses mon prénom et mon visage. Je meurs le cœur léger, car tu n'en sais rien là où tu es. Si tu devais souffrir de me voir mourir, je ne pourrais pas mourir.

Je ne peux pas continuer d'écrire... J'ai la tête si lourde... Mes membres me font mal, j'ai la fièvre... Je crois que je vais bientôt devoir m'allonger. Peut-être que c'est bientôt la fin, peut-être que le destin sera bon avec moi pour une fois et je n'aurais pas à voir comment ils emportent le corps... Je ne peux plus écrire. Adieu, aimé, adieu, je te remercie... C'était bien comme cela, malgré tout... Je t'en remercierai jusqu'à mon dernier souffle. Je suis soulagée : je t'ai tout dit. À présent tu sais, non, tu devines seulement à quel point je t'ai aimé, et cependant cet amour ne te pèse pas. Je ne

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