Lettre 48 Les Liaisons Dangereuses
Compte Rendu : Lettre 48 Les Liaisons Dangereuses. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar lexaro • 23 Mai 2014 • 1 577 Mots (7 Pages) • 2 086 Vues
I –Une lettre à double sens
Les caractéristiques d’une lettre d’amour
Valmont adopte une façon de parler qui n'est pas le sienne : il imite les romans sentimentaux pour s'adapter à l'univers de Tourvel (un langage raffiné, précieux), et donc pour mieux l'atteindre / la toucher. V est doué, il parle comme elle, pas comme il le ferait naturellement.
a. Présence du registre sentimental.
Champ lexical sentimental : « ardeur » (l.3), « amour » (l.9), « trouble » (l.14), « passions » (l.18-19), « tourments » (l.20), « désespoir » (l.25), « émotion » (l.29), « transports » (l.30), « aimer » (l.35)
Des formulations abstraites pour dire :
"je suis abattu / passif" : « l'entier anéantissement de toutes les facultés de mon âme » (l.45) → personnifie l'âme
le fait de rester tranquille : « froide tranquillité » (l.17)
"le repos" : « le sommeil de l'âme » (l.17)
le fait que T. le repousse : « vos rigueurs désolantes » (l.23)
Valmont présente tous les clichés de l'amour :
l'amour fait voir les choses différemment (ex : la table devient « l'autel sacré de l'amour » l.33), l'amour modifie le regard.
L'amour amène à la folie : champ lexical de la folie (« délire » (l.25), « mettre quelque ordre dans mes idées » (l.10), « trouble que j'éprouve » (l.14), « désordre de mes sens » (l.36))
(Selon Louise Labé) celui qui aime éprouve plusieurs sentiments à la fois (ici présence d'antithèses : « agitation d'une ardeur dévorante » / « entier anéantissement » (l.3-4) ; « si douce » / « si vive » (l.29) ; « bonheur » / « privations cruelles » (l.43-44))
l'amoureux n'est plus maître de lui : « puissance irrésistible de l'amour » (l.8-9), « plus forte que moi » (l.40)
b. Une expression grandiloquente pour montrer l'intensité de l'émotion ressentie.
Phrases courtes qui fonctionnent par juxtaposition ou subordination qui créent un effet d'accumulation : ce sont des périodes → reflet du trouble de Valmont.
Phrases exclamatives et des interjections (« Quoi ! »), et des questions rhétoriques.
Hyperboles (« ardeur dévorante »),
Comparatifs de supériorité et des superlatifs (« je suis plus heureux que vous » (l.21-22) ; « plus que jamais » (l.8) ; « si douce » / « si vive » (l.29) (si = adverbe d'intensité))
Formulations généralisantes : « jamais je n'eus » (l.27), « le serment de vous aimer toujours » (l.35).
Autres tournures oratoires :
des sonorités : assonance en [an]: « pendant » (l.1), « sans » (l.2), « dans » (l.3), « dévorante » (l.3), « anéantissement » (l.4), « pourtant » (l.6) → complainte
À la fin du premier paragraphe, aposiopèse « et qui devient plus forte que moi ... » (l.40) (= interruption d'une phrase par un silence brusque) → Valmont n'arrive plus à parler,
c. Le jeu entre le « je » émetteur et le « vous » récepteur.
Omniprésence de la 1° personne du singulier (« je » (l.2-5-6-7-9...), « mon » (l.4), « moi » (l.10), « me » (l.8)) suivi du « vous » (l.13-15-16-20-22-25...) → le « je » se met en position d'infériorité devant Mme de Tourvel.
Vocabulaire implorant : cherche l' « indulgence » de T. (l.50), ne veut pas l' « offenser » (l.53-54), il ne doit pas être « craint » (l.55), ne veut pas « abuser de ses bontés » (l.58), il la « supplie » (l.61) → on imagine qu'il serait presque à genoux devant elle
d. Une argumentation typique des problématiques sentimentales.
L'argumentation est introduite au milieu du 1° paragraphe par la question rhétorique (l.12).
On trouve la présence de connecteurs logiques : « cependant » (l.15), « malgré » (l.19), « c'est ainsi que » (l.26) ;
des questions rhétoriques (l.12 à 14 et l.44 à 46) ;
Valmont dit « je crois pouvoir assurer (...) que ... » → il introduit une thèse, donc il s'agit bien d'une argumentation.
« Croyez-moi, Madame » (l.16) : il l'implique
l.16 à 22 : introduction de la problématique : Comment parvenir au bonheur ?
soit par la raison
soit par les passions
Valmont aborde des sujets passés de mode. Le fait de traiter des problématiques de ce genre est typique du siècle précédent → il s'adapte à Tourvel
Une lettre libertine, récit d’une expérience érotique
V. fonctionne par code de décryptage : il joue sur les sens propre et figuré des mots, sur l'amour spirituel (sens figuré) et l'amour physique (sens propre) afin de créer un jeu sur la double lecture de sa lettre par le destinataire, Mme de Tourvel, mais aussi par Mme de Merteuil.
a. La construction du texte.
Le silence entre les deux paragraphes correspond à la satisfaction des désirs de V.
Le premier paragraphe est la montée du désir.
l.39-40 : l' « ivresse » qui « devient plus forte que [lui] » est à prendre au sens propre → il est excitée, le désir ne cesse de croitre.
l.43 et l.47 : le désir est retombé → V. s'est dépensé donc il est fatigué.
b. Les informations sur le contexte de la rédaction de la lettre.
Dès le début des informations sont données :
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