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Les mûres De Francis Ponge

Compte Rendu : Les mûres De Francis Ponge. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Avril 2013  •  411 Mots (2 Pages)  •  1 707 Vues

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Dans ce poème, « Les Mûres », Ponge se livre à une description entrelacée du fruit du mûrier et de l’objet poésie lui-même. La mûre n’est pas un fruit évocateur en soi, comme la pomme du désir et de la faute, l’orange des douceurs de l’orient, la grappe de la vigne, de l’abondance de Canaan, la figue ou la grenade. Les mûres sont un fruit pauvre en jus, 1) un fruit dont il n’y a pas grand chose à tirer, 2) mais leur simplicité et leur fleur les apparentent au poème dans le moment de sa création et de sa maturation, 3) sa difficulté d’accès et la pauvreté de son jus parlent alors à l’esprit.

Le poète souligne à plusieurs reprises la pauvreté du fruit : « si peu de choses au fond leur reste (aux oiseaux) quand du bec à l’anus ils en sont traversés. » Le spectacle offert par les mûres est celui « d’une famille rogue », c’est-à-dire tout à la fois arrogante, raide et rude, comme de vieux aristocrates désargentés. Elles n’incitent guère « à la cueillette », en elle les pépins prennent toute la place : « agglomération de sphères qu’une goutte d’encre remplit », le poète peut bien se demander que tirer d’un fruit si misérable. D’autres objets se prêteraient peut-être infiniment mieux à son inspiration, des fruits plus riches aux sucs plus abondants, et pour comble, les mûres sont d’un accès très difficile, fruit d’une ronce qui déchirent vêtements et peau de qui y pénètre trop avant. Son aspect n’est guère plus évocateur, trois couleurs simples qui sont celles des âges de sa maturation « Noirs, roses et kakis », rien des reflets mordorés de l’abricot, des chatoiement de la grappe, du dégradé en pastel ou en lavis de la figue, non, une forme de sécheresse jusque dans les couleurs.

Ainsi pas grand chose à tirer, pauvreté du jus, équivalent à pas grand chose à dire, le poète retrouve dans les mûres sa difficulté d’écrire, le maigre jus est une goutte d’encre, celle qui suffirait à les décrire et à écrire ce qu’il y a dire d’un objet si « rébarbatif » c’est-à-dire à barbe, puisqu’elles en portent bien une dans leur plus grande verdeur et qu’elles perdent dans leur maturité, mais aussi barbant parce que leur difficulté, représentée par les ronces, ennuie et rebute. Mais cette austérité apparente, ne serait-elle pas, comme pour les figurines de Socrate l’indice d’une richesse intérieure, d’une substantifique moelle ?

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