Les mythes dans les écrits de Zola

La seconde chose que j'ai adorée, c'est le réemploi du mythe dans sa généralité. Ainsi, Zola nous fait quitter les carcans de la réalité parisienne pour nous plonger dans la thématique mythologique . A travers les amours incestueuses de Renée et de son beau-fils Maxime, on retrouve le mythe de Phèdre . Thésée est campé par Aristide, qui ne voit absolument rien, ne fait absolument rien et même pousse par son absence continuelle et ses préoccupations de spéculateur Renée à se rapprocher de Maxime. Renée est Phèdre et Maxime, bien entendu, représente Hippolyte. Zola apporte à ce mythe sa touche personnelle puisqu'en comparaison au mythe originel où la passion de Phèdre n'est pas du tout consensuelle et encore moins consommée, Renée et Maxime, bien au contraire, se laissent aller à cette passion destructrice , la consommant sans modération. Bien entendu, Saccard commence à avoir des soupçons sur la fidélité de sa très jeune épouse et demande à sa propre soeur, qui tient rancune contre sa belle-soeur, d'épier cette dernière. Il surprend alors les deux fautifs et comme dans le mythe grec, Renée accuse son amant d'être à l'origine de leur relation, elle-même n'étant qu'une femme innocente. Renée prend tout de même conscience de tout ce qu'elle vit lorsqu'elle assiste à la représentation de la pièce au chapitre V. Tout lui apparaît très mesquin et horriblement honteux.

Cette passion est fortement liée aux lieux. Les descriptions ont alors une forte fonction symbolique puisqu'elles dévoilent, à travers les différentes évocations d'un paysage, d'une pièce ou même d'un objet, un élément du caractère ou des émotions du personnage. Le réel est alors embellit pour recevoir cet éclat ou cette noirceur des événements présents ou à venir dont aucun des personnages n'est véritablement conscient.

L'autre mythe qui se glisse à travers la relation des deux amants est celui de Narcisse et d'Echo . Au chapitre VI, le dernier, les deux fautifs jouent réciproquement les deux rôles dans une pièce montée par un ministre. Cette mise en abime très convaincante est annonciatrice de leur propre fin métaphorique. Renée, esseulée, deviendra un femme froide telle Echo se transformant en rocher, Maxime voguant sans trop savoir où après la mort de son épouse Lucile tel Narcisse mourant à cause de s'être trop admiré et ne laissant de lui qu'une fleur telle un léger souvenir dans la mémoire de Renée.

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