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Les lettres persanes, une présentation critique des mœurs et des institutions

Lettre type : Les lettres persanes, une présentation critique des mœurs et des institutions. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Mars 2016  •  Lettre type  •  1 211 Mots (5 Pages)  •  2 343 Vues

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La politique :

Les questions politiques évoquées au cours de ce roman sont un thème majeur qui constitue le centre de l’œuvre de Montesquieu dont Usbek nous parle. En effet la société utopique des troglodytes est en réalité une satire fait par l’auteur afin de contraster avec les collectivités réelles. Une satire de l’actualité peut procéder de deux manières : soit en peignant directement le ridicule ou l’odieux des faits, comme dans la lettre 91 consacrés aux bizarreries d’un ambassadeur venu de perse, dans la lettre 96, dont l’éloquence acide exhibe les pitoyables ou grotesques scènes du palais de justice. Soit de façon plus subtile en faisant des rapprochements avec la réalité, c’est-à-dire en critiquant non pas un objet identifié, identifiable immédiatement, mais un autre qui en est l’image, et ce à la fois par prudence et par jeu, au lecteur le plaisir de rétablir la véritable cible, de savourer allusions et transpositions.

Ainsi dans la grande lettre 85, qui détaille les effets funestes de l’intolérance et des persécutions religieuses, Chah Soliman, prétendant chasser de Perse les Arméniens qui refusaient de se faire mahométans, n’est autre que Louis le Grand révoquant en 1685 l’édit de Nantes, au détriment de ses sujets protestants : les Guèbres effectivement jetés hors de l’empire, ce sont les élites huguenotes allant porter leurs talents en Angleterre, en Hollande ou en Prusse. Chah Abbas, opposé à Chah Soliman, n’est peut-être qu’Henri IV, avec sa politique d’unité nationale, de liberté de conscience et de développement économique.

Jusqu’au bout de la volonté de l’auteur est manifeste de filer le motif de la politique, tantôt sur le mode de la satire d’actualité comme vu précédemment, tantôt en prenant de la hauteur, sur celui de la réflexion. L’histoire contemporaine revient avec l’évocation de la faillite de Law, évènement retentissant qui a défrayé la chronique de la régence.

Le résume, satirique, des faits passe par le détour d’un « fragment d’ancien mythologiste », proposé dans la lettre 151. La parodie tout à la fois des légendes antiques de la Bétique de Fénelon se veut un tissu d’allusions à la mise en place et à l’échec du fameux système financier, d’abord refusé par louis XIV, ensuite cautionné par Philipe d’Orléans.

Ce qui est blâmer, c’est le désordre social, le bouleversement des rangs hiérarchiques, l’enrichissement des pauvres, la ruine des riches dans les lettres 132 et 138, un expédiant magique tablant sur l’imaginaire plutôt que sur les réalités économique, le commerce et l’industrie par exemple. La lettre 146 brosse un tableau dramatique, pathétique même de la décomposition sociale et moral engendre des reniements des valeurs essentielles telle la vertu, la justice ou encore la probité.

Une dernière lettre politique d’historien, la 131, revient sur la typologie des gouvernements : républiques, monarchies et tyrannies. L’analyse y acquiert une dimension géopolitique. Balayant tout l’espace et tous les âges, elle montre comment le gouvernement républicain, inventé par la Grèce, autrement dit l’inscription de la liberté dans l’Histoire, autant que dans l’exercice du pouvoir, s’est peu à peu dérouler jusqu’en Europe. L’empire romain qui aurait pu étendre prodigieusement le nouvel espace de liberté républicaine a trahi sa vocation. Les barbares du nord ont créé des monarchies aux allures de républiques. Mais en Asie, en Afrique et les conquêtes des turcs et des tartares n’ont fait qu’aggraver la situation, sauf pour quelque villes comme Carthage, le gouvernement républicain est ignoré, impossible.

Avec ces deux lignes historiques, on retrouve l’opposition entre les deux blocs, l‘Orient pétrifié dans le despotisme, l’occident travaillé par le ferment de la liberté politique non sans risques de dérive ou de contamination. En fin de compte c’est le non despotisme

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