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Les gommes, Alain robbe Grillet, incipit, 1953.

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Par   •  6 Novembre 2016  •  Commentaire de texte  •  1 554 Mots (7 Pages)  •  4 272 Vues

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  1. Alain Robbe-Grillet, Les Gommes, incipit, 1953

Alain Robbe-Grillet est un écrivain du XXème siècle. Il est l’un des principaux représentants du Nouveau Roman qui se développe dans les années 1950 et qui remet en cause les fondements du roman traditionnel. Il a écrit en 1963 un essai, Pour un nouveau roman, dans lequel il résume les principaux fondements du Nouveau Roman. Dès 1953, il publie un roman, Les gommes, qui est souvent considéré comme le premier ouvrage représentatif de ce nouveau courant. La théorie vient après la pratique. Nous étudierons l’incipit du roman (qui vient du latin : incipit qui veut dire « il commence »), c’est-à-dire les premières lignes du roman. Comment Robbe-Grillet joue-t-il avec les conventions romanesques dans cet incipit ? Pour répondre à cette question, nous verrons tout d’abord les éléments conformes qui s’inscrivent dans la convention romanesque, puis nous verrons les éléments qui mettent en avant le refus de l’illusion réaliste.

I.                   Les éléments conformes aux attentes du lecteur

1. La première phrase

La première phrase semble assez conventionnelle puisqu’elle permet de situer un personnage dans un cadre spatio-temporel. On peut alors répondre aux questions : Qui ? « le patron », Où ? « Dans la pénombre de la salle de café », Quand ? « il est six heures du matin ».

2. Le cadre spatio-temporel

Le cadre spatio-temporel est précis et réaliste.

a. Le cadre spatial

Nous savons tout de suite où se passe l’action avec « café » (ligne 1). Cela nous permet de visualiser l’endroit. Il y a une énumération avec « les tables et les chaises, les cendriers, les siphons d’eau gazeuse » (ligne 2) qui met en avant la précision du cadre spatial. En effet, il y a beaucoup de détails, ce qui permet de se représenter parfaitement le café : « douze chaises » (ligne 29), « tables de faux marbre » (ligne 30). L’action se déroule dans un décor ordinaire de café.

b. Le cadre temporel

Le roman s’ouvre au début de la journée comme souvent dans le roman traditionnel : « il est six heures du matin » (ligne 4), « un jour, au début de l’hiver » (ligne 23-24).

L’action semble contemporaine de l’époque de la rédaction, c’est-à-dire après la Deuxième Guerre Mondiale avec des éléments moderne: « lumière qui s’allume » (ligne 33), « tables de faux marbres » (ligne 30).

3. Le personnage.

Le personnage est désigné par sa fonction en accord avec le cadre spatio-temporel : « le patron » (ligne 1). Il n’a pas d’identité donné. Son portrait physique apparait vers la fin de l’extrait : « verdâtre » (ligne 37) « traits brouillés, hépatique et gras » (ligne 37-38). Il n’est pas surprenant par rapport au cadre et est plutôt conforme aux préjugés.

La description de son caractère n’est pas explicite. Elle passe par la succession des phrases nominales décrivant ses gestes des lignes 10 à 15 « un pas de côté, la chaise à trente centimètres, trois coups de torchon, demi-tour à droite, deux pas en avant, chaque seconde marque, parfaite, égale, sans bavure. Trente et un. Trente-deux. Trente-trois. Trente-quatre. Trente-cinq. Trente-six. Trente-sept. Chaque seconde à sa place exacte ». C’est un personnage endormi, passif, désabusé ayant une gestuelle mécanique et machinale.

La description de son caractère passe aussi par la description de son physique avec l’énumération ligne 36 à 38 : « une image malade, le patron, verdâtre et les traits brouillés, hépatique et gras dans son aquarium ». Il semble malade, dépressif/déprimé et désabuser par la vie

II.                Les éléments déstabilisants

Tandis que le roman réaliste s’efforce de créer une illusion réaliste, Robbe-Grillet cherche à montrer qu’il s’agit d’une création verbale.

1. Le caractère artificiel du monde crée

Le caractère artificiel du monde crée brise l’illusion réaliste. Nous retrouvons un lexique du théâtre avec « l’unique personnage » (ligne 27) qui désigne le patron, « présent en scène » (ligne 28) « décors » (ligne 32) qui désigne le café.

L’emploie du futur simple, ligne 16 : « le temps ne sera plus le maître », et ligne 19-20 « vont dans quelques instants commencer leur besogne ». L’utilisation du point de vue omniscient dans le deuxième paragraphe montre que l’action commence en même temps que le roman et l’univers romanesque ne préexiste pas au début du roman, contrairement au roman traditionnel.

A la ligne 34 ; l’élément de décor « la lumière s’allume » donne une impression d’une mise en place de l’action, comme si des projecteurs venait éclairer la scène et ce qui se passait avant peut être assimilé au coulisse du théâtre

Tous les indices montrent que nous sommes bien dans un roman qui ne donne pas à voir une vie réelle.

2. Une présentation du personnage déstabilisante

La présentation du patron est déstabilisante. Les groupes nominaux « Le patron » (ligne 1), « l’unique personnage » (ligne 28), « un gros homme » (ligne 34), « le patron » (ligne 34), « une image malade » (lignes 36-37), « le patron, verdâtre et les traits brouillés, hépatique et gras » (lignes 37),  « le patron » (ligne 39), « cette silhouette sans doute » (ligne 41), « ce fantôme » (ligne 44), « le patron, le patron, le patron… Le patron » (lignes 45-46), « nébuleuse triste » (ligne 46). Même si on avance dans le texte, on ne se rapproche pas du personnage. Nous avons moins de détails : l’image du patron ne parvient pas à se constituer de manière définitive. Nous avons l’impression qu’il se défile lorsque nous voulons le saisir.

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